Partout où tu iras (Lloyd Hansen)

Chapitre 23

Bilbao, Espagne. 28 février 2020

J'ai mis mes plans au point pour me faire repérer mais sans trop non plus, pour ne pas que ça paraisse trop gros.
Je laisse mon visage traîner ici et là sur une vidéo de surveillance.
Jones est trop bête et sûrement trop en colère pour comprendre que si il obtient des pistes, c'est parce-que je le veux bien mais je ne sais pas si Lloyd comprendra ce que je fais parce-que à l'heure actuelle, il doit être dans une rage folle contre moi.

Je lui ai laissé cette lettre mais je pense qu'il ne doit pas comprendre pour autant comment j'ai pu péter les plombs à ce point et perdre toute ma lucidité. On doit garder la tête froide en toutes circonstances et j'ai merdé dans les grandes largeurs.
Je suis sûre qu'il ne doit même pas me reconnaître.

Quoi qu'il en soit, je me prépare.
Je me prépare à ce qu'une unité d'élite vienne essayer de mettre la main sur moi et je dois me battre comme je ne me suis jamais battue pour ma vie car je veux voir Lloyd une dernière fois. Je veux même que ce soit lui qui me tue parce-que ça sera plus facile à accepter.
Je sais que ce que je lui demande est insensé mais ça sera sa plus grande preuve d'amour. S'il n'est pas trop bête, il le fera pour se sauver lui-même.

Urugne, France, 3 mars 2020

Ça a été compliqué mais j'ai su me sortir presque indemne des trois hommes que Jones avait envoyé à ma recherche à Bilbao. Juste une petite cicatrice sur la cuisse droite marquant le coup de couteau que j'ai pris. Ce n'est rien de méchant, ça ne m'empêche pas de marcher et de toute manière, ce n'est pas la première fois que je suis blessée.
En revanche, je vais devoir être plus prudente à l'avenir parce-que plus je m'en sortirai, plus entraînés seront ceux qui viendront me chercher. Jusqu'à ce qu'il vienne, lui. Et quand Lloyd sera là, je pourrais enfin abandonner.

Il me manque tellement. Je regrette tout ce que j'ai pu penser sur la faiblesse que provoquait l'amour; parce-que l'aimer ne me rend pas plus faible, au contraire, c'est dans ça que je puisse la force nécessaire pour continuer à me battre.

Je l'attends parce-que c'est lui que je veux voir en dernier. Sans ça, je pense que j'aurais abandonné parce que soyons réaliste, je n'aurais pas pu continuer à me battre toute ma vie comme ça. Je n'ai jamais cru que de vivre caché était si bien; alors oui, je serai en sécurité quelque part mais faire toujours attention à tout, aux gens qu'on rencontre, à ce qu'on fait, ça m'aurait épuisé à la longue.
Je ne suis pas faite pour vivre comme un rat d'égout. Je suis faite pour étinceller.

Munich, Allemagne 6 avril 2020

J'ai attendu avant de me montrer à nouveau, il faut que je sois patiente. Je ne suis pas n'importe quelle fugitive, j'ai été entraînée pour me cacher, conditionnée à ne laisser aucune trace derrière moi alors il faut que ça a l'air d'être simplement un moment de passage à vide.
Cette fois c'est à Munich que j'ai laissé ma tête sur une caméra de surveillance dans une boutique d'armes à feu.
Ce petit tour d'Europe me plaît bien, c'est sympa. Je n'ai jamais pris le temps de visiter grand chose dans ma vie, tout était toujours question de travail.

Le manque cruel de communication me fait perdre la tête, j'avais toujours tout sous contrôle avant et me retrouver ainsi me flippe.
Alors j'ai osé me servir du téléphone que Liam a fait mettre dans la boîte à gant de la voiture, entouré d'un post-it "en cas d'urgence" et qui contient uniquement son numéro.
Ce n'est pas une urgence, je veux juste savoir ce qu'il se passe dans notre monde.