Chapitre 14

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Stiles n'avait pas prononcé un mot depuis leur réveil à tous les deux, en début d'après-midi. Mais il ne fuyait pas, et restait ouvert... A sa manière. Il ne quittait pas Derek des yeux, où une peur sans nom régnait. Il se souvenait parfaitement bien de cette nuit, de tous les mots qu'il avait prononcés, de toutes ses larmes, des bras du loup, de cette douceur étonnante dont il avait fait preuve, de cette présence dont il continuait de l'abreuver. Il se souvenait de chacune de ses pensées, de son abandon total dans les étreintes désespérées de l'ancien alpha.

Et maintenant, il ne savait pas quoi faire.

Il enchaînait les contradictions et à force, il se demandait combien de temps Derek allait le supporter. Le renverrait-il chez lui avant que son père ne le réclame ? Il pourrait supporter de dormir dans sa chambre, théâtre d'horreurs, tant qu'il n'y aurait personne pour le rejoindre dans son lit. Ce serait supportable. Quant au reste... Il lui faudrait partir lorsqu'Emile reviendrait et pourtant, il n'en serait peut-être pas capable. Le policier avait toujours eu une grande emprise sur lui et l'avait brisé de telle sorte que Stiles... Ne pourrait jamais lui résister. Il n'avait jamais pu le faire quand il était encore... Combattif. Alors maintenant ?

Derek déposa une tasse de thé devant lui et Stiles hocha la tête en guise de remerciement. Après cette nuit, il avait peur de le déranger. Parce qu'il savait que le loup s'était endormi après lui, ne serait-ce que pour lui tenir compagnie et le soutenir le temps qu'il se calme. Cela avait pris des heures, alors il tenait à essayer d'alléger le fardeau qu'il représentait, même si c'était plus que difficile dans son état. S'il pouvait restreindre ses gestes et mouvements devant lui, il ne pouvait s'empêcher de penser, de réfléchir. Honnêtement, il ne savait pas quoi faire. Il devait profiter du répit qu'on lui laissait, histoire de, peut-être, reprendre du poil de la bête. Mais comment faire ? Stiles savait qu'il allait repasser à la casserole, tôt ou tard. Ainsi, pourquoi chercher à aller mieux en sachant que tout recommencerait ? Ses efforts se révèleraient vains. A quoi bon essayer ? Il le voulait néanmoins, et resserra inconsciemment ses doigts sur la tasse qu'il n'avait même pas encore entamée.

- Je t'entendrais presque penser d'ici.

Stiles sursauta et lâcha brusquement la tasse qu'il n'avait, heureusement, pas décollée de la table. Son cœur battait vite. Il releva un regard à la fois perdu et apeuré vers Derek, qui le fixait avec une fatigue non feinte et un abattement... Qui se devinait.

- D-désolé, balbutia-t-il avant de baisser les yeux.

Il devait la boire, cette tasse de thé. Si Derek la lui avait donnée, ce n'était pas pour qu'elle lui réchauffe les mains. Stiles eut la boule au ventre. Il voulait juste être supporté, histoire de gagner un jour ou deux sur ce qui était prévu au niveau de son séjour ici. Repousser l'inévitable. Essayer de rendre son retour plus facile. Il fallait qu'il ait le temps de se préparer mentalement. S'il s'écoutait, il lui faudrait des mois – et encore. Puisqu'il avait le regard baissé et fuyant, il ne vit pas l'expression de Derek, qu'il s'imaginait ennuyée, agacée par les erreurs qu'il enchaînait. Il pourrait vérifier, chercher à se rassurer, mais il ne le fit pas, tout comme il refusa de céder à ce dont il avait cruellement besoin.

Retrouver la chaleur de ses bras.

Ce qui s'était passé cette nuit-là avait été une erreur. Pourtant, Stiles savait qu'il n'aurait pas pu se retenir de craquer plus longtemps. Mais maintenant qu'il avait goûté à la douceur d'une étreinte sincère, à la sensation exquise d'être écouté même s'il n'avait pas dit grand-chose... Forcément, il en voulait encore. Sauf que ce n'était pas comme ça que le monde fonctionnait. Derek avait ses affaires, ses préoccupations. Il le garderait ici jusqu'à ce que son père le réclame et c'était déjà beaucoup. Avec un manque d'envie évident, Stiles se força à boire quelques gorgées non sans grimacer. Le liquide lui faisait du bien, dans le fond, réchauffant sa gorge sèche et irritée. C'était l'idée d'avaler quelque chose qui lui donnait la nausée.

La Vérité dans le mensonge 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant