Falling again

32. Hanna

Il me reste quatre heures avant l'audience. Je devrais être avec Chris, en train de parler du déroulement du procès. Ou alors avec Chelsea, pour la rassurer, ou peut-être même avec mes parents ? À les écouter me donner des conseils, ou je pourrais être avec Liam, à l'écouter me rassurer. J'étais en route pour chez lui quand mes pas m'ont conduit jusqu'à la patinoire. À cette heure personne n'est ici. Et ça me fait un bien fou, de patiner comme ci je n'avais aucun problème. De remonter le temps. Je venais patiner à chaque fois que j'avais un problème quand je n'étais encore qu'une ado dont le seul problème était d'avoir la moyenne en cours. Ça m'aidait à réfléchir et ça m'apaisait.

Plus je patine et plus l'adrénaline coule dans mes veines. Je me vide la tête, et je me sent alléger. Sereine. Parce que je ne pense pas au bordel qu'il y a autour de moi. Alors je patine, je me tente quelques figures simples que je maîtrisais à la perfection il y a quelques années et qui me sont un peut plus complexe maintenant. Quelques sauts, et pirouette. Même si je pratiquais beaucoup lorsque j'enseignais je n'atteignait jamais le niveau de perfection que j'avais obtenu au fil des ans. Mais j'aimais ça. Et j'aime toujours ça.

L'odeur de la glace, le bruit des patins sur la glace l'ors de l'atterrissage d'un saut. Le crissement pendant une pirouette. J'avais oublié ce que ça faisais de patiner réellement. Pas de montrer un enchaînement ou d'aller à Central Park avec Liam. Non, de patiner pour de vrai. Avec le cœur. Avec l'envie d'aller toujours plus loin, toujours plus haut. Peut-être qu'ils avaient raison et que j'aurais pu reprendre le patin professionnellement. J'y penserais sérieusement après le procès. Mais pour l'heure, je veux oublier tout ça.

Et j'y arrive, parce que pendant plus d'une heure je ne me soucie que de mes figures, me relève immédiatement et m'encourage quand je tombe, ce que je faisais quand je m'entraînais. Et je glisse, encore et encore. La sonnerie de mon téléphone m'arrache à ma rêverie et à la foule de souvenirs qui vont avec. Je rejoins le banc avec lenteur, retardant le moment où la réalité va me rattraper. Je saisit l'appareil quand la dernière sonnerie retentit. C'est Liam, qui doit sûrement s'inquiéter de ma non venue non prévenu. Je décroche à son deuxième appel.

- Oui ?

- Hanna bordel ! Tu es où ? Ça fait plus d'une heure que je n'ai aucune nouvelle.

- Je suis allé à la patinoire.

- À la quoi ?

J'étais tellement détendue, et voilà que le procès me donne une bonne claque.

- J'avais besoin de réfléchir.

Ou de ne pas réfléchir.

- D'accord. Mais j'ai eu peur que l'espace d'une seconde tu décides de fuir le procès. Et là je ne te garantis pas qu'on aurait gagné.

Je ne peux retenir mon sourire.

- Je t'attends au cabinet de Chris.

- Je passe me changer et j'arrive.

••

Je fait les cents pas dans le couloir, attendant que le moment arrive. Liam se ronge les ongles, la jambes tremblante. Chris relis encore et encore le dossier, mes parents fixent le vide, assis sur le banc. Et moi je pousse un soupire de soulagement quand je vois Chelsea revenir vers nous avec l'assistante sociale, et mon angoisse se décuple quand je vois Sean avec un sourire triomphant tenir la main de Shella. Il voulait voir sa fille et m'a mis la faute sur le dos si il ne pouvait pas la voir alors que sa fait plus de quinze jours qu'il ne donne aucun signe de vie.

- Bonjour madame Anderson, messieurs Harris.

Elle salut mes parents d'un hochement de tête et Chelsea n'attend pas son reste pour se jeter sur les genoux de Liam qui l'accueille avec un grand sourire bienveillant.