♤ Chapitre 08 ♤

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Les yeux grands ouverts, je n'avais pas dormi de la nuit et n'arrivais même pas à ressentir la fatigue. J'étais vivante mais je me sentais morte. Plus rien ne m'animait et j'avais l'impression d'être dans un autre monde, où tout était en train de pourrir. Qui j'étais, où est-ce que je me trouvais et ce qui m'arrivait n'avait plus aucun sens. J'étais en train de perdre pied. Tout paraissait irréel mais la douleur de mon cœur me prouvait bien le contraire. Je n'étais même plus en capacité de réfléchir avec raison. 

- Dégage de là !!

Gabriel me fit sursauter de mon long moment d'absence et je tournai la tête pour voir après qui sa colère était destinée. La porte de son bureau était ouverte et je pouvais le voir par l'encadrement. Il s'était énervé tout seul. En tout cas, ce n'était pas envers moi... Soudainement, dans un élan de folie, il balança son carnet dans lequel il était en train d'écrire depuis tout-à-l'heure, vers le coin de la pièce. Personne d'autre n'était dans cet appartement alors après qui était-il en train de s'énerver. Peu sereine par son comportement, je me dirigeai tout de même vers lui pour essayer de comprendre.

- Gabriel ? L'appellai-je d'une petite voix tremblante.

Sa respiration était saccadée et tout son corps était contracté, à tout moment il pouvait devenir plus violent qu'il ne l'était. Ses yeux noirs étaient bien différents de lorsqu'il avait du désir pour moi et j'étais rassurée qu'il n'ait pas son couteau avec lui. Ma voix l'avait fait revenir à la réalité mais est-ce qu'il était calmé, je n'étais pas certaine.

- Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? Me lança-t-il sèchement. Toi aussi, tu penses que je suis complètement fou ? Hein, tu le penses !! 

D'un revers du bras, il renversa tout ce qu'il se trouvait sur son bureau. Impuissante et terrifiée par l'homme qui se trouvait devant moi, mes jambes se mirent à trembler et mes yeux avaient commencé à s'humidifier. J'étais coincée. D'une part, je voulais fuir le plus loin possible de ce monstre mais il était mon seul moyen de vivre. Puis en fuyant, rien ne me garantissait qu'il me laisserait en vie. 

- Tu devrais être reconnaissante, me toisa-t-il du regard. Je t'ai sauvé la vie... Alors arrêtez de me regarder comme ça !!! 

Gabriel continuait de parler d'une autre personne qui était inexistante, il n'y avait personne d'autre que lui et moi dans cette pièce. Il m'était impossible de sortir un son de ma bouche et de toute façon, ce n'était certainement pas le moment. Dans son état, il était incapable d'entendre quoique ce soit. Malgré ses sentiments pour moi, en étant dans une crise comme celle-là, il se fichait certainement de la personne qui se trouvait face à lui. De ce que j'avais pu voir hier soir, rien ne pouvait l'arrêter. 

Alors qu'il allait continuer dans sa folie, un bruit venant de la porte d'entrée le coupa et il comprit en un instant ce qui était en train d'arriver. On semblait défoncer sa porte mais la lourde porte ne cédait pas si facilement et les personnes se trouvant derrière n'avaient pas décidé d'abandonner. Ils allaient finir par entrer. Mon regard tourné vers la porte, Gabriel me tira soudainement par le bras pour me faire entrer dans son bureau. La panique m'envahit alors que lui, rien ne semblait l'inquiéter. Il ouvrit la porte du grand placard et me fit aller dedans. Toujours dans la sérénité, il prit le temps de me mettre un casque sur les oreilles et activa une musique. Le volume était fort, surement pour pas que je n'entende ce qui allait se passer dans ce salon. Étant donné que je ne l'entendais plus, il me fit un grand sourire qui se voulait être rassurant mais désormais, celui-ci me paraissait terrifiant. 

~ I ain't happy, I'm feeling glad
I got sunshine, in a bag
I'm useless, but not for long
The future is coming on ~

Gabriel || J.JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant