3 - La Première Epreuve - Logos

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C'était la Reine de Carreau. C'était la Reine de Carreau. Le bourdonnement que j'avais entendu dehors n'était pas un sifflement dans mes oreilles, et cet endroit n'était pas un abri. J'étais accidentellement entrée dans un jeu que je n'avais aucun espoir de pouvoir terminer.

Un jeu que Chishiya voulait faire.

Non. C'était inutile de penser de cette manière. Peut-être que c'était mieux ainsi. J'étais ici avec An – une des plus intelligentes personnes de la Plage – donc nous avions de grandes chances de sortir d'ici vivantes. Et si nous terminions ce jeu, Chishiya serait en sécurité. Enfin, de ce jeu tout du moins.

J'imagine que tu savais vraiment pas, dit An calmement.

C'est trop tard maintenant de toute manière, affirma Bandeau. Faisons juste de notre mieux. Elle parlait avec détermination, mais la façon dont elle se triturait les doigts trahissait sa nervosité.

Couettes fit un signe de tête hésitant. Je suis contente qu'on fasse ça ensemble. C'est rassurant d'être avec des têtes familières.

Elle avait raison. Le fait que nous étions toutes les quatre des anciennes plagistes, ça nous permettait d'avoir une sorte de cohésion. C'était bien mieux que de jouer avec de parfaits inconnus.

Une douleur dans ma tête tapait toujours lentement, mais tout semblait plus net. Je pouvais maintenant voir que nous étions dans une salle de réception aux murs clairs avec des comptoirs tout le long d'un côté de la pièce. Dans le coin se trouvait un chariot de livres étiquetés, et parsemés sur les murs, un grand nombre d'affiches et de posters plastifiés faisaient la promotion d'événements communautaires et rappelaient aux visiteurs de se faire discrets. Au bout de la pièce se trouvait plusieurs doubles portes. Je n'eus pas le besoin de déchiffrer les panneaux pour comprendre que nous étions dans une bibliothèque.

Si c'était pas un jeu de mort, je me sentirais presque comme à la maison.

Je luttai pour me relever, posant mes mains contre le mur pour m'appuyer. Ma vision se brouilla à ce soudain mouvement, mais je serrai les dents et me stabilisai. Nous étions face à une Reine. Je devais être prête à tout. An recula pour me laisser un peu d'espace, et même si elle allait jouer à mes côtés – entrée ici par accident, et ayant un japonais limité – elle semblait relativement calme. Elle ressemblait un peu à Chishiya dans un sens, affichant toujours un visage stoïque même dans les pires circonstances.

An... je dis, ごめんね. Je suis désolée.

Elle fronça légèrement les sourcils derrière ses lunettes de soleil et ses lèvres s'entrouvrirent, mais elle n'eut jamais l'opportunité de me répondre car nous fûmes interrompues par des claquements de talons résonnant sur le carrelage. Le son provenait d'au-delà des doubles portes, se rapprochant de plus en plus chaque seconde.

Le jeu... Ca commence !

Les portes s'ouvrirent en grinçant, révélant une femme d'âge moyen aux cheveux noirs et argentés tirés en un chignon soigné. Elle était élégamment vêtue d'une veste et d'un pantalon vert olive, ainsi que d'une paire d'escarpins noirs. Ses yeux s'attardèrent longuement sur chacun de nous. J'aurais pu jurer que son regard se figea une fraction de seconde quand il me croisa, mais la différence était si légère que c'était difficile à dire.

Je pensais que j'allais devoir attendre quelques jours, elle dit d'une voix calme et posée, mais il semblerait que vous soyez plutôt impatients, chers joueurs. Bienvenue.

Il y eut un silence car aucune de nous ne savait comment réagir. Cette femme n'était pas exactement le maître de jeu maléfique auquel je m'étais attendu. Mais tout bien réfléchi, à quoi je m'attendais vraiment ? À côté de moi, An n'avait pas bougé, mais je savais instinctivement qu'elle l'évaluait, essayant de rassembler le plus d'informations possible.

La Rame dans le Sable [Chishiya x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant