Instinct

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- Putain qu'est-ce que tu nous fais là?!

Je n'étais pas fière de moi mais j'avais bêtement replongé dans tout ça. Tel un alcoolique qui retrouvait enfin sa bouteille.

- Je sais putain, je sais

- C'est pour cette fille c'est ça? Si oui, c'est toi-même qui en a décidé ainsi et ne viens pas me dire que tu l'as fait pour elle parce que tu sais ce que c'est ton problème? C'est que tu es égoïste et incapable de faire le moindre effort pour ton bonheur et celui des autres! Tu te complais dans la vie que tu as toujours eu!

Encore une fois, j'avais été incapable de me contrôler que sans même m'en rendre compte je venais de lui mettre mon poing dans la figure.

- Excuses-moi Dario je...

- C'est comme ça que tu cognes tous les soirs?

J'étais complètement perdu et j'avais finis par être rattrapé par mes vieux démons en participant à des combats de boxe clandestins. Une façon de décompresser et évacuer ma rage. Finalement, rien n'allait en s'améliorant depuis que j'avais laissé partir la seule personne avec qui je me sentais revivre.

Je me laissa tombé sur le banc, complètement dépité.

- Et qu'est-ce que tu veux que je te dise hein?

- On avait dit plus jamais Eren, tu t'en souviens?!

- Et comment je pourrais oublier j'ai faillit le tuer!

Il y'a cinq ans, Dario et moi étions adeptes des combats clandestins et un soir, dans un excès de colère, je ne m'étais pas rendu compte des coups que j'étais en train d'asséner à mon adversaire qui s'est retrouvé inconscient, en sang et gisant sur le sol. Heureusement que Dario et d'autres personnes étaient là pour m'arrêter. Lui et moi nous nous étions jurés d'abandonner ces foutus combats de rue. Mais j'avais malheureusement failli à ma promesse.

- Que tu le veuilles ou non, tu as besoin d'aide et je ne te laisserais pas te détruire comme tu le fais

- C'est ce que je sais faire de mieux visiblement

Il valait mieux en rire qu'en pleurer.

- Sérieusement Eren

- OK, OK tu as raison

C'est vrai. Je n'allais pas bien et l'avouer n'était pas facile. La réalité était que je ne pensais pas être aussi faible et touché par le fait de la laisser s'en aller. L'imaginer avec cet homme était presque un châtiment quotidien.

- Oublies-la. Elle est mariée mec et désolé de remuer le couteau dans la plaie mais... tu as tout fait pour alors maintenant, passes à autre chose. Fais ta vie et laisses-la faire la sienne

- Pas tant que j'aurais eu le fin mot de cette histoire

- Y'a rien à creuser. Le gars était en couple avec une autre femme qui n'a pas supporté qu'il la quitte et voilà tout

- Non, il y'a autre chose. Je ne sais pas quoi mais je trouverai

- Il y'a que cet homme est marié avec la seule fille que tu as pu aimer. C'est tout

- Je te dis que ça n'a rien à voir avec ça. Pourquoi l'avoir quitté aussi précipitamment pour ensuite se marier avec une autre au bout de quelques mois à peine? Non il y'a quelque chose qui ne colle pas

Dario laissa échapper un long soupire, me prenant presque pour un fou. Je comprenais qu'il était inutile de tenter de le convaincre mais j'étais sûr de moi et je comptais bien mener mon enquête.

                                ***

Telle une ombre qui le suivait partout je scrutais le moindre de ses faits et gestes. Durant trois longues semaines, je l'avais pris en filature. Il fallait le dire, il la traitait avec bienveillance et je ne supportais pas de les voir ensemble. Je commençais à penser que c'était dans ma tête et que Dario avait peut-être raison jusqu'au Samedi soir où je le suivis jusqu'à une luxueuse villa. Je n'étais pas parvenu à voir qui lui avait ouvert la porte mais je profitais de son absence pour m'introduire discrètement dans sa voiture. Par chance, il y avait laissé son sac où se trouvait son portefeuille. Rien d'intéressant ne semblait se trouvait dans cette voiture jusqu'à ce je tombe sur une petite enveloppe avec un logo dessus. Un logo que j'avais déjà vu mais impossible de me rappeler où. J'entendis soudainement des voix se rapprocher. Il était temps que je m'en aille, emportant avec moi l'enveloppe.

En retournant au bureau en fin d'après-midi, je croisa Mazen.

- Ah, te voilà enfin. Tiens, prends ça. Ton avion est à dix-neuf heures

Je regarda le billet qu'il me tendit. Rome.

- Non sur ce coup là je ne vais pas pouvoir Mazen, trouves quelqu'un d'autre

- Qu'est-ce que tu as de plus important à faire que cette mission?

- L'information que nous a filé Ömer par exemple. Si ce qu'il m'a dit est vrai, le bateau devrait arriver dans deux jours

- Ça, c'est moi qui m'en occupe

- Hors de question. J'ai eu l'information, c'est mon affaire

Il avait toujours ce tic nerveux avec sa bouche lorsqu'il était agacé.

- Putain ce que tu peux être borné. OK très bien mais après ça, direction Rome et sans négociation

Je hocha la tête en signe d'acquiescement.

- Et reposes-toi, tu as vraiment sale mine

Sur ce coup là, il avait raison. Je ne dormais que très peu et les réveils nocturnes avaient repris depuis un bon moment si ce n'est davantage. Je prenais sur moi pour ne pas succomber à la tention d'un combat ou deux en retrouvant le chemin du Club où j'avais proposé à Senad de donner cours bénévolement.

Aujourd'hui encore, j'étais en retard comme très souvent.

- Excusez mon retard. On s'échauffe un peu puis ensemble, on étudiera deux nouvelles techniques de défense. Je vous veux deux par deux

J'étais tellement épuisé par mes journées interminables que je n'avais même pas remarqué qu'elle était là et j'avais feint de ne pas la voir jusqu'à la fin du cours. Tandis que les élèves commençaient à s'en aller un à un, j'en profitais pour écrire quelques notes à Senad dans son bureau. Plongé dans mes pensées, j'entendis la porte s'ouvrir et la vis qui se tenait pile en face de moi, les yeux presque embués...

Héritage AmoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant