Chapitre 11

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Isaac avait tout entendu. Les murs du loft n'étaient pas spécialement fins, seulement... Les voix de Derek et Stiles brisaient littéralement le silence ambiant. Et ce qu'elles avaient dit ne l'avaient pas le moins du monde rassuré, ni apaisé. Il se passait quelque chose et à vrai dire, cela ne lui disait rien qui vaille. En fait, la proximité qu'ils avaient l'air d'avoir était trop surprenante pour être normale. Il était habitué à les voir s'engueuler, à entendre Stiles chercher à le provoquer, le faire sortir de ses gonds. Là, la voix de l'hyperactif avait traduit une faiblesse et une angoisse folle, à tel point qu'il ne l'avait pas reconnue tout de suite. Et finalement, il avait fini par sentir des bribes de son odeur, qu'il n'avait pas remarquée avant. Une odeur provenant du fameux étage, qu'il n'avait pas sentie auparavant parce qu'il était trop concentré sur Derek. Derek qui était fatigué. Derek qui ne sentait pas très bon. Derek qui n'avait pas l'air bien. Mais en fait, Isaac comprit que son état découlait probablement de Stiles et c'était d'autant plus surprenant... Qu'ils étaient tous sauf proches. C'était le jour et la nuit, le soleil et la lune, le bavard et le taciturne. Et pourtant, c'était Derek qui semblait aider Stiles et non Scott, son meilleur ami. Scott qui ne s'était pas montré avare en reproches, la veille.

Que s'était-il passé ? Isaac n'avait que des idées, tirées du peu qu'il avait entendu, mais ce n'était pas assez pour dessiner un tableau des faits. De ce qu'il en savait, un policier avait fait du mal à Stiles, qui avait failli mourir et Derek l'avait sauvé. Il était bien loin de la réalité, mais s'en rapprochait toutefois doucement. Pour que son presque grand-frère en vienne à s'inquiéter pour l'hyperactif au point que celui-ci se trouve chez lui et qu'il semble lui promettre une sécurité à laquelle le plus jeune avait du mal à croire ? Et puis cette odeur, cette odeur ! Même si elle était atténuée par la distance et les murs, Isaac n'avait, de mémoire, jamais eu à sentir une fragrance aussi putride tant elle empestait la négativité, mot qui, lui-même, ne s'accordait pas avec Stiles. Il fronça les sourcils. Derek devait lui en dire plus et s'il devait attendre, campé des heures ici, dans le salon, il le ferait.

Dans les minutes qui suivirent, plus aucune parole ne fut échangée entre le loup et l'humain, si bien qu'Isaac se demanda ce qu'ils faisaient. Il attendit, hésita à monter, mais perçut du mouvement. Enfin, Derek descendait, l'air encore plus fatigué que lorsqu'il était monté. Le bouclé, quant à lui, ne perdit pas de temps :

- Qu'est-ce qu'il se passe avec Stiles ?

Derek le regarda longuement avant de comprendre qu'il lui avait non seulement parlé, mais également posé une question, comme s'il était déconnecté, ailleurs. Isaac la lui répéta, désireux d'avoir une réponse. L'ancien alpha passa une main sur son visage fatigué et soupira. Il n'était pas prêt et pour être honnête, n'avait pas la moindre envie de parler de ça. Pas qu'Isaac ne soit pas à l'écoute. Simplement, il fallait lui laisser du temps à lui aussi. L'histoire de Stiles, du peu qu'il l'avait effleurée, n'était pas simple à digérer. Et puis, il était facile de deviner que ce qu'il avait vu n'était que la partie émergée de l'iceberg. Pas besoin d'être un génie pour le comprendre. A la simple pensée qu'il lui soit arrivé autre chose, il en avait la nausée. Presque tout de suite, il choisit de s'assoir sur le canapé. Ses jambes le tenaient, bien sûr, il n'allait pas s'effondrer, mais... Oui, c'était mieux qu'il s'assoie. Il releva son visage défait vers Isaac.

- Isaac, est-ce que tu pourrais t'en aller, s'il te plaît ?

Derek était bien conscient que son silence n'allait ni rassurer l'agneau face à lui, ni lui faire lâcher l'affaire. Cependant, il avait réellement besoin d'un temps seul, y compris pour faire parler Stiles. Ce qu'il vivait ne devait pas rester sans conséquence pour son agresseur. Et puis... Il fallait qu'une aide, quelle qu'elle soit, lui soit apportée. Le loup ne se rappelait que trop bien de la manière dont le jeune homme avait avalé la multitude de cachets pour mettre un terme à son existence. L'image le hantait plus qu'il ne l'aurait cru. Comment faire pour s'en débarrasser ? Il n'en avait aucune idée. Cela faisait partie des choses qui marquait et que l'on n'oubliait pas.

La Vérité dans le mensonge 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant