𝟕. 𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞 - 𝐔𝐧𝐞 𝐫𝐮𝐦𝐞𝐮𝐫

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La première fois que j'ai vu Taehyung, cet été, j'ai eu l'impression de voir un garçon brave et persévérant. Il m'a semblé être ce genre de personne que rien n'arrête et qui n'abandonne sous aucun prétexte.

Pourtant il m'aura suffit d'une petite phrase pour qu'il ne m'adresse plus un mot, ni même un regard.

Le silence qui a suivi notre conversation me ronge. J'ai répondu ça en pensant qu'il insisterait, qu'il chercherait au moins à me retenir.
Au lieu de ça il m'a regardé ouvrir la verrou de la pièce et en sortir. Jusqu'à l'instant où j'ai quitté le gymnase j'ai espéré qu'il me rattrape.

Mais il ne l'a jamais fait.

Au moment où mon pied a franchi le pas de la porte du gymnase, j'ai eu l'impression qu'une histoire venait de s'achever et mon coeur s'est déchiré sous mes yeux impuissants.
Je me suis plongé moi-même dans le commencement et dans la fin de cette histoire.

Il n'y a pas d'autres coupables, c'est inutile de chercher.

Ça fait maintenant une semaine et rien ne s'est ébruité. Jin ne m'a pas redemandé qui il était et nos conversations de groupe à Jian, moi et Taiko s'estompent avec le temps.

On grandit, on avance, on retrouve nos amis, nos chemins se séparent et bientôt, notre amitié ne sera plus qu'un vague souvenir.

J'aurais aimé que cet été reste éternel.
Je l'aurais sincèrement voulu.

- Fais pas cette tête on dirait que tu vas chialer.

Hoseok me tape sur l'épaule au point de me faire sursauter.

- Ta gueule laisse le tranquille.

Jin.

Il est sans arrêt sur mon dos depuis six mois. Il m'étouffe, il me serre dans un étau dont je ne peux me défaire. Il va finir par me faire exploser.

- Oh ça va, on peut rire nan ? C'est pas parce qu'il est dépressif qu'on peut plus se marrer.

Je me lève. C'est déjà plus que ce que je peux supporter.
Je m'en vais et j'entends Jin lui faire la morale derrière moi.

- T'es vraiment le roi des bouffons sérieusement.

Non Jin, il a parfaitement raison. C'est moi qui suis trop à fleur de peau.
Je fous une sacrée ambiance de merde depuis que ma soeur est morte.

On n'ose jamais faire trop de bruit près de Jungkook, il ne faudrait quand même pas le brusquer. Il est fragile, il est fait de verre.
Attention ! Surtout on ne parle plus du drame, c'est tabou ! La mort ? Non surtout pas, il pourrait s'évanouir de malaise.

Je suis fatigué de tout ça, et sans s'en rendre compte, Jin alimente cet épuisement. Je veux passer à autre chose sans qu'on me ramène toujours à ma condition de petit frère endeuillé.

Si je me casse, ce n'est pas à cause d'Hoseok mais bien à cause du débat qui risque de suivre si Jin insiste trop pour qu'il ferme sa gueule.

Je veux juste qu'on me foute la paix.

Je me faufile à travers les couloirs sans but précis. Je veux juste marcher un peu pour m'aérer l'esprit. En plus je n'ai pas cours avant au moins deux bonnes heures.
Les couloirs sont blindés de monde. C'est surprenant pour un intercours.

Quand je passe devant le couloir administratif, je me fais tout petit. Je suis un peu la bête noire du lycée depuis que j'ai brisé deux verres et foutu du sang partout.

Au coin du couloir, dans l'angle, j'aperçois la psychologue du bahut. Il ne manquait plus que ça.
Je baisse la tête et accélére le pas. Ça fait six mois qu'elle essaie de me chopper et que je me défile en permanence.

𝐄𝐑𝐑𝐄𝐔𝐑 𝐃'𝐄́𝐓𝐄́ ⁽ᵛᵏᵒᵒᵏ⁾Où les histoires vivent. Découvrez maintenant