Kawata brothers [Smiley & Angry x OC]

6 - Amitié

La vie de Ko prit un nouveau tour après cette journée. Elle découvrit ce que c'était que d'avoir des amis et même si elle demeurait toujours silencieuse, ses yeux en disaient autant que des mots sur ce qu'elle ressentait pour la première fois.

Tous les quatre prirent l'habitude de partager leurs déjeuners sur le toit et de traîner en ville ensemble. Pour tout repas, généralement Ko n'avait qu'un bento acheté au konbini, mais Kenya, Nahoya et Soya partageaient volontiers le leur et leurs repas se terminaient le plus souvent en jeux et en courses poursuites, les jumeaux en tête.

– Un jour, dit Nahoya, j'aurai une moto super classe !

Il mima la conduite d'un bolide à grands renforts de bruits de moteur. À côté de lui, Soya était admiratif.

– Tu seras trop cool grand frère ! Dit-il.

– Mais toi aussi tu en auras une Soya ! Répondit Smiley. Il t'en faudra une quand on montera notre gang ! Moi je serai le chef et toi tu seras mon bras droit. Kenya sera le cerveau de notre gang et Ko sera notre fighter numéro un !

Ko ouvrit des yeux émerveillés. Kenya reprit.

– Tu ne m'as même pas demandé mon avis, rigola-t-il. Ma mère me tuerait si je rentrais dans un gang.

– Ça ne sera pas n'importe quel gang objecta Smiley. J'ai déjà le nom : Sugoaku Kai ! (NDA : 双悪會, le gang des démons jumeaux) On se chargera de protéger tout le quartier et plus personne n'aura rien à craindre parce qu'on sera là pour mettre une raclée aux sales types qui harcèlent les autres, comme Masato ! On sera des héros, ta mère ne pourra pas être contre ça !

Kenya rit, mais il ne répliqua pas.

– On aura des uniformes déments, reprit Smiley, avec le nom du gang dans le dos ! Et tout le monde nous respectera grave !

– Tous nos potes en feront partie ! Ajouta Angry. Et on deviendra le plus grand gang de Tokyo !

– C'est clair ! Confirma son frère.

Ko rentra chez elle des rêves plein la tête ce jour-là. Elle avait découvert ce que c'était qu'être une enfant et, même si elle n'arrivait pas à le formuler avec des mots, elle espérait que ces moments dureraient toujours.

La réalité la frappa durement à son retour. À peine avait-elle franchi la porte d'entrée que son oncle la bouscula en passant. Elle se ramassa contre le mur.

– Reste pas dans mon chemin déchet !

Son oncle finit de se chausser et il sortit. Derrière lui, sa femme hurla depuis le salon.

– C'est ça ! Barre-toi connard !

Lorsque tante Mai arriva dans l'entrée, elle vit l'enfant.

– Qu'est-ce que tu regardes toi ?

Comme sa mère, tante Mai et son mari ne supportaient pas la présence de l'enfant dont le mutisme les mettait mal à l'aise. La fillette se recroquevilla sur le sol et sa tante préféra regagner le salon.