Intrusion.

26 3 2
                                    

Après le déjeuné qui s'était terminé dans un silence pesant et désagréable , je m'enferma dans mon bureau pour travailler un peu , Yang Men quant à lui  m'avait prit au mot et s'est installé sur le toit comme la veille pour se détendre en attendant sa séance de soin programmé pour l'après-midi avec le spécialiste.

Je passa les trois heures qui suivirent à travailler dans un silence cette fois agréable. Curieusement , depuis mon réveil je me trouvais changée ; d'abord , la migraine entêtante que je traînais malgré mes infusions était partie , ensuite j'ai retrouvé une certaine réactivité et pour finir , je supportais suffisamment la lumière et le bruit pour ouvrir les fenêtres et allumer la radio. 

Suis-je vraiment en train de guérir ? Ce monde est d'une ironie sans mesure , hier encore je me morfondais à l'idée que s'en était finit pour moi et aujourd'hui... plus rien. C'est comme si j'ai passé  des années à m'inquiéter pour rien. Après je fête victoire  sans doute trop vite , quand Yang Men se fera ausculter j'en profiterais pour en faire de même.

 Un terrible fracas me sortit de mes pensées. Le bruit venait des étages inférieurs , mais Yang Men était toujours en haut et mes petits compagnons à poils dormaient tous paisiblement à mes côtés  ventre en l'air.

D'ailleurs Soft  s'était réveillé à cause du bruit et grognait agressivement en direction de la porte. Qu'est-ce que cela pouvait être cette fois ? Si Guan me jouerais un de ses mauvais coups ?

 Je posais mes papiers , saisit un cutter à portée de main et me dirigea à pas de loup vers la porte. Si c'était bien le cas, je ne me ménagerais pas, au moins le bruit était éloigné du gosse. Au moment où je posais la main sur la poignet de la porte , mon téléphone vibra , me faisant sursauter comme si j'avais reçu une décharge .

??? :

Yang Men , j'ai  froid , prudence.

Voilà qui était très rassurant.

Soft continuait de grogner de plus en plus fort , je rangea mon téléphone et ouvrit la porte de mon bureau. Le couloir était vide et silencieux , mais Soft s'y précipita et dévala les escaliers , puis soudain je n'entendis plus ses aboiements . L'inquiétude me gagna et sans plus hésiter , j'ouvris le cutter me dirigea à mon tour au deuxième étages.

Arrivé en bas , j'étais bouche bée.

Sawan , mon médecin et seul ami encore à mes côté était tranquillement installé dans un de mes fauteuils et caressait la tête de Soft qui agitait la queue en jappant joyeusement. Dire que je m'inquiétais pour ce traître de canidé... maintenant je sais pourquoi je n'entendais pas de présence.

- Salut Jeon, comment tu vas ? dit-il jovialement quand il me vit

- Tu n'étais pas censé venir beaucoup plus tard ? répondis-je en baissant ma garde

- Si si maaaaais , je m'ennuyais chez moi alors je suis venu plus tôt ... je t'ai dérangé durant des travaux manuels ?

Il pointa le cuter que je tenais fermement en levant un sourcil nerveux, je replia le cuter en soupirant.

- Si tu entrais par les portes comme une personne normale , je t'aurais accueillie avec une tasse de thé et tes gâteaux préférés , rétorquais-je en posant le cuter sur un meuble.

- Pas faux... mais est-ce que le gamin sait que je suis là ? demanda-t-il

- Que veux-tu dire ?

Il donna une dernière caresse à Soft et attrapa sa mallette de travail qu'il posa sur la grande table pour sortit son matériel :

- Il a dit qu'il a des pressentiments infaillibles , je voulais voir jusqu'où ces capacités s'étendaient en m'introduisant ici discrètement... dit-il avec sérieux

Je tira une chaise et m'affalais dessus :

- C'est le cas , il t'a repéré , il m'a envoyé un message pour dire qu'il avait froid comme lorsque je t'ai appelé tout à l'heure ... mais avant de l'ausculter , j'aimerais que tu commences par moi.

Il arrêta sa besogne pour me regarder avec inquiétude :

- Tu m'as dis au téléphone que tu allais bien ... dit-il en posant sa main sur mon front

- Non non ne t'en fais pas, c'est justement parce que je vais bien que je voudrais que tu m'auscultes , depuis ce matin j'ai l'impression d'aller bien mieux alors que hier j'étais disons au bord du gouffre...

Il soupira de soulagement et ferma la boucle de sa mallette d'un coup sec avec un ricanement :

- Il n'y a que toi pour me demander de t'ausculter parce que tu vas bien mieux ... mais il faut d'abord prévenir le gamin que le danger n'en est pas un.

- Inutile , je suis là.

Yang Men se tenait devant l'entrée du salon et fixait intensément Sawan comme s'il regardait un mort revenu à la vie , plus pâle que jamais.

L'enfant au 6ème sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant