Chapitre 6 • Les Adieux

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On nous fait passer par un dédale de couloirs et de salles tous plus décorés les uns que les autres. Décidément, on n'a pas l'impression d'être dans un district qui ne porte pas le numéro un ou deux ici.

Après un certain temps, l'équipe de Casper et la mienne empruntent des chemins différents et nous sommes séparés.

On me conduit jusqu'à une petite pièce, avec une petite fenêtre, bloquée par des barreaux. Mesure de sécurité pour empêcher les tribus de s'enfuir, je suppose.

Après quelques minutes à tourner en rond tel un lion en cage, je finis par m'asseoir sur le seul élément de mobilier présent : une petite chaise, contre le mur face à la porte. C'est assez simpliste.

Après quelques minutes d'attente, la porte s'ouvre enfin, laissant passer Ambra, tenant Charlise dans ses bras, ainsi que James et Louixia.

Aussitôt, Charlise saute dans mes bras, en pleurs. J'ai un peu de mal à la calmer mais je finis par réussir à la faire sourire.
Je finis par la laisser avec James et vais rejoindre Louixia et Ambra contre la fenêtre.

Dès mon arrivée, elles me regardent comme si j'étais devenue une morte-vivante. C'est probablement ce qui m'attend, mais j'aurais préférée qu'elles ne me le fassent pas remarquer aussi fortement, même si elles ne le voulaient probablement pas.

Je finis par prendre la parole, n'arrivant plus à supporter leur regard de sympathie et de semi-excuse.

« Écoutez les filles. Je sais que vous pensez surement que je vais au devant de la mort, je le pense aussi. Je sais que vous devez me prendre pour une fille irresponsable et suicidaire, mais j'aimerais que vous me laissiez vous expliquer...
- On sait très bien pourquoi tu a voulu te porter volontaire, me répond Louixia, avec une voix assez haute perchée. C'était pour protéger Charlise. Et tu n'es pas irresponsable, tu es courageuse et tu à le sens du sacrifice, quelque chose que je n'aurai jamais...
- Ne dis pas que tu va au devant de la mort Lae, me reprends ensuite Ambra. Tu es forte. Tu peux le faire. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu a dis que je n'aurai pas dû te donner le titre il y a deux ans, ni pourquoi tu me l'a rendu aujourd'hui...
- C'est pourtant simple, répondis-je sobrement. Tu es beaucoup plus efficace que moi en combat. Je suis forte, mais pas autant que toi. Et c'est pour ça que tu n'a jamais voulu qu'on s'affronte dans un combat amical, tu sais très bien que tu me battrais.
- Je n'en suis pas si sûre, intervient Louixia. Tu es plus habile qu'elle avec les armes de front. Soucis de carrure, je suppose...»

Ambra, alias le fil-de-fer, s'empresse de se venger en lui mettant une claque sur la joue.
Je rigole un peu et reprends, plus sérieuse.

« Vous prendrez soin de Charlise pendant mon absence ?
- T'inquiète pas, elle est entre de bonnes mains, me répond Ambra en souriant.

Puis deux pacificateurs reviennent pour faire sortir tout le monde. Les 5 minutes réglementaires sont écoulées.

En sortant de la salle, Charlise revient rapidement vers moi et me tend sa fleur.

« Reprends la. Elle te sera plus utile qu'à moi en tant que porte bonheur.
- .... Merci Charlise, je lui réponds en la prenant dans mes bras. Prends soin de toi, ma petite. On se reverra bientôt.»

Je prend la fleur et l'attache dans mes cheveux.
Une fois qu'elle a vérifié que la fleur était bien attachée, Charlise emboîte le pas au trio et quitte la salle.

Après qu'ils soient tous partis, je me ré-assois sur la chaise et prend mon mal en patience.
Je ne m'attends pas à voir d'autres personnes, et j'attends donc calmement que les pacificateurs viennent me chercher pour me conduire au train.

La porte s'ouvre enfin. Je me lève et m'apprête donc a suivre les pacificateurs en dehors de la pièce, quand soudain je vois Lucialle débarquer et me sauter dans les bras.

Surprise, j'arrive à la rattraper mais ne peut pas cacher mon trouble quand je vois toute ma famille débarquer.

Cela fait maintenant plus de 2 ans qu'on n'a plus aucuns contacts. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils décident de le reprendre maintenant, alors que je suis sur le point de partir dans une arène mortelle.

« Qu'est ce que vous faites tous là ...?, finis-je par demander, d'une voix très faible, à cause de la fatigue et de la surprise.
- Tu est peut être surprise de nous voir, petite sœur, mais nous, on ne t'a jamais oubliée, me répond Klaud, mon grand frère.

Il avait changé en 2 ans. Ils avaient tous changés.
Klaud était devenu plus posé, plus sérieux qu'avant.
Lucialle était moins excitée, même si elle restait encore assez tête en l'air. Elle avait bien mûri, sûrement en parti à cause de mon départ.
Et mes parents... Et bien, je suppose qu'ils avaient vieillis.

« Nous ne t'avons pas oublié, reprends mon père, car nous savons qui se cache derrière la tueuse de l'école. Nous savons que derrière ce masque, se cache une fille forte, qui aura résisté comme elle pouvait face à des enfants sans âmes.
- Vous étiez au courant de ce qu'il se passait ? M'exclamais-je alors. Vous étiez au courant et vous n'avez rien fait ???»

J'étais en colère. Ma famille savait que je me faisais harceler, et personne ne m'avait aidée.

« Nous n'étions pas au courant avant que tu ne t'en prenne à eux. Mais lorsque tu a fait cette tuerie, le directeur de l'école à été obligé de demander une enquête. Et c'est là que nous avons tous commencé à comprendre que la classe la plus en vogue de l'établissement était aussi la plus sadique.
- Pour cela nous te demandons pardon, continue ma mère, nous n'avons pas su te protéger et nous n'avons pas été des parents assez bienveillant envers toi et...

- STOP ! C'est quoi ça ? Vous avez préparé un discours de combien de temps avant de venir ici ? C'est quoi ce langage hyper soutenu, on dirait des politiciens ou des riches du 1 ! Moi je veux ma famille ici, pas des gens masqués qui font semblant pour la forme ! Donc si vous avez rien de mieux à me dire, vous savez où se trouve la porte !»

Je sors toute cette tirade d'une seule traite. Je ne sais pas ce qui m'a fait craquer, entre l'anxiété de l'arène, les regards amicaux de tout le monde, ou encore ce discours digne d'une pièce de théâtre, mais je n'en peux plus.

Je crève de rage, contre tout.
Contre le Capitole et ses Jeux.
Contre mon district et les autres potentiels tribus.
Contre ma famille et leur lâcheté.

Lentement, mes parents s'en vont.
Klaud et Lucialle viennent me faire un rapide câlin, et s'en vont à leur tour.
Je suis de nouveau seule. Cette fois-ci, c'est sûr, il n'y a plus personne qui peut venir me voir.

Au bout d'une dizaine de minutes, la porte se rouvre. Contente de pouvoir enfin quitter cette pièce, je me relève et me dirige avec détermination vers elle.

Quand soudain, je vois quelqu'un rentrer. Pas un pacifiquateur, non. Ça serait trop simple, trop facile.

Non.
La personne qui se trouve actuellement devant moi n'est autre que Lejie Dawson, alias La Survivante Du Massacre.

Hunger Games - Laëticia KarowllOù les histoires vivent. Découvrez maintenant