Manchester, Angleterre
Milan Ivanović
Depuis le moment où l'on est monté dans la voiture, personne ne parle. C'est le silence complet. Elle ne me regarde même pas. Pour elle je n'existe pas. Elle avait ses yeux rivés sur la route. Qu'est-ce que j'ai fait de travers ? N'est-ce pas ce qu'elle a toujours voulu de moi ? Que je reconnaisse mes sentiments pour elle ? Je viens de le faire pourtant. Je lui ai fait une belle déclaration. Pourquoi elle ne me dit rien depuis dans ce cas ? La seule chose à laquelle j'ai eu droit après ma grande déclaration c'est un "on peut s'en aller maintenant. Je suis prête". Puis elle a pris place dans mon véhicule calmement. Comme si de rien n'était. Je ne comprends plus rien.
Les femmes sont elles aussi versatiles qu'on le prétend ? Vouloir une chose maintenant et changer d'avis la seconde d'après.
Depuis là je ne sais plus comment réagir. Je ne m'attendais pas à ce déroulement de l'histoire. Je croyais qu'elle serait contente, moi. Pas qu'elle resterait de marbre. Qu'est-ce qu'elle me fait là maintenant ? Se pourrait-il qu'elle en avait eu marre de réceptionner mes non à tous les coups. N'a-t-elle pas compris ce que je viens de faire ? Je lui ai dit que je l'aimais et que je voulais que l'on soit ensemble. Mais à la voir, on dirait que ça ne lui fait ni chaud ni froid. C'était tellement difficile. Si seulement elle savait.
- On va faire tout le trajet ainsi Kyra ?Pas de réponse.
Je m’efforce de ravaler ma frustration.
- Amour !Au lieu de répondre, elle baisse les yeux sur son téléphone, effleurant l’écran du bout de ses doigts manucurés d’un rouge profond. Une provocation ? Un test ? Mon cœur se serre. Son comportement me blesse tellement. J'ai comme l'impression qu'elle le fait exprès afin de me pousser à bout. Néanmoins, malgré ma douleur, j'ai quand même respecté son choix. Elle ne voulait pas parler. Alors moi non plus, je n'ai plus rien ajouté tout le long du trajet. J'avais mis de la musique, mais comme elle avait l'air de ne pas trop aimer, j'ai tout coupé. Puis j'ai gardé mes yeux sur la route.
On s'est arrêté au Chorlton comedy club. Je sais qu'elle aime le stand up. Combien de fois je l'ai vu s'arrêter devant sa télé à visionner des représentations théâtrales. Elle est comme un enfant devant son parfum de glace favori face à ces choses-là. Moi-même je ne connais pas le nom des artistes présents ce soir. Ce n'est pas mon délire. C'est juste pour elle qu'on est là. Elle a besoin de penser à autre chose, se détendre un peu. Tant qu'elle s'amuse, à moi ça me va.
A l’intérieur, le décor est très chaleureux. Les sièges en velours usé… Une odeur persistante de bière et de popcorn… Je lui tiens la porte, mais elle passe devant moi sans un mot. Sa robe noire ajustée aux reflets satinés ondule avec ses mouvements, comme un défi silencieux. On a pris place pour suivre le spectacle une fois à l'intérieur. Ça se voyait comme le nez à la figure que je n'étais pas dans mon élément. Je fournissais juste des efforts pour elle. A la différence de moi, elle s'y plaisait parfaitement bien. Elle s'amusait de ouf. Donc, pour moi c'était suffisant.
Je me penche vers elle, effleurant sa main, espérant… Elle la retire, presque mécaniquement, sans même me regarder. Ce geste m’écrase. Et elle a continué comme si de rien était à suivre son spectacle. Je l’observe rire, captivée par un comédien que je ne connais même pas. Son visage s’illumine, ses lèvres, peintes d’un rouge cerise, esquissent des sourires qui ne me sont pas destinés. Et moi, je suis là, spectateur d’une scène où je n’ai aucun rôle. Elle a fait exprès de m'ignorer. Passant ainsi son temps à rire. Pourtant je n'ai rien trouvé de drôle dans son truc machin chose. Ou peut-être que c'était parce que j'étais un peu trop hors de moi. Je n'aime pas.
Mais habituellement je ne trouve pas cela toujours aussi naze.
Le spectacle a duré 2 heures environ. Et on les a passé comme ça. Sans échanger le moindre mot. C'est impossible que l’on décrive ces deux heures de la même manière. A chaque fois que j'essayais de lancer une conversation avec elle, elle faisait tout pour y mettre fin automatiquement. Je prenais sur moi pour ne pas plus m'énerver que je ne le fusse déjà. Car on dirait que son but c'était de me mettre encore plus hors de moi.

VOUS LISEZ
A la vie, à la mort : oui je le veux (Tome 1: Sa punition, devenir ma femme)
RomanceAleksandar Vuk Ivan Petrović, chef impitoyable de la mafia serbe. Son surnom, Ghost fait trembler les plus audacieux. Prédateur redouté, il règne par la peur et le sang, n'épargnant que sa famille : sa sœur Kyra, douce et vulnérable, et Milan Ivanov...