La Rame dans le Sable [Chishiya x OC]

28 - Le Septième Jour du Nostos

Hellow ~ Il reste 4 chapitres ♥

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Il y avait quelque chose de beau à entrer dans la pénombre du soir. Le soleil était presque couché, le ciel parsemé de rose vif, de lavande et de gris. Il y eut un grincement métallique au-dessus, et je levai les yeux vers l'hôtel élégant trônant devant moi. Le dirigeable du Roi de Cœur se gonfla dans une bourrasque de chaleur, bascula et dériva vers le sol comme une étoile enflammée. Il entra en collision avec l'un des bâtiments voisins, et l'explosion envoya une onde de chaleur balayer les rues.

Je protégeai mon visage avec mon avant-bras alors qu'un morceau de papier tournoyait dans l'air et atterrissait sur ma chaussure. Je le ramassai et réalisai que c'était un dépliant. La photo de couverture était presque identique au gratte-ciel brillant devant moi. La seule différence était l'absence de l'agitation des passants et de la circulation à l'extérieur.

L'Hôtel Tokyo Horizon.

Je le retournai, regardant les images une par une. Tout chez le personnel me semblait artificiel, des blazers rouges militaires à leurs lignes capillaires impeccables. Malgré cela, je reconnus instantanément cet éclat dans son regard, une malice dissimulée derrière un sourire professionnel. Elle était assise à la réception même contre laquelle je m'étais appuyée quelques heures auparavant, posant pour la caméra.

Izanami, murmurai-je, perdue dans mes pensées. C'était la réceptionniste.

Une réceptionniste devenue reine. Il y avait quelque chose d'étonnamment drôle à ça, probablement parce que ça avait tout son sens pour moi. Elle était le visage de l'hôtel, ayant rencontré toutes sortes de clients possibles et imaginables. Elle connaissait les tenants et aboutissants de l'industrie, elle était au courant des drames qui se déroulaient derrière les portes closes, et même des drames qui circulaient dans les couloirs. Bien sûr qu'elle était la Reine de Cœur ; elle savait exactement ce qui faisait vibrer les gens.

Et maintenant elle était partie. C'était dommage. Si ce n'était pas dans ces circonstances, j'aurais pu devenir amie avec quelqu'un d'aussi insouciant et simple qu'elle.

Mais je peux encore me souvenir d'elle.

Je pouvais encore garder son souvenir avec moi, comme un symbole ou un porte-bonheur. En quelque sorte, elle était morte pour que je puisse vivre. Je devais simplement faire en sorte que cela compte d'une manière ou d'une autre. Pour l'instant, cependant, je devais trouver mon chemin pour retourner chez moi.

Retourner à Chishiya, à Kuina...

Et retourner à mon frère aîné, qui était toujours là-bas, quelque part, en train de m'attendre.

Je m'enfoncais plus profondément dans la ville, me servant uniquement de la familiarité des rues pour me guider. D'épaisses touffes d'herbe couvraient les trottoirs et les routes, et il était difficile de reconnaître les devantures des magasins à travers les lianes et le feuillage. Éparpillés dans l'herbe, les corps de joueurs étaient réduits à des os, chacun une victime du Roi de Pique. Ils portaient encore leurs armes, leurs vêtements réduits en lambeaux contre leurs squelettes blancs et creux. Ce n'était pas normal qu'un corps humain se décompose si rapidement. Cela signifiait que mes soupçons étaient justifiés depuis le début ; le temps était altéré ici. La ville était une jungle, et alors que je progressais à travers les hautes herbes, les paroles d'Izanami hantaient mon esprit.

La vie n'est pas une course. C'est un labyrinthe. Si tu n'es pas prudente, tu finiras par tourner en rond. Mais si tu regardes assez attentivement, tu pourrais bien te retrouver.