Chapitre 27

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Je nage à la brasse dans les profondeurs du lac de toute la force de mes jambes et mes bras qui ont été échauffés au préalable par la première étape du triathlon. Et je ne suis qu'à la moitié de la distance que je dois parcourir que je commence déjà à regretter d'avoir proposé à Sib qu'on y participe... c'est que c'est intense ! et que je ne suis pas au bout de mes peines.

Alors que je frôle le sol algueux du lac pour passer un des anneaux métalliques que nous devons traverser pour valider notre course aquatique, je regarde médusée un banc de petits poissons jaunes me dépasser tranquillement. Avec de si minuscules nageoires et une frimousse à se retrouver dans un bain d'huile de friteuse ?

Je me sens insultée !

Je redouble donc de vigueur et expire fort dans la bulle d'air que mon sortilège de tête-en-bulle a mis à ma disposition pour me permettre de passer plus de deux minutes en apnée sans frôler la mort par noyade.

Quelques longues minutes d'efforts intenses plus tard, je me hisse sur le ponton d'arrivée et je vois une seconde plus tard la tête de Nialh émerger également. Mais je n'ai pas le temps de me moquer de sa tête rouge tomate et de ses yeux écarquillés qu'une main pâle se voit tendue en ma direction, et que je dois donc lever les yeux sur Valérian qui s'est penché pour me proposer de m'aider à me sortir de l'eau.

J'accepte donc sa main et il me tire hors de l'eau. Une fois assise sur le ponton, je m'évertue à lui adresser les remerciements de convenance mais je suis bien trop essoufflée et prise de court, et je n'arrive qu'à sortir un vague amas de sons que ma bulle d'air rend encore plus incompréhensible. Ce qui propose un truc dans le style de "Chgregneugneu beaucoup, c'est chgregneu gentil de ta part"

« Prenez votre temps, nous informe-t-il, à Nialh et à moi-même dégouttant des pieds à la tête. Alicia s'est cognée la tête contre un anneau et elle est inconsciente dans l'eau, on fait une pause le temps qu'Esteban la ramène hors de l'eau. »

Et de la pointe de sa baguette, il crève nos deux bulles magiques et nous lancent un sortilège pour nous assécher avant de s'en aller aussi brusquement qu'il est arrivé. Je me lève, le regardant s'éloigner avec circonspection tout en tirant sur le col de ma combinaison bleue marine qui m'a sauvé du froid glacial de l'eau du lac mais qui désormais tente de m'asphyxier.

« Bon, bah, allons crever un peu plus loin, » me propose Nialh en pointant un banc.

En quelques enjambées, on y est et on s'affale sur le long siège en bois qui proteste dans un couinement. Nialh est plus rapide que moi et s'allonge de tout son long, sa tête rebondissant sur mes cuisses.

Bon sang de Merlin... je nourrissais le même plan...

« Il est chelou avec toi, Valérian...

-Humpf, » répondé-je avec l'éloquence qui est la mienne.

De sa position allongée, il me lance un regard piquant souligné d'un sourcil arqué inquisiteur.

« Tu me caches quelque chose ! m'accuse-t-il.

-Comment tu le sais ?! m'étonné-je.

-Ah AH ! »

Il manque de me tordre le bout du nez en dressant vers moi un index accusateur et je louche sur son doigt.

« Très bien, très bien, capitulé-je, j'allais te le dire, de toute façon. Y'a une chouette qui me rend visite ces derniers temps...»

Depuis quelques jours, le récit de mes mésaventures avec le volatile ne m'est plus excitant à raconter. Depuis l'incident des dragées, pour être tout à fait précise. Maintenant, dès que j'en parle, je revois le petit flacon. Et le visage flou de Monsieur X a pris les traits parfaits de Valérian. Ce qui est à la fois embarrassant et... très confus.

Au fait, il se passe quoi en salle des profs ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant