L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]

XXIV - Et le Feu brûla

Doucement, Natanaël relâcha le bras d'Aeria. Ils se jetèrent un regard en même temps. Il semblait en pleine réflexion, cherchant un moyen de trouver une faille pour prendre la fuite mais libérer également les Dragons.

— Vous avez un don, Aeria, il est temps de vous en servir, lui souffla-t-il alors que le roi continuait ses menaces envers Hervos.

— Quoi...

Il lui tourna le dos et courut en direction de l'étable, le roi le remarqua aussitôt et le pointa du doigt.

— Dragon, tues mon misérable fils immédiatement !

Thearsis se redressa, libérant de sa pression, les deux bébés et se précipita vers Natanaël. Au même moment, Hervos attaqua le roi qui para son coup d'épée de justesse avec la sienne.

— Harold ! Viens m'aider ! ordonna Aeria.

Ils coururent en direction des deux bébés qui se redressaient tout juste.

— Que dois-je faire ? couina Harold.

— Vérifies qu'ils ne sont pas blessés !

Aeria posa ses deux mains sur la gueule de Filërys, le Dragon rouge. Elle colla son front contre son nez, la créature ferma les yeux un instant. L'un contre l'autre, Aeria avait l'impression de sentir le coeur de la bête battre au même rythme que le sien et vice versa. Le lien était déjà créé et la confiance, le bébé lui avait déjà légué entièrement.

— Je t'en prie, souffla Aeria tout en caressant ses écailles brûlantes. Tu dois protéger Natanaël...

Lorsqu'elle se détacha de lui, elle croisa son regard bleu avant qu'il ne déploie ses ailes triangulaires et légèrement transparentes. Il poussa un rugissement, vola très légèrement et se jeta sur sa mère. Il la mordit au niveau du flanc, Thearsis poussa un cri de surprise, battit des ailes pour prendre son envol et les deux Dragons commencèrent une lutte dans les airs.

— Aeria ! Appela Harold, il est blessé...

Elle se précipita vers Hystërys, sa petite carrure ne lui permettait pas de se protéger encore. En effet, elle remarqua une griffure plus ou moins profonde au niveau de son buste. Elle passa sa main sur sa blessure, son sang coulait lentement, tâchait ses écailles vertes.

De son côté, Hervos luttait contre Lauan qui rassemblait toute sa force pour asséner des coups d'épée à son adversaire. L'ancien garde du roi des Landes peinait à rester sur ses appuis, il reculait régulièrement, serrait les dents et ses bras fatiguaient. Il faut dire qu'avec quelques doigts manquants, malgré ses prothèses, sa force n'était plus la même.

Natanaël ouvrit l'étable, ce qui libéra tous les moutons présents à l'intérieur, il passa entre le troupeau rapidement, essoufflé par sa course et surtout par la peur qui lui avait noué les tripes ; celle de se faire tuer par un Dragon. Il récupéra les deux selles qu'il avait conçu avec son ami Hervos et voulut sortir à l'extérieur de la bâtisse. Il eut cependant un mouvement de recul lorsque les deux Dragons s'écrasèrent brusquement sur le sol, juste en face de lui. Il tomba en arrière, poussa un grognement de frustration et de surprise. Il vit Thearsis appuyer l'une de ses pattes sur son bébé, lui enfonçant la gueule dans le sol boueux. Son bébé grattait dans la terre pour se défaire de son étreinte, entrouvrait la gueule et poussait d'étranges râles de douleur.

— Thearsis ! hurla Aeria.

La bête releva sa gueule et la tourna vers sa Dragonnière, sa pupille toujours aussi dilatée.

— Tu vas tuer ton propre bébé !

— Ne l'écoutes pas ! gronda Lauan après avoir fait tombé Hervos au sol.