Kawata brothers [Smiley & Angry x OC]

7 - Kenya

Kenya se pressa dans la rue qui menait chez Ko. Il avait oublié de lui rendre son livre de sciences après la classe et il avait dû demander à l'instituteur l'adresse de son camarade pour que Ko puisse faire ses devoirs pour le lendemain. Parvenu à une intersection Kenya regarda les rues qui s'offraient à lui et tourna à gauche. Plus loin un konbini éclairait la chaussée. La nuit était presque tombée, s'il ne se dépêchait pas sa mère allait être furieuse. Il longea une ruelle. Le lotissement où vivait Ko se trouvait au bout. L'appartement de son oncle et de sa tante faisait l'angle et la lumière du salon projetait des ombres mouvantes sur le mur voisin.

Soudain Kenya s'immobilisa. Une silhouette déformée par la lueur tremblotante de l'ampoule s'éleva. Kenya vit une main s'abattre. Aucun cri ne monta de l'appartement.

Kenya écrasa sa main contre sa bouche. Quelqu'un était en train de se faire frapper. Que devait-il faire ? Prévenir la police ? Il recula, le manuel serré contre la poitrine, puis, sa décision prise, il repartit en courant en sens inverse.

Il devait parler à un adulte de ce qu'il avait vu, mais des policiers n'écouteraient sûrement pas un enfant de son âge.

Le lendemain, Kenya arriva de bonne heure à l'école. Il alla immédiatement trouver leur enseignant dans la salle des professeurs pour tout lui raconter. Monsieur Yashiro l'écouta sans un mot.

– Je comprends Kenya, dit l'enseignant lorsqu'il eut terminé. Mais tu dois savoir que la situation de Ko est délicate, cet enfant n'a plus de famille en dehors de sa tante et de son oncle.

– Qu'est-ce que ça peut faire ? S'exclama Kenya.

Le calme de l'instituteur l'horrifiait. L'enfant perdait patience.

– Il faut l'aider et vite ! Reprit-il.

– Tu exagères, dit le maître. C'est son oncle tout de même. Et puis, tu sais que si l'on intervient, Ko se retrouvera placé en foyer. Sa situation sera encore pire alors. Tu crois que ton ami nous en remerciera ?

Kenya le regardait avec incrédulité. Contrairement aux jumeaux, il avait toujours placé ses espoirs dans les adultes qui l'entouraient et il découvrait brusquement que ces derniers n'étaient d'aucun secours.

Durant la matinée de classe, il réfléchit en jetant de temps en temps un coup d'œil à Ko, assis quelques places devant lui. Lorsque la cloche sonna, Kenya savait ce qu'il allait faire. Ko ne l'en remercierait sûrement pas et jamais il n'avait envisagé une solution aussi extrême, mais Kenya ne voyait pas d'autres solutions pour aider son ami.

Quand Ko, Nahoya, Soya et lui s'installèrent sur le toit pour déjeuner, Kenya pesa un instant le pour et le contre. Puis il se lança.

– Ko j'ai froid, dit-il. Tu me prêtes ta veste ?

Les jumeaux le regardèrent, surpris. Ça n'était pas dans les habitudes de Kenya de faire ce genre de choses. Assise entre les deux frères, Ko ne marqua pas une hésitation, elle retira son gilet trop large aux manches pendantes et elle le lui tendit. Les bras et les épaules que révélèrent son t-shirt firent écarquiller les yeux aux jumeaux.

– Ko, dit Nahoya, c'est quoi ça ?

La peau blême de la fillette était couverte de bleus. Seul son visage avait été épargné.

Kenya reprit son souffle.

– C'est son oncle, dit-il. Je l'ai vu hier soir. Je suis désolé Ko.