Chapitre 24

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Derek tenait la fragile feuille de papier entre ses doigts, sans savoir ce qu'il était censé en penser., ni la façon dont il était censé interpréter les mots que Stiles avait inscrits si gauchement. Disons que le loup-garou connaissait son écriture et si elle était quelque peu difficile à déchiffrer au départ tant elle prenait l'apparence de pattes de mouches, elle restait en quelque sorte régulière. Or, à travers ces cinq mots, il ne voyait rien d'autre qu'un chaos sans nom où l'irrégularité régnait. Sa façon d'écrire... Témoignait en général de sa rapidité d'esprit et de réflexion. Derek voyait les choses de cette façon : Stiles pensait si vite qu'il ne perdait pas de temps à former de belles lettres, il ne faisait que transmettre rapidement ce à quoi il réfléchissait.

Ces cinq mots-là avaient été écrits lentement mais si mal que Derek avait peiné à les comprendre. Maintenant qu'il les avait déchiffrés, il ne voyait qu'eux. Et il ne voyait absolument pas où Stiles voulait en venir. Parlait-il d'un rêve ? L'avait-il confondu avec Scott récemment ? Avait-il rencontré un alpha à Beacon Hills, un alpha dont il aurait oublié de parler ? Car Derek se savait bêta, puis oméga. Disons qu'il avait la puissance du bêta et les yeux et la culpabilité de l'oméga.

Il n'avait plus rien de l'alpha qu'il fut autrefois.

Derek plia la feuille en quatre avec un soin tout particulier et la glissa dans la poche de son pantalon de jogging, avant d'approcher sa main de la porte. Enfin, il osa toquer pour prévenir Stiles de sa présence... Avant d'ouvrir la porte, doucement. L'on ne pouvait pas dire qu'il ne se confondait pas en efforts pour ne pas le brusquer. C'était d'autant plus difficile qu'il n'était absolument pas doué avec les gens tant il se savait... Rude, parfois un peu brutal.

Paradoxalement à cela, il ne supportait pas l'idée de confier Stiles aux soins de quelqu'un d'autre. Peut-être parce que savoir ce qu'il avait subi le mettait trop en colère pour qu'il laisse n'importe quel membre de la meute ou personnel de santé s'approcher de lui... Parce que la peur qu'on l'agresse à nouveau lui remuait l'estomac. Derek n'arrivait pas à oublier le fait... Que rien ne lui serait arrivé s'il avait insisté davantage pour le garder au loft. Et en même temps, il avait cru Stiles, comme il avait cru Noah : puisque son agresseur était censé être à l'hôpital dans un état déplorable après la façon dont il l'avait tabassé... Il était normal qu'il ait pensé que l'hyperactif puisse retourner chez lui sans danger, d'autant plus... Que l'humain et le loup avaient convenu que le premier reviendrait au loft dès qu'il connaîtrait la date de sortie de l'hôpital du policier – ce qu'était censé lui dire Noah.

Or, les choses ne s'étaient pas passées comme prévu.

Et Derek s'en voulait à un point inimaginable.

- Stiles, l'appela-t-il aussi doucement que possible alors qu'il pénétrait dans la chambre.

Les rideaux étaient partiellement tirés, ce qui laissait aisément passer la lumière naturelle. Et ça, c'était une chose qui changeait de ces derniers jours car Derek avait l'habitude... Qu'ils soient complètement fermés, pour faire régner dans la pièce une obscurité complète. Stiles avait-il voulu les ouvrir, avant de les refermer sans faire attention au fait qu'il ne l'avait pas fait en entier ? Il s'agissait là d'une des nombreuses questions que Derek se posait, mais qu'il mit directement au placard tant elle revêtait peu d'importance.

Parce que Stiles, dos à la porte, dos à lui... Était parfaitement réveillé, mais gardait les yeux fermés. Pourquoi ? Derek, perturbé par ce fait, fit un pas de plus en avant.

- Il est presque midi, balbutia-t-il, il faudrait que tu te lèves...

Pourtant, ce n'était pas la première fois que ce scénario se produisait, que Derek venait le lever pour qu'il ne manque pas le repas de midi. Il pouvait faire l'impasse sur le petit-déjeuner pour le laisser se reposer un peu, mais pas davantage. Qu'importe l'état mental de l'hyperactif, il fallait qu'il s'alimente – Derek supposait que le reste viendrait tout seul. Mais les choses pouvaient-elles vraiment changer ? L'ancien alpha ne voyait pas la moindre amélioration dans son état – il n'en était même pas surpris. Pas déçu non plus... Parce qu'il n'était pas stupide : il faudrait bien plus de quelques jours à l'humain pour commencer à se remettre de ce qui lui était arrivé. Quoique le terme était un peu optimiste... Pouvait-on réellement guérir d'une chose pareille ? Derek voyait le viol comme un meurtre. Un meurtre qui laissait la victime en vie. Celle-ci, privée d'une partie de son essence, n'avait d'autre choix que de continuer à exister tant qu'elle respirait.

La Vérité dans le mensonge 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant