Chapitre 15

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Si Stiles devait être honnête, il avouerait que l'idée d'aller se coucher l'emplissait d'angoisse. Avoir passé le reste de sa journée à s'occuper du chaton et à le couvrir de papouilles lui avait momentanément fait oublier que sa vie n'était qu'un bordel sans nom. Mais le retour à la réalité était là, bien réel. Il avait pris la forme d'un lit, d'un oreiller, de draps, d'une chambre. De là où tout avait commencé. S'enroulant dans la couette comme pour se rassurer, Stiles fit de son mieux pour passer outre et éteignit la lumière, avant de fermer les yeux. Ce n'était qu'une nuit. Une simple nuit. Au loft. Chez Derek. Derek, qui le protégeait. Derek, qui avait défoncé Emile avec une hargne folle, simplement parce qu'il l'avait vu poser les mains sur lui. Que se serait-il passé s'il n'avait pas réussi à défoncer les portes de son armoire ? Stiles le savait parfaitement. Ce qu'il avait du mal à imaginer, c'était la réaction potentielle de Derek. Il avait cassé le nez du policier, qu'il avait passé à tabac avant d'assez rapidement l'emmener lui, tremblant, en sécurité. Si son tortionnaire était allé jusqu'au bout et que Stiles avait fini par se traîner jusqu'à l'armoire pour l'ouvrir... Qu'aurait fait le loup-garou ? L'aurait-il poursuivi ? Battu plus longtemps ? Tué ? Stiles eut un doute. Derek pouvait autant laisser libre court à sa colère que la contrôler, en fonction de ce qu'il jugeait important. Et le mettre en sécurité avait été sa priorité, la première fois. Alors... Peut-être qu'il l'aurait bien amoché oui, et presque tué. Mais il ne l'aurait pas fait, parce qu'il aurait cherché à l'aider, lui, l'hyperactif qui n'avait plus d'hyperactif que le nom. Stiles commençait doucement à le connaître, à force. Au premier abord, l'on pouvait penser que le loup-garou agissait en fonction de ses émotions, mais pas seulement. Il était finalement du genre protecteur, l'un de ceux qui ne regardaient pas sans rien dire, de ceux qui agissaient.

Ainsi, il garda son comportement à l'esprit, ne serait-ce que pour se convaincre que rien n'allait arriver cette nuit. Dans un sens, il voulait essayer de faire en sorte d'éviter de cauchemarder. Penser positif attirait le positif, disait-on. Alors voilà, il ne s'enfermerait pas à l'intérieur de sombres songes, réminiscences de sa vie passée. Et puis il serait fort courtois de sa part qu'il évite de déranger Derek et de le monopoliser comme il l'avait fait précédemment, en le maintenant – malgré lui – éveillé jusqu'au petit matin.

Il fallait qu'il prenne sur lui. Ce n'était pas si difficile, en y repensant. Il suffisait de... Faire un effort. D'éviter toute pensée négative, tout souvenir inadéquat. Alors, Stiles se remémora des choses simples avant de dormir. Des moments passés avec la meute, ces moments où il oubliait qu'il était brisé. De la morsure de Scott à la découverte de la nature de Lydia, à l'évolution de Derek. Il en avait vu, des vertes et des pas mûres, dans cette vie loin d'être de tout repos. Mais ça, ça allait. C'était gérable. Il aimait cette existence-là, celle qu'il s'était construite au fil du temps. Il aimait sa meute. Il aimait leurs aventures, même si les nouvelles étaient toujours plus dures que les précédentes. Il aimait chaque difficulté, parce que chacune l'aidait à devenir plus fort. Enfin, c'était ce qu'il se disait, histoire de se persuader, en toute connaissance de cause, qu'il avançait un peu malgré tout.

Et c'est ainsi qu'il se laissa doucement aller à accéder au sommeil, que sa respiration se fit lente et régulière.

En toute objectivité, Stiles eut une petite heure de tranquillité. Une heure durant laquelle il dormit profondément, flottant dans un univers vide et calme, sa tête lorsqu'il ne pensait pas. C'était toujours ce genre de moments qu'attendaient ses souvenirs pour venir le hanter. Ni une ni deux, l'expression sereine de son visage se brisa et des rides de soucis plissèrent sa peau. Il commença à bouger – gigoter serait plus juste –, attraper les draps, les pousser, s'enrouler dedans... Ses doigts se crispèrent sur le tissu jusqu'à ce que ses phalanges deviennent blanchâtres dans la pénombre. Et puis l'angoisse crût, graduellement. Le cœur, loin de battre à une vitesse normale, s'emballa. Dans son esprit, tout s'accéléra.

La Vérité dans le mensonge 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant