Défensive

9 0 0
                                    

J'avais l'impression que cette journée était interminable.

- Encore un petit effort. Tu n'auras qu'à rester assis et savourer le repas

- Ce n'est pas de rester assis là qui me gêne c'est plutôt d'être entouré par tout ce monde. Je te propose qu'on prenne la fuite tous les deux

Elle sourit à cette dernière phrase.

C'était une simple soirée dans un restaurant privatisé et pourtant, c'était déjà trop pour moi. Je faisais un effort monstre uniquement pour lui faire plaisir.

En milieu de soirée, tandis que je discutais avec Elma, Dario se leva, un papier à la main.

- Bonsoir tout le monde. Je... j'aimerais dire quelques mots à l'occasion de cet heureux et... surprenant événement. Qui aurait cru qu'un jour, j'assisterai à ton mariage Eren. Toi, le grand solitaire incapable de supporter qui que ce soit te voilà marié. Elma, un grand bravo à toi pour avoir su dompter l'indomptable! Et encore une fois, toutes mes félicitations !

Comme à son habitude, Dario avait su amuser la galerie. Mais il n'avait pas tord, j'avais moi-même encore du mal à réaliser la présence de cet bague autour de mon doigt. J'étais bel et bien marié.

La soirée s'était poursuivie jusque tard dans la nuit avant qu'enfin, nous puissions rentrer nous reposer.

Tandis qu'elle prenait sa douche, j'en profitais pour prendre soin de bien ranger mes armes et mes papiers. Et lorsqu'elle apparût dans l'encadrement de la porte, je réalisais que tout ça était réel.

- Arrêtes ça

- Que j'arrête quoi ?

- De me fixer comme ça

Je souris. Sans même m'en rendre compte, j'étais incapable de décrocher mon regard d'elle. Depuis le début, elle était une évidence.

- Excuses-moi je... je réfléchissais c'est tout

- Ah bon, et à quoi ?

- Je me demandais juste à quel moment j'avais appris à t'aimer

- Et... tu as la réponse ?

Je m'approcha d'elle avant de passer mes doigts sur son front.

- Au premier baiser mais... je n'en suis plus très sûr. Il faudrait que je réessaye

Doucement, je posa mes lèvres sur les siennes tandis que ses mains se posèrent sur ma taille. Envoûté par son parfum, son corps entier m'appelait. Mes lèvres parcourant son cou et ma main faisant doucement descendre la bretelle de sa robe, je sentais soudainement sa respiration s'accélérer et son corps se figer avant qu'elle ne me repousse brutalement

- Excuses-moi je... je crois que j'ai paniqué

- Non c'est moi. Je n'aurais pas dû avec ce que tu as traversé

- J'en ai tellement rêvé. Ce moment, avec toi, rien que toi et voilà que maintenant je... j'en suis totalement incapable

Ses yeux s'embuaient petit à petit et voyant sa détresse soudaine, je m'en voulais de ne pas avoir agit autrement.

- Hey, ce n'est rien. On a tout le temps d'accord ?

Je ne voulais pas qu'elle s'en veuille. Pas après tout ce qu'elle avait vécu.

Ce soir-là, elle s'était endormie blottie dans mes bras jusqu'à ce que je commence à m'agiter et me réveiller en sursaut en plein milieu de la nuit.

- Eren, est-ce que ça va?

- Oui ce n'est rien. Rendors-toi

- Toujours ces réveils nocturnes ?

Je passais mes mains sur mon visage avant de sortir du lit pour me diriger au rez-de-chaussée.

- Je pensais que tu n'en avais que très peu aujourd'hui

- Moins qu'avant c'est vrai. Remontes te coucher, ne t'inquiètes pas pour moi

- Parce que tu comptes vraiment t'entraîner à cette heure-ci de la nuit?

- Je n'arriverai de toute façon pas à me rendormir

- Est-ce qu'au moins tu suis toujours ta thérapie ?

- Elma, s'il te plaît ne recommences pas avec ça. J'ai l'habitude de ces réveils alors je gère

- Que je recommence avec quoi? Le fait que tu fasses comme si tout allait bien chez toi alors que rien ne va ?!

- Putain qu'est-ce que tu cherches?! Qu'on se prenne la tête à trois heures du matin c'est ça hein ?!

La fatigue cumulée et la colère qui me rongeait ces derniers jours avaient eu raison de moi.

- Non je cherche à ce que tu ailles mieux parce que je m'inquiète pour toi, parce que toi et moi on est désormais mari et femme ! Mais bien sûr toi tu t'en fiches ! Tu es le grand Eren qui n'a jamais besoin de personne!

- Parce que je me suis toujours débrouillé seul et encore maintenant je n'ai besoin de personne!

Merde, est-ce que je venais vraiment de prononcer ces mots ?

Déçue, elle fit demi-tour sans rien dire. Je n'étais décidément pas doué pour les relations humaines, pas même avec celle qui était devenue ma femme.

Préférant laisser les esprits se calmer, j'avais opté pour mon sac de boxe comme défouloir.

***

Mes doigts glissaient lentement sur sa peau soyeuse et délicate. Je pouvais sentir son doux parfum qui menvoutait une fois de plus. Doucement, je chuchotais à son oreille.

- Je suis désolé

Sans dire un mot, elle se retourna dos à moi. Embrassant ses cheveux et toujours en chuchotant, je tentais de me faire pardonner tant bien que mal.

- J'ai menti tout à l'heure, j'ai besoin de toi. La seule personne dont je ne pourrais pas me passer c'est toi

Elle restait silencieuse sans même un mot ni un regard . Encore une fois, j'avais étéi incapable de contrôlermes mots et encore moins ma colère.

Il était presque huit heures et je devais passer au bureau voir Mazen. Mon plan était en marche et si je ne voulais pas qu'il ait le moindre doute, je devais jouer le jeu jusqu'au bout.

- Je dois y aller, on se retrouve cet après-midi

Le vol était pour dix-sept heures. Je nous avais prévu un voyage et si je voulais que celui-ci se passe au mieux, j'avais intérêt à me faire pardonner.

Il était un peu plus de neuf heures quand j'arriva devant le bureau de Mazen qui me fit signe d'entrer.

- Ah voila notre jeune marié! Félicitations!

- Merci

- J'espère pour toi que tu seras aussi performant qu'avant d'avoir la corde au cou. Les femmes peuvent être très possessives quand elles le veulent

- Ne t'en fais pas pour moi, ça ira

Je prenais sur moi pour ne pas lui envoyer mon poing dans la gueule. Cet homme était une pourriture finie.

- Du nouveau avec Boris?

- Je suis dessus et crois-moi, il va finir par parler

- À vrai dire, il s'est pas mal confessé en Allemagne

- Qu'est-ce qu'il t'as dit? Pourquoi est-ce que tu ne m'en as pas parlé avant ?

Je voyais subitement de l'inquiétude dans ses yeux et c'était exactement ce que je recherchais. Je voulais lui faire peur et le pousser dans ses retranchements.

- Ce n'était pas vraiment intéressant. Bon, il faut que j'y aille. On se revoit dans trois semaines

Je savais que je venais là d'aiguiser sa curiosité. Il ne me restait plus qu'à patienter...

Héritage AmoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant