Unstable

2. Eclat de vie

Pdv: Arel

Après avoir quitté tout le monde je me retrouve seul dans les rues les plus pauvres de New York. Elles sont désertes, à cette heure ci il n'y a plus personnes à part quelques individus qui n'ont pas de logement et qui dorment au coin des rues puantes et humides.

je slalome dans ces quartiers, le vent embrasse ma peau écorché sur les coudes à cause des chutes, la brise frôle mes cils. J'ai l'impression d'être vivant mais tout est vide.

Je peux dire que j'ai eu la chance d'avoir un toit, même si mon immeuble tombe presque en ruine et que mes parents et moi sommes à deux doigt de finir dans les rues nous aussi. Mes parents s'acharnent au travail pour gagner assez d'argent mais parfois ça ne suffit pas. Les loyers augmentent, les dettes aussi comme la pression qui fait rage en nous avec la peur qui nous bouffe les tripes et les larmes qui cillent nos joues pour laisser à jamais des traces invisibles aux yeux du temps. Si on se retrouve à la rue il y a peu de chance que mes parents y survivent. Alors moi aussi je travail constamment, je me tue à la tâche, effectuant des petits boulots à droite à gauche.

Arrivé devant mon immeuble j'observe cette façade qui ne m'a pas manqué. J'aime les tags, car c'est une forme d'art qui me tient à cœur, elle cri des messages. La plupart des tags ont une vitalité de quelques années pour les plus chanceux. C'est de l'art éphémère et j'adore cette notion. Mais sur cet immeuble les tags font mouche. Ils sont dégradés sur un mur qui s'écaille au fils des années, les couleurs sont délavées et ils ne portent pas de messages, ce sont seulement des vieilles écriture qui sont ici depuis des lustres. De la suie parcours la façade, des morceaux de peinture jonche le sol formant un décor ordurier avec les cadavres de bouteilles.

La porte d'entrée est cassée depuis trois ans alors pas besoin de badge pour l'a déverrouillé. Cela laisse champ libre au toxicomane pour venir squatter le hall. Alors les relents de coke sont devenu le parfum de cet immeuble. Parfois j'ai peur que cette odeur incruste mes vêtement de la même manière qu'elle a pris possessions des murs de ma maison.

Je monte à mon étage pour ouvrir la porte de chez moi  qui elle aussi est ouverte, la serrure est complètement fracassée. Quand j'entre je suis frappée par le silence complet qui règne chez moi.  Soit les parents dorment, soit ils sont déjà partis au travail.

Je pénètre dans ma chambre, elle est pratiquement vide elle ressemble à une chambre d'hôtel tellement qu'il n'y a presque aucun effet personnel.

Je pars rapidement à la douche. Je lâche un soupir quand l'eau brûlante touche ma peau. Quand j'applique le gel douche mes blessures me piquent la chair, je crois que je reste au moins dix minutes à me frotter les mains sous cette putain de douche, un rituel que j'aurais voulu éphémère. Avec l'impression que celle ci sont toujours sales, je le sais car c'est comme si j'avais une autre couche de peau qui ne m'appartenais pas et qui me gênais profondément, je sais qu'elles ne sont pas assez propre car elle me brûle et parfois me vient l'envie de les découper. Je le sais car elles tremblent.

Une fois que je me trouve un peu plus propre je m'extirpe de la douche, m'habille et fonce dans ma chambre.  J'attrape mon ordinateur et je cherche ces vidéos, je ne fais que ça depuis des années mais je ne les trouvent pas. Alors quand je sais que je n'obtiendrais rien aujourd'hui j'éteins mon appareil et m'allonge.

Je fixe le plafond et le sommeil ne vient pas. Il ne veut pas de moi. Jamais. Comme si, lui aussi, le sommeil ne pouvait m'accueillir dans ses bras. Donc je m'égare dans mon esprit, sauf qu'il est toxique il aime me faire mal, je ferme les paupière et j'ai l'impression qu'on m'injecte une dose de poison, une dose de mauvais souvenir. J'aimerais tellement avoir une télécommande à porter de main qui me permettrai d'effacer tous ces maux. Le bout du tunnel est trop loin pour moi mais je peux penser à mon point d'encrage. Sanae.