Dérapage

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- Qu'est-ce que tu fais là?

- Juste te parler. Je veux juste te parler Elma

J'avais oublié à quel point il pouvait être culotté.

- Non Firhat, on s'est déjà tout dit la dernière fois alors vas t'en s'il te plaît

- C'est vrai que j'ai mal agis et que je n'aurais pas dû me comporter comme ça avec toi. Aujourd'hui j'en suis conscient et j'aimerais réparer cette erreur

- Il n'y a rien à réparer et si on regarde bien, nous étions plus amis qu'autre chose. Le fait que nos familles se connaissent très bien et nous deux qui avons grandi ensemble me laissait penser que c'était des bonnes raisons pour bien s'entendre. J'avais tord

- Non, tu n'avais pas tord. Laisses moi une deuxième et dernière chance de te le prouver

- S'il te plaît Firhat, n'insistes pas

Tandis que je fermais la porte de mon bureau, il bloqua cette dernière avec son pied.

- Depuis quand est-ce que tu te permets cette attitude avec moi hein?

Le ton avec lequel il s'était exprimé jusque là n'était plus le même.

- Depuis que j'ai compris que nous deux c'était une belle erreur et que tout ce qui t'intéresse, c'est ta petite personne

Les traits de son visage s'étaient soudainement raidis avant qu'il ne m'empoigne violemment par le bras.

- Saches que tu ne décides de rien!

- Lâches moi tu me fais mal!

Et alors que je tentais désespérément de me libérer de son étreinte, je sentais sa main qui se serrait davantage contre mon bras jusqu'à ce qu'il me colle au mur en m'aggripant cette fois-ci les deux bras, m'immobilisant complètement.

- Tu n'as toujours pas compris que tu es à moi?!

- Firhat, lâches moi!!

Je me débattais comme je pouvais mais face à lui, mon petit gabarit ne faisait clairement pas le poids. Comprenant qu'il prenait l'ascendant sur moi, voilà que ses mains balladeuses parcouraient mon corps tandis que ses lèvres suivaient le pas. Et bien que je le suppliais d'arrêter, rien ne semblait pouvoir l'arrêter jusqu'à ce que la porte d'entrée claque en un bruit sourd et qu'une voix se fasse entendre.

- On ne t'as jamais appris les bonnes manières?

Firhat me lâcha et se dressa face à lui, avec encore plus de haine et de colère qu'il n'en avait jusqu'ici.

- De quoi est-ce que je me mêle hein?!

- Laisse cette fille tranquille

- Je te conseille de faire demi-tour, ça vaut mieux pour toi

Firhat, comme pour l'impressioner, se rapprocha davantage de lui jusqu'à ne laisser qu'un petit mètre entre eux deux. Étrangement, lui était calme, trop calme. Il se contentait de le fixer sans dire un mot.

- Il faut que je te parle en quelle langue pour que tu...

Il ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase qu'il lui avait déjà asséné un coup au ventre suivi d'un autre à la tête avant de projeter violemment au sol. Tout était allé très vite et là encore, je le voyais lui infliger plusieurs autres coups au thorax et au visage. Il s'était littéralement déchaîné sur lui.

Je me précipita pour tenter de l'arrêter mais il était hors de contrôle.

- Stop, arrête tu vas le tuer!

Il le releva brusquement par son pull avant de venir le plaquer au mur et presser sa main sur son cou.

- Je te jure que si je te revois ici je te ferai bien pire que ça, tu m'entends?

Ces mots contrastaient avec sa voix quasi paisible en les prononçant.

Firhat se contenta de hocher la tête en guise de oui avant de jeter un dernier regard en ma direction et s'en aller. J'étais à la fois tétanisée et soulagée que sans même réfléchir, je me jeta dans ses bras. Un sentiment plaisant et inexplicable de sécurité m'envahit soudainement. Et ce n'est qu'après quelques secondes que je m'aperçus de la bourde que je venais de faire. Honteuse et toujours envahie par la peur, je m'écarta maladroitement tout en balbutiant quelques mots presque inaudibles

- Désolée que... que vous ayez assisté à... à tout ça...

- Ce n'est rien

- Décidément vous avez le chic pour être là au bon moment. D'ailleur qu'est-ce qui vous amène ici?

- Je dois... hmmm... faire quelques séances

- Je pensais que mon métier n'était que des "conneries"

Je mima volontairement les guillemets pour lui rappeler ses propres mots.

- Je n'en pense pas moins et ça m'embête de le dire, mais... j'ai besoin de vous. Le seul autre psychologue de la ville vient de prendre sa retraite et je n'ai pas le temps de faire trente minutes de route pour ça

Subitement, je me voyais en position de force. Cet homme, qui depuis le début me nargue ouvertement, avait aujourd'hui besoin de moi. Je croisa les bras avec un sourire de victoire collé à mes lèvres.

- Donc vous admettez avoir été trop loin dans vos propos et que des excuses seraient éventuellement la bienvenue?

- C'est bon, j'ai compris. Vous me faites payer pour ce que je vous ai dit l'autre jour c'est ça?

Après le sourire de victoire, c'était un sourire narquois auquel j'avais laissé place en guise de réponse.

- Cinq séances, pas une de plus. Et seulement parce que je n'ai pas le choix

- Ça, ce sera à moi d'en juger

- Très bien alors fixons un rendez-vous qu'on en finisse

Son agacement et son impatience le faisait ressembler à un petit garçon à qui on aurait refusé un jouet et qui s'est décidé à bouder. Nous avions finalement convenu d'un créneau le lendemain matin. Et aussi lunatique que j'ai pu connaitre ce personnage depuis le début, il s'en alla sans même un aurevoir.

Après ce qu'avait osé faire Firhat, je craignais qu'il ne récidive. Je découvrais là une toute autre personne prête à tout pour avoir ce qu'elle voulait. Alors immédiatement, j'avais décidé d'installer des caméras de surveillance et m'équiper de sorte à pouvoir me défendre si tout ça venait à se reproduire.

Il avait bien tenté de me rappeler une dizaine de fois et j'avais fini par bloquer son numéro en espèrant qu'il comprenne enfin que plus rien ne sera possible entre nous. Tout ça était malheureusement bien loin de la réalité...

Héritage AmoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant