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Pose-moi une question. Lança Armin, un sourire aux lèvres.

Laquelle ? Répondit Annie prise au dépourvue.

Celle de ton choix.

La jeune femme fixa son café en passant en revue les interrogations qu'elle pouvait avoir. Elle en chercha une convenable, mais la même revenait toujours. Alors, sans avoir le courage de le regarder en face, elle souffla,

Est-ce que tu as peur de mourir ?

Armin paraissait toujours de bonne humeur, bon vivant, comme si l'épée de Damoclès qui se trouvait au dessus de sa tête n'existait pas.

Il haussa légèrement les sourcils mais lui répondit tout de même, le regard rivé sur un point invisible face à lui,

Au début forcément... Puis j'ai réalisé que la mort n'était pas une fin en soit. Je suis un aventurier dans l'âme, rit-il. J'aurai préféré découvrir le monde de mes propres yeux, mais c'est impossible ; alors je voyage à travers mes livres, mon ordinateur... Ça me permet au moins de rester à proximité de mes amis. La mort est la seule véritable aventure que je vais pouvoir entreprendre et... je suis curieux de voir ce qui m'attend.

Annie baissa la tête. Le discourt d'Armin était à la fois déchirant et pleins d'espoir, peut-être était-ce une façon plus douce d'accepter son sort.

Ce qui me fait peur en revanche, c'est de finir progressivement prisonnier de mon corps. De ne plus pouvoir faire ce que j'aime, et de faire souffrir mes proches...

La blonde ferma les yeux un court instant pour prendre une profonde inspiration. Si seulement elle pouvait oublier tout ça, oublier ce garçon si attachant.

Pourquoi le laisses-tu entrer ?

Et toi, de quoi tu as peur ? L'interrogea-il naturellement en retour, ses yeux océans posés sur elle.

Annie releva la tête, les lèvres légèrement pincées.

Rien de bien intéressant. Dit-elle en replaçant une mèche derrière son oreille avant de se lever.

"C'est étrange. On voit seulement l'extérieur des gens, mais presque tout se passe à l’intérieur." Fit le blond en la suivant du regard, un petit sourire aux lèvres. L'enfant, la taupe le renard et le cheval. Ajouta-t-il en levant le livre d'une main.

La jeune femme appuya silencieusement sur l'un des boutons de la machine en le dévisagea du coin de l'œil. Une fois la boisson prête elle vint la poser devant un Armin surprit.

Bois ce que tu aimes.

Ce n'était pas un café mais un chocolat chaud. Le visage du jeune homme se teinta d'un rose délicat.

Comment as-tu deviné ?

J'ai supposé.

Cette fois il ne lui répondit que par un mignon sourire, heureux par le simple fait de boire un chocolat chaud. Annie sentit son cœur se réchauffer dans sa poitrine.

Des adieux... Murmura-t-elle presque en s'asseyant de nouveau.

Sous cette attitude froide et indifférente se cache en réalité une grande sensibilité, si grande et si fragile que pour se protéger elle ne laissait jamais personne l'atteindre pleinement. Parce qu'au final, ça finit par la briser, les "au revoir".

Armin n'insista pas pour avoir plus de détails sur sa réponse. En avoir une était déjà formidable.

Il est entré.

Je t'attendrai - AruaniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant