Déclaration

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- Comment ça ils ont disparu? Je pensais que tu gérais le truc

- J'ai demandé une intervention le jour même mais je te peux te garantir que l'entrepôt était vide

Je sentis une colère incontrôlable monter en moi.

- C'est pour ça qu'il fallait agir sans attendre!

- Et qu'est-ce que tu voulais que je fasse?! Tout seul je ne pouvais rien faire, je te l'ai déjà dit!

Je m'agitais dans tous les sens, nerveux comme jamais.

- Bon, qu'est-ce que ça a donné notre contact sur Rome?

- Figures-toi qu'il s'est volatilisé

- Quoi? Comment ça volatilisé?

- L'agent sur place a perdu sa trace depuis 3 jours. Tu n'es pas au courant?

- Non. Putain...

Il s'en alla tout en marmonnant des injures. Même si je le pouvais, je ne voulais aucunement m'impliquer davantage dans cette mission. J'avais bien mieux à faire et surtout, j'avais très bien saisit que Mazen tentait doucement de m'évincer de l'affaire Ömer. Et je comptais bien en savoir la raison.

En attendant, je continuais de suivre ce Adam Kurti de très près. En apparence, il semblait avoir une vie plus que normale et pourtant, en creusant un peu plus, il n'était pas si banal que ça.

Il semblait attentre quelqu'un à la terrasse d'un petit restaurant. Et plutôt que de me contenter de regarder la scène de loin, j'avais pu m'attabler à seulement quelques mètres de lui. Un emplacement idéal pour voir et entendre absolument tout.

Lorsque je vis Tommasio arriver, j'étais désormais sûr que ces deux là se connaissaient bel et bien. Adam semblait stressé, presque nerveux.

- Alors, qu'est-ce qu'il se passe?

- Ce qu'il se passe? Ce n'était pas ça le deal!

- Qu'est-ce qui change au fond? Tu as ton argent, je me trompe?

- J'arrête Tommasio. Je te l'ai déjà dit, maintenant je suis marié, mon cabinet ne va pas tarder à ouvrir et... ma femme est enceinte

Je me redressa en apprenant cette dernière nouvelle. Elma était vraiment enceinte? Mon coeur rata un battement.

- Congratulazioni figlio mio (Félicitations mon fils)

Il lui tapota l'épaule tout en souriant.

- Merci. J'espère que tu comprends cette décision

- Oui, bien sûr. En revanche, tu sais que si j'apprends que tu as parlé, famiglio o no (famille ou non), giuro su Dio (je jure sur Dieu) que je te tuerai moi-même, capito? (compris?)

Il acquiesça de la tête sans dire un mot. Les deux étaient donc de la même famille. Mon téléphone posé sur la table se mit à vibrer dans un bruit sourd. C'était Dario qui m'avait appelé déjà trois fois aujourd'hui et le connaissant, il devait sûrement s'inquiéter pour moi. Je n'avais plus fait aucun combat depuis plusieurs semaines et j'étais bien déterminé à continuer sur cette voie. Il le fallait.

Nous étions Vendredi soir et pour une fois, j'avais décidé de rentrer chez moi et profiter tranquillement de ma soirée devant un bon film. Pas de filature, pas de surveillance, aucune mission. Alors après une bonne douche, j'étais déjà installé devant ma télévision tout en savourant une bonne pizza. Je me rendais compte à quel point j'en avais oublié les plaisirs simples de la vie. Je ne pouvais plus continuer comme ça. Je ne pouvais plus mener cette vie de nomade et il fallait absolument que je lève le pieds.

Plongé dans mon film, je me redressa de mon canapé puis saisis mon arme lorsqu'on tapa à la porte. Je jeta un rapide coup d'oeil dans le jura et rangea rapidement l'arme avant d'ouvrir la porte. Elle me regarda un court instant avant de sauter dans mes bras avant même que je ne réalise qu'elle était vraiment là. Je sentais ses mains m'agripper avec force sans qu'elle ne dise quoi que ce soit. Je me contenta de la serrer à mon tour en embrassant longuement ses cheveux.

Après quelques minutes, elle se dressa face à moi, les yeux rougis et embués. Elle était mariée et enceinte et pourtant, je ne pus m'empêcher de caresser son visage, de scruter chaque parcelle de ce dernier comme si je le voyais pour la première fois. Elle n'avait pas changé. Elle affichait toujours cet air innocent et son regard bleu perçant. Ma raison me criait de la repousser mais j'en étais incapable. J'étais devenu tellement faible face à elle que je ne me reconnaissais plus.

- Dis-moi que tu es heureuse

C'était le seul espoir auquel je me raccrochais pour avoir bonne conscience.

Je sentis une larme couler sur mon doigt, une larme qui était une réponse à ma question. Sans rien dire, elle secoua la tête de droite à gauche avant de poser à nouveau sa tête contre mon torse. J'avais une envie irrépressible de la protéger, de la garder là tout contre moi pour que rien ni personne ne puisse l'atteindre.

***

- Ce n'est pas la solution Elma

Son téléphone sonnait une fois de plus sans qu'elle ne daigne se lever pour répondre.

- Je veux rester là, comme ça pour toujours

Assis sur le canapé, nos doigts entrelacés, nous discutions de tout et de rien et ironiquement, nous n'avions jamais été aussi complices que ce soir là.

- Je ne te l'ai pas dit mais... avant de venir ici je me suis disputée avec Adam. Je lui ai balancé en hurlant qu'il n'est pas toi et qu'il ne le sera jamais. J'ai eu tord je le sais mais... sur le coup mes mots ont dépassé ma pensée

Je la fixais du regard. J'étais en train de me dire que je n'avais pas réalisé à quel point cette fille tenait à moi et je n'avais pas non plus réalisé à quel point elle comptait pour moi. Jusqu'ici, rien ni personne ne m'importait et j'étais persuadé qu'il serait plus facile de l'oublier que de devoir changer. Je m'étais trompé. Cette fille me donnait l'envie et l'espoir d'un avenir meilleur. Autre que celui d'un homme victime de son passé et rejettant toutes les personnes autour de lui.

- Arrêtes s'il te plaît

- Que j'arrête quoi?

- De me fixer comme ça

J'étais attiré par cette fille comme un aimant et pourtant, la raison me rattrapa soudainement.

- Tu devrais rentrer Elma. Il doit sûrement s'inquiéter

Elle se leva sans dire un mot avant de se tenir face à la fenêtre tout en nouant son gilet en laine. Après quelques secondes, elle se retourna vers moi, les yeux embués de larmes.

- Ça ne te fait rien de savoir que je vis avec lui? Que je dors avec lui? Il n'y a que moi qui souffre dans l'histoire c'est ça?

Je m'approcha d'elle puis pris son visage entre mes mains.

- Si je pouvais prendre ta douleur je le ferai, crois moi

- Mais tu ne peux pas! Tu ne peux pas combler ton absence et tu ne peux pas m'aimer à sa place!

Je posa mon front contre le sien sans même me rendre compte qu'une larme perlait sur ma joue. Ses mots avaient sur moi l'effet d'un couteau tranchant.

- Laisses-moi un peu de temps Elma, d'accord? Laisses-moi juste un peu de temps

Elle baissa la tête sans rien dire.

- Regardes-moi. Je t'aime Elma, je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne

Pour la première fois de ma vie, je venais de dire ces deux mots. Des mots sans doute communs pour la plupart des gens mais nouveaux pour moi. Des mots que j'ignorais jusque-là et qui prenait tout leur sens aujourd'hui...


Héritage AmoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant