Chapitre 10

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Lorsque l'on sonna à la porte du loft ce matin-là, Derek alla ouvrir à reculons après avoir enfilé un pantalon de jogging et un t-shirt un peu sale mais dont l'odeur était toujours respirable. Avec une lenteur folle, il déverrouilla puis fit coulisser la porte derrière laquelle un Isaac un peu perdu attendait. Au lieu de le saluer normalement, le bouclé poussa un soupir de surprise.

- Mais... C'est quoi cette dégaine ? Arf, tu pues... Se plaignit le blond. Tu devrais mettre ce truc à laver.

Derek haussa les épaules sans répondre et referma la porte derrière l'autre loup-garou. Devant son absence apparente de réaction, Isaac fronça les sourcils et suivit son aîné dans la cuisine. Aîné qui se fit aussitôt un café bien corsé. Au vu de ses cernes plutôt impressionnants, il en avait besoin.

- Derek... Tu dors bien en ce moment ? S'inquiéta le bouclé.

Techniquement, le Hale avait toujours eu un sommeil agréable et lourd. Une fois endormi, difficile de le réveiller. Il faisait ses nuits de sept heures et il se réveillait toujours frais, d'attaque. Isaac avait déjà jalousé sa tête au réveil : Derek avait la fâcheuse aptitude de ressembler à un mannequin dès qu'il ouvrait les yeux. Mais pas cette fois. Ses mouvements étaient lents, son visage démontrait une fatigue certaine.

Oui, il dormait plutôt bien, jusqu'à cette nuit-là. En y songeant à nouveau, son regard s'assombrit et il regarda d'un air morne le café s'écouler dans son mug.

- Nuit difficile, consentit-il à répondre.

Isaac était un peu comme Stiles, dans un sens : si on ne répondait pas à ses questions, il insistait. Avec plus de douceur, toutefois. L'hyperactif était plus du genre... Incisif, insistant, emmerdeur.

Avant.

- T'as pas cours ? Demanda-t-il sans se retourner.

Il gardait les yeux fixés sur le liquide aussi sombre que son humeur pour éviter de se concentrer sur les émotions qui tourbillonnaient déjà en lui.

- Derek, on est samedi, répondit Isaac, éberlué. Tu vas bien ?

Le loup choisit de ne pas répondre. A la place, il laissa le café l'envahir, couler dans sa gorge sèche. Non, ça n'allait pas vraiment. Pas du tout, même. Sa nuit avait été des plus horribles et pas parce que Stiles l'avait écourtée à plusieurs reprises. Prenons les choses dans l'ordre. En premier lieu, il s'était couché à une heure raisonnable et seulement après s'être assuré que l'hyperactif était au lit et n'avait rien de dangereux sous la main. Bien qu'il avait été persuadé que Stiles ne tenterait rien tant il était vidé et son moral, complètement absent, Derek avait préféré prendre ses précautions. Enfin, s'il s'était écouté, il aurait dormi avec lui mais son instinct lui avait soufflé que ce n'était pas l'idée du siècle. En repensant à ce qu'il avait vu chez lui... Il comprenait sans problème le point de vue de son loup. Stiles avait besoin d'avoir son espace, des moments seul et surtout de comprendre que Derek n'allait véritablement rien lui faire. L'ancien alpha, de son côté, voulait plus que tout lui montrer que son corps n'appartenait qu'à lui et que personne n'avait le droit de le toucher sans son consentement. Des choses, il en avait compris. Il avait suffi qu'il soit là aux bons moments : d'abord pour empêcher Stiles de mourir, puis pour mettre son agresseur au tapis. Mais parfois, cela ne suffisait pas. Il avait été là, oui, mais pas avant. Parce qu'il avait dû s'en être passé, des choses et Derek imaginait sans mal lesquelles...

- Derek ? L'appela à nouveau Isaac.

L'interpelé soupira. Il n'avait pas envie de parler à qui que ce soit, pas envie de voir du monde, pas envie d'avoir à faire des efforts. Stiles. Ce surnom tournait en boucle dans sa tête. C'était sur lui qu'il voulait se concentrer. Lui, uniquement lui. A côté, le reste n'avait pas d'importance. Sur cette pensée, Derek se tourna vers le bouclé et décida d'être franc avec lui :

La Vérité dans le mensonge 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant