XXVI - Un espoir

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Attention : certaines descriptions peuvent heurter la sensibilité de certains.

Aeria marchait vite, les poings serrés, les yeux rivés sur le sol. Elle était en colère contre Natanaël, vexée par ses rejets, par son comportement, elle en était même frustrée. Cela n'était pas facile que de percer à jour cet homme, de comprendre son fonctionnement et de s'y accommoder. Elle comprenait les supplices qu'il avait vécu, que ce soit cent ans auparavant ou même cette année de torture qui avait dû laisser une rude empreinte dans son esprit, cependant, elle supportait mal le rejet, surtout après tout ce qu'ils traversaient.

Elle regagna le petit bois qui rejoignait les grandes collines, là où étaient censés se trouver les Dragons. Sans avoir à porter Maria, le chemin serait plus rapide, elle ne comptait faire aucun pause et Harold peinait à suivre la cadence, rapidement essoufflé.

— Attends, Aeria ! haleta-t-il. Tu marches vraiment très vite...

— Nous n'avons pas de temps à perdre, grogna-t-elle.

— Certes mais... je crains que mon coeur ne suive pas ton rythme.

Elle esquissa un faible sourire et secoua la tête.

— Tant pis pour toi.

Harold haussa les sourcils, trottina légèrement pour se retrouver à côté d'elle et essayer de suivre son rythme effréné. Il demeura silencieux un instant, se concentrant sur sa respiration. Il faisait très chaud cet été là, Harold était fatigué par ce qu'ils avaient traversé en l'espace de quelques jours et également inquiet de la tournure que pourrait prendre la suite des évènements.

— Natanaël et toi, vous semblez en froid...

Aeria poussa un grognement tout en contournant un gros rocher qui sortait de la terre, comme une protubérance. C'était ainsi sur tout le chemin, incliné de la sorte, beaucoup de racines d'arbres avaient poussé hors de la terre et des rochers y étaient incrustés, comme s'ils avaient, eux aussi, poussé avec le temps, comme les fleurs au printemps.

— Je n'ai pas envie de parler de cela, maintenant.

— Es-tu amoureuse de lui ?

Aeria releva les yeux face à sa trajectoire et se mordilla les lèvres.

— Je ne sais pas ce que c'est que d'être amoureuse.

- Aïe... j'avais bien cru que toi et moi... enfin bref, bredouilla Harold.

Aeria était essoufflée mais tentait d'occulter sa fatigue pour ne pas ralentir. Elle savait Maria dans un état critique, il lui fallait la sauver. Elle ne pouvait cesser de se flageller pour ce qui était arrivé à leur ferme et le fait de savoir qu'elle était dorénavant blessée la torturait encore plus. Entre cela et le massacre d'Epinasse, l'esprit d'Aeria était atrocement tourmenté, si bien qu'elle craignait de perdre la tête.

— Lorsque je suis près de lui, j'ai envie de lui sauter dessus et à la fois, il me répugne, il m'énerve... puis lorsque je suis loin de lui, alors j'ai la sensation que mon monde n'a plus de saveur, que je n'ai plus de but précis... et il me manque terriblement...

Harold lui jeta un regard, s'arrêtant un instant, les mains sur les hanches pour reprendre son souffle. Remarquant qu'elle ne prit aucune pause, il reprit sa route. Il avait été amoureux, lorsqu'il était plus jeune puis il avait également ressenti ce sentiment exaltant avec Aeria, lors de leur première rencontre. Ce qu'elle décrivait ressemblait à de l'amour, peut-être un amour trop puissant, si bien que parfois, la haine prenait le dessus. Ce sentiment, ces émotions, tout cela pouvait parfois être incontrôlable et deux caractères brûlants pouvaient mener à de tumultueuses altercations.


L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant