D'habitude, nous ne fêtons jamais la saint Valentin, mais nous nous concentrons sur les dates vraiment personnelles à notre histoire. Le quatorze février n'en fait pas partie.
Nous sommes du genre à plutôt vouloir célébrer notre premier bisou (même si la vraie naissance de notre couple ne s'est produite que quelques jours plus tard), qu'une date décidée par un pape en 498, en l'honneur de trois Valentin ; dont un décapité en 270 après Jésus Christ.
Même si la légende raconte qu'un certain prêtre Valentin, au troisième siècle, célébrait les mariages alors formellement interdits par l'empereur Claude le Cruel, et que juste avant d'être décapité, il accomplit le miracle de rendre la vue à une jeune fille, on trouve que c'est diablement impersonnel pour célébrer NOTRE amour.
Pour nous, la saint Valentin se résume à accepter de faire la même chose que des centaines de personnes en même temps. À opiner du chef devant le fait de devoir payer plus cher n'importe quel restaurant avec un menu « spécial ». À devoir rivaliser d'inventivité ou de dépenses pour offrir quelque chose à l'être aimé et qui va être immédiatement comparé, le lendemain, à ce qu'ont reçu les collègues.
Cela revient à accepter que ce qui venait du coeur puisse être moqué par de sombres inconnus étrangers à notre relation parce qu'à leur yeux, ce n'est « pas assez ».
À cacher une potentielle indifférence tout le reste de l'année, au seul profit de « c'était super romantique cette saint Valentin ».Décidément, ça ne nous ressemble pas.
Et pourtant, chaque année, l'homme extraordinaire avec lequel je vis me demande :
« Est ce que tu veux faire quelque chose pour la saint Valentin ? »En soi pour moi la question est déjà la preuve de sa prévenance de tous les jours envers moi. Je détiens le droit de changer d'avis, et lui se tient juste au courant.
Et je sais que si je dis oui, il sera prêt à se soumettre à tout ce que j'ai décrit précédemment. Et c'est là qu'est la VRAIE preuve d'amour, et non pas dans le montant du cadeau qu'il m'offre.
Justement, cette année, j'ai envie de lui dire oui. Je confesse d'ailleurs que je suis, à ce moment là, une super peste, parce que je sais que nous organisons les fêtes de nos années d'amour chacun notre tour. Et que c'est SON tour. Je me sens machiavélique.
Donc, je lui répond oui, tiens, pour changer.
Je regrette presque, lorsque je réfléchis que je n'ai pas intégré une nouvelle donnée dans l'équation. Nous sommes libertins à présent, et pas encore expérimentés. Quelques rencontres se sont ajoutées ces derniers temps, mais aucune ne représente un véritable cap dans notre chemin.Après m'avoir confirmé qu'il s'en occupe, et que je lui laisse carte blanche, ma bestiole pédale. Pas longtemps, parce que le délai est assez important, et que notre vie trépidante se charge de me faire oublier l'échéance. Mais suffisamment pour me faire m'interroger deux minutes sur l'issue potentielle de cette décision.
Je sais qu'il ne ferait rien qui me mettrait en danger. Qu'à tout moment, dans quelque situation que ce soit, si je demande de tout arrêter, ce sera fait dans la seconde, sans discuter, et qu'il s'arrangera pour faire respecter cet arrêt.
Ça n'empêche que j'ai une vieille trouille qui s'installe. Trouille qui laisse quand même la place à l'envie de relever des défis. Lorsque j'en complète un, mon hamster arrête sa course et j'ai l'occasion de lui planter mon talon de Louboutin dans le crâne. (oui, mentalement, j'en porte pour écraser les hamsters. J'aime être précise dans mes gestes, et la semelle est déjà rouge. Pratique.)
Je commence alors à imaginer toutes les éventualités et leurs conséquences. C'est un moyen que j'ai trouvé pour contrer ma timidité. Avant, quand je devais gérer une conversation avec des gens que je ne connaissais pas assez bien voire pas du tout, cela représentait un obstacle monumental. J'avais besoin de prévoir pour moins ressentir la pression du dialogue .
Je sais, ça peut paraître très étrange, mais je suis persuadée que je ne suis pas la seule à procéder de cette façon. Quand on se prépare, on garde une certaine contenance. On rougit moins. On ne bafouille quasiment pas. C'est comme répéter une scène de théâtre, et pour moi à cette époque, c'est une nécessité, parce que je n'ai pas suffisamment confiance en moi pour accepter d'être moi-même.
Cette façon de faire m'enlevait beaucoup de spontanéité. Et je n'étais toujours pas satisfaite du résultat . Je continuais à refaire les conversations ensuite, en procédant à mon auto critique « tu aurais pu dire les choses comme ça » , « oui, ça aurait été vraiment pertinent si tu avais dit ». Un odieux cercle vicieux .
Avec le temps seulement, j'ai pu m'en dégager , et redonner une place à la spontanéité qui est la mienne. Les gens qui me connaissent vraiment savent à quel point je peux l'être, et à quel point c'est souvent drôle, enfin de leur point de vue .
Donc, j'essaye de penser à autre chose jusqu'à la date fatidique.
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Confessions Libertines: Valentine Puissance 2
Short StoryDeuxième tome de mes confessions. Une saint Valentin surprise organisée par mon chéri...