♤ Prologue ♤

950 48 14
                                    

Comme une impression de ne pas être à ma place, c'était ce que je ressentais lorsque j'étais entourée de toutes ces personnes. Une maison bien trop grande pour seulement deux personnes, me procurant bien souvent un sentiment de malaise. Pourtant, j'étais née dans une famille aisée et j'aurais dû être habituée avec le temps mais je n'avais jamais réussi à accepter le monde dans lequel je vivais. Tout avoir en un claquement de doigt c'était beaucoup trop simple ! Une minorité de personne avait ce pouvoir, laissant les autres s'épuiser au travail. J'étais probablement la seule de ma famille à penser aux autres. Enfin de ma famille, il ne restait plus que mon père et moi. Ma mère était décédée d'un accident de voiture dans lequel ma sœur s'y trouvait aussi. J'étais bien trop jeune pour m'en rappeler alors j'avais vécu sans avoir de traumatisme et mon père refusait catégoriquement d'en parler.

De ce fait, vivant seule avec mon père, il était extrêmement protecteur mais pas dans le bon sens. Pour lui, je ne devais pas sortir et ne pas parler aux inconnus. Cette règle avait tenu un petit moment mais quand l'adolescence était arrivée, j'avais trouvé ça injuste. Tous mes camarades de classe passaient leur temps à s'amuser l'après-midi allant même jusqu'en début de soirée. J'étais la seule à avoir ce genre de restrictions. C'était sûrement pour cela que j'avais fini par contourner ces règles et à sortir sans le dire à mon père. Quand j'étais au lycée, je prétextais que j'avais des cours qui s'étaient rajoutés et je sortais avec les seules personnes que je connaissais. C'était étonnant comme les riches ne trainaient qu'avec des riches ! Je ne pouvais pas dire que c'était des amis, je n'avais jamais eu d'amis dans ma vie et par mon rang social, des amis ça n'existait pas.

Seulement quand j'avais commencé à aller à l'université, mon père me laissait sortir à quelques reprises mais il devait tout savoir en temps et en heure. Chez qui j'étais invitée, l'adresse et à quelle heure je devais rentrer. Et par mon caractère assez rebelle, cela ne passait pas non plus ! Il en faisait beaucoup trop et j'avais besoin de liberté, je n'étais plus une enfant. N'ayant aucun moyen de faire changer mon père d'avis, il m'arrivait très souvent de faire le mur pour sortir en pleine nuit et aller autre que dans les fêtes de riches. J'aimais tout particulièrement juste me promener dans les rues de Jeju. L'air était agréable en pleine nuit, meilleur que celui de la journée. Vraiment à mon âge, j'étais obligée de sortir en cachette... Encore aujourd'hui, j'étais sortie sans le dire à mon père et profitais de la douce brise d'été.

Capuche sur la tête, je marchais sans vraiment avoir de destination. Je faisais simplement le tour du quartier ! Bien qu'il était très tard et que peu de personnes se trouvaient dans les rues, je ne voulais pas que l'on voit mon visage. Etant donné qu'on était la famille la plus riche de Jeju, mon nom ainsi que mon visage n'étaient pas vraiment inconnus sur cette île. Cependant, il devait l'être dans la capitale ! Si je croisais quelqu'un, je préférais baisser la tête et bien cacher mon visage par peur que l'information remonte jusqu'à mon père. Je ne m'étais jamais faite prendre et je n'avais pas envie que ce jour arrive. Si mon père apprenait que sa chère fille sortait sans autorisation en pleine nuit, sans sécurité et sans savoir où j'allais, ça allait être la fin du monde.

Alors que je marchais tranquillement sans me prendre la tête, j'entendis des bruits de pas courir au pas de course. Par réflexe, je relevai la tête pour voir si je voyais quelqu'un dans les parages et une personne apparut au bout de la grande rue. De loin, sa carrure ressemblait à celle d'un homme. Voir qu'il avait lui aussi une capuche m'avait fait sourire, je n'étais pas la seule à cacher mon visage. Je me demandais bien pour quelles raisons il le faisait ? Probablement pour ne pas être dérangé ! Comme d'habitude, je baissai la tête et continuai mon chemin, le laissant poursuivre sa course. En tout cas, il courrait vite ! Il ne lui avait pas fallu très longtemps pour arriver près de moi et passer à côté. D'ailleurs, en passant, j'avais senti son bras me frôler et ce contact m'avait fait comprendre qu'il était vraiment proche de moi. Pourtant, on était en plein milieu de la route alors y avait encore beaucoup d'espace pour passer sans se toucher. Cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Subitement, on m'avait attrapé avec force et sans avoir le temps de réagir, je m'étais retrouvée dos contre le torse de la personne qui courait auparavant, un couteau sous la gorge.

Gabriel || J.JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant