Chapitre 17

147 16 11
                                    


La maison qu'il avait toujours connue lui parut gigantesque. Vide, aussi. Pourtant, Noah était là, rayonnant, sincèrement heureux de le revoir. Il était venu le chercher au loft et, dans la voiture, lui avait vanté les mérites du nouveau système d'alarme dont il avait équipé la maison, gage d'une sécurité sans faille.

- Désormais, il ne pourra plus rien t'arriver, fiston ! S'était-il exclamé, fier de lui.

Stiles avait souri, tandis que des larmes brûlantes coulaient sur son cœur. Cette alarme ne le protègerait de rien. Elle n'était qu'une couche de barreaux supplémentaires qui protégeait son enfer.

Lorsqu'il monta dans sa chambre, l'hyperactif jeta directement un regard en direction de la fenêtre. Si l'alarme avait été bien installé, cela voulait dire que Derek ne pourrait pas entrer par là s'il décidait de venir le voir parce que, nécessairement, sa présence serait détectée car pour accéder à sa fenêtre, il fallait monter la gouttière et marcher sur un petit bout du toit. Alors, Stiles s'empressa de lui envoyer un texto pour le prévenir et éviter de déclencher la panique chez son père en cas de visite du loup-garou qui, par conséquent, se verrait obligé de passer par la porte.

Essayant de ne pas s'attarder sur ce détail, Stiles défit son sac et rangea ses vêtements. Au départ, il s'étonna du peu qu'il y avait, puis se rappela qu'il avait laissé quelques affaires au loft, chez Derek. Un très léger sourire étira ses lèvres. Il avait une échappatoire, un endroit où aller en cas de problème. Si au départ, il comptait refuser l'aide du loup, il fallait avouer... Qu'elle était plaisante. Lorsqu'Emile reviendrait, Stiles s'en irait. Pour éviter que son père trouve quelque chose à y redire, il trouverait une excuse. Qu'il devrait renouveler. Pour combien de temps ? Il n'en avait aucune idée, mais il trouverait. Il ne pensait pas cela possible mais Derek avait rallumé quelque chose en lui. Quelque chose d'important.

Stiles n'était pas stupide. Il se doutait bien que le loup-garou avait compris. Peut-être pas tout, mais au moins certaines choses. C'était peut-être idiot, mais l'hyperactif n'avait pas réussi à perpétrer cette comédie qui avait parfaitement fait illusion pendant sept ans. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il s'était cru libre, intouchable et que la chute s'était révélée bien plus dure qu'il n'aurait pu l'imaginer. Peut-être aussi qu'Emile l'avait brisé au point de le rendre incapable de complètement faire semblant. Peut-être aussi que Derek... Se montrait beaucoup trop adorable pour son cœur brisé. En fait, il avait beau avoir douté de lui, le loup-garou était actuellement la personne en qui il accordait le plus de confiance malgré tout, et pour preuve : il avait dormi avec lui. Il s'agissait d'ailleurs des moments où il s'était le plus reposé – si l'on pouvait parler de repos. Certes, ses nuits étaient sans cesse perturbées par des cauchemars, mais chaque fois que Derek le prenait avec lui et l'entourait de ses bras... Ça allait. Enfin, Stiles continuait de trouver paradoxal cette manière qu'il avait d'accepter sa proximité, il ne pouvait nier qu'elle lui avait fait du bien. Cela voulait-il dire qu'il était étrange ? Encore une fois, son esprit torturé était divisé et lui rappelait qu'il ne pouvait pas adorer les étreintes de Derek et abhorrer celles d'Emile. A ses yeux, cela n'avait pas de sens et il ne saurait s'expliquer pourquoi il pensait régulièrement à ces moments passés avec le loup. Pourquoi ces souvenirs le rassuraient-ils ?

Décidant de ne pas s'attarder sur ce détail, il ouvrit la fenêtre et aéra sa chambre. Elle sentait le renfermé, le... Des choses qu'il ne voulait pas vraiment sentir. Il baissa alors les yeux vers le plancher. Il n'y avait plus aucune trace du sang d'Emile, suite à son passage à tabac par Derek. Stiles se demanda alors ce que ressentait son père au moment où il avait nettoyé. S'était-il inquiété pour lui, réellement ? Ou ses pensées étaient-elles tournées uniquement vers son meilleur ami ? La question ne se posait pas véritablement, tant Stiles était certain de connaître la réponse. Il décida de se concentrer sur une seule chose : ses quelques jours de répit. Son père lui avait directement dit, dans la voiture, qu'il le tiendrait au courant du jour où Emile sortirait. Noah tenait à ce que Stiles remercie le policier de l'avoir soi-disant défendu face à l'hypothétique cambrioleur. Le châtain s'était retenu de réagir, il avait simplement hoché la tête en murmurant un « bien sûr » qui s'était voulu convaincant. Qui ne l'était pas. Mais ces deux mots avaient suffi à Noah qui n'avait pas cherché plus loin. Lorsque cela concernait son meilleur ami, il ne creusait jamais. En fait, il poussait juste régulièrement Stiles à mettre de l'eau dans son vin et à cesser d'être méfiant à son égard. Noah pensait à tort que son fils avait un problème d'ego et lui en voulait de l'avoir forcé à aller au commissariat pour s'excuser. Il était conscient du caractère humiliant qu'avait eu cette action, mais à ses yeux, elle était nécessaire. Le comportement de Stiles était aussi honteux qu'inacceptable : par sa faute, on s'était méfié pendant un moment du pauvre Emile qui ne demandait qu'à parler calmement avec son garçon qui, lui, ne voulait rien entendre.

La Vérité dans le mensonge 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant