Alors que nous marchions le long de la rivière, l'atmosphère était imprégnée de la quiétude d'un été radieux. Les scènes idylliques de familles profitant du temps doux s'imaginaient facilement : des parents poussant des poussettes, des couples rayonnants baignés par la lumière du soleil, accompagnés de leurs chiens. Malgré les traces de la récente tempête, le soleil perçait derrière les nuages, scintillant, tandis que les abeilles bourdonnaient paisiblement au-dessus des fleurs. Écoutant le doux clapotis de la rivière se brisant sur les rives, avec Chishiya à mes côtés, c'était comme si nous étions déjà au paradis.
J'imagine que tu dois t'ennuyer, dis-je. Mais tu sais, je suis contente de pouvoir passer un peu de temps avec toi. Ça me rend heureuse.
Il souffla discrètement. Je m'ennuie pas.
Je ne lui avais pas demandé à quel jeu il voulait que l'on participe. Il ne choisirait certainement pas Pique, et j'avais dans l'idée qu'il avait l'intention de garder pour lui les jeux de Carreau. Mais je ne ressentais pas le besoin de demander pour l'instant, même si la question me rongeait de l'intérieur.
Il y a des chances que je meure bientôt. Je veux juste profiter de cette journée autant que possible.
La promenade était une suggestion de Kuina. Nous avions passé la nuit tous les trois à l'hôpital, blottis dans les lits de la salle de réveil. J'avais exposé notre idée à Kuina : passer une journée ensemble avant d'entrer dans notre jeu à deux. Bien qu'elle eut été surprise, elle avait finalement accepté notre décision. Elle avait exprimé son envie de consacrer la journée à la recherche d'une nouvelle paire de chaussures confortables pour remplacer ses sandales, même si nous savions tous qu'elle ne voulait simplement pas être la cinquième roue du carrosse. Surtout après...
Pense pas à ça !
Je dûs rougir car Chishiya me jeta soudainement un coup d'œil. Laisse moi deviner. Tu penses à un truc auquel tu devrais pas.
Je me tournai vers l'eau, cherchant quelque chose à dire. Je vois pas de quoi tu parles. Je pense à la rivière.
A la rivière ? Même sans regarder, je pouvais sentir sa moquerie cinglante. T'aurais pu sortir un truc un peu plus convainquant.
Mais je pense à ça, vraiment. Et je pense à ton nom sur ce papier.
Et alors ?
C'est une bonne idée ? Proablement que non.
Je veux savoir pourquoi t'es allé en médecine. Je t'ai connu qu'ici, dans cet endroit. Le Chishiya de l'époque est un peu comme un étranger pour moi. Je sais que c'est bizarre, mais je veux tout savoir. Même les petits détails.
Il plissa les yeux, la brise ébouriffant ses cheveux. Tout ?
Tout, je dis. Comme ce que t'avais l'habitude de manger pour le déjeuner, si t'avais des amis, quel type de café tu buvais. Et pourquoi t'as fait médecine.
Facile, il répondit. Je mangeais des onigiris que j'achetais dans un distributeur, je m'embêtais pas avec des amis, je préfère le thé au café. Et j'ai fait médecine juste parce que c'était la chose à faire.
Je clignai des yeux, légèrement déçue de la façon dont il avait balayé toutes mes questions.
Mais la dernière...
La chose à faire ?
Mon père est directeur d'un hôpital, expliqua-t-il nonchalamment. C'était logique de suivre le même chemin. J'ai pensé que ça pourrait m'aider à mieux comprendre les gens.
VOUS LISEZ
La Rame dans le Sable [Chishiya x OC]
Fanfiction"Tu sais, on a dit à Ulysse de planter une rame dans le sol pour qu'il puisse sortir de son errance et retourner à Pénélope. La maison parait plutôt loin maintenant... Mais en même temps, c'est comme si je l'avais déjà trouvée." ---- Alice in Bord...