Les flocons de neige voltigeaient dans l'air froid de la nuit. Ko les regarda tomber sur le sol, puis disparaître. Sa respiration se condensait en buée et elle souffla sur ses doigts pour les réchauffer. Elle n'était restée qu'un mois comme serveuse du salon de thé. La patronne, d'abord séduite par son apparence, s'était rendue compte que Ko ne parlait presque jamais. Son silence mettait les clients mal à l'aise et elle lui avait expliqué que si elle ne parvenait pas à surmonter ses difficultés, elle devrait partir. Ko avait ensuite trouvé un poste dans un konbini un peu plus loin. C'était un petit boulot d'ordinaire réservé aux étudiants qui vivaient encore chez leurs parents, le salaire était à peine suffisant pour lui permettre de payer son loyer, pourtant Ko s'y était investie de son mieux. Ce fut peine perdue. Là aussi, elle ne savait pas se comporter comme il le fallait avec les clients. Tout ce qui lui avait semblé si simple lorsqu'elle travaillait au restaurant, lui paraissait désormais insurmontable. Après l'avoir gardée plusieurs mois au réassort des rayons, le gérant avait fini par mettre fin à son contrat. C'était un brave homme, elle ne pouvait pas lui en vouloir, il ne pouvait pas employer deux personnes là où une seule suffisait.
Ko s'était alors tournée vers des métiers qui ne nécessitaient pas de contact avec le public. Elle avait d'abord travaillé dans une usine d'emballage de produits ménagers. Pendant un temps, elle s'était mise à penser que c'était peut-être là le travail qui lui convenait. Les tâches répétitives ne demandaient pas d'habileté particulière et elles lui laissaient l'esprit libre. En plus, les échanges avec les autres employés étaient rares. Mais au bout de quelques mois, elle fut convoquée dans le bureau du contremaître. Apparemment, ses collègues s'étaient plaints d'elle. Ils lui reprochaient de ne pas faire d'efforts pour s'intégrer dans l'équipe et de faire bande à part.
Ce jour-là, Ko eut du mal à retenir ses larmes. L'homme s'en était aperçu. Il lui avait tendu un mouchoir.
– Allons, ne pleurez pas pour ça, lui avait-il dit. Vous êtes une jeune fille sérieuse, vous trouverez un emploi ailleurs.
Ko avait hoché la tête, incapable de dire un mot. Devant elle, l'homme avait réfléchi.
– Attendez voir, avait-il dit, il me semble que dans la société où travaille ma belle-sœur ils cherchent des femmes de ménage pour le service de nuit. Est-ce que ça vous dérangerait de travailler de nuit ?
Cela faisait donc désormais trois mois que Ko travaillait au sein de la Yamamoto Company, une société de courtage en bourse qui possédait des bureaux dans un des plus grands buildings du centre-ville. Elle arrivait le soir vers dix-huit heures, heure à laquelle les employés commençaient à partir et elle se chargeait des bureaux du onzième au treizième étage. Chaque employée avait son secteur et elles ne se croisaient presque jamais. Cela n'empêchait pas Ko d'essayer de faire de son mieux pour être acceptée. Elle n'aurait pas dû s'en faire à ce sujet, ses horaires de travail lui faisait quitter son poste généralement vers une ou deux heures du matin, une heure où il n'y avait plus de train. C'était la raison pour laquelle ses employeurs avaient eu du mal à trouver une personne pour cette place.
Ko s'acheta un sandwich et une boisson dans un konbini voisin et elle s'assit dans le parc où elle avait pris l'habitude d'attendre le premier train pour rentrer. Il faisait froid ce soir-là. La neige ne tenait pas encore au sol, mais ça ne tarderait plus.
Plongée dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué la silhouette qui l'observait depuis le pont qui surplombait la route. Les bras posés sur le garde-corps, Nahoya la regardait sans un mot. Ça n'était pas la première fois qu'il venait voir discrètement si tout allait bien pour elle. Il se sentait une responsabilité de grand frère à son égard. Il détourna les yeux et s'apprêta à partir, lorsqu'il vit Ko se lever précipitamment. Intrigué, il essaya de la suivre des yeux, mais elle disparut de l'autre côté du parc, sous le couvert des arbres. Inquiet, il descendit pour voir ce qui se passait.
Le cri ne trompait personne, Ko abandonna ses achats sur le banc et elle courut jusqu'à la ruelle où elle l'avait entendu. Là, elle découvrit une adolescente au prise avec quatre hommes plus âgés. L'un d'eux lui avait arraché son manteau et il passait la main sous son pull d'un air qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Ko se jeta sur lui en premier et sous l'impact il roula au sol, surpris. L'adolescente en profita pour prendre la fuite, laissant Ko face à ses agresseurs.
– On en perd une, dit l'un des hommes, mais on en gagne une autre.
Le premier se releva et Ko réalisa qu'elle était en difficulté. Une agression n'avait rien à voir avec les bagarres de gangs auxquelles elle avait participé par le passé. Ici, ces hommes étaient là pour lui faire du mal, et elle était seule. Habituée à recevoir et donner des coups, elle ne se laissa pas impressionnée. Elle frappa et crut même un instant qu'elle pourrait fuir elle aussi, mais elle fut cependant vite maîtrisée. Les bras bloqués dans le dos, elle essayait de se dégager, lorsqu'une voix qu'elle connaissait bien monta au bout de la ruelle.
– Quatre contre une fille ? Vous êtes vraiment des bâtards vous savez ?
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Kawata brothers [Smiley & Angry x OC]
Fanfiction[Terminée] ➤ Prochainement sur Ao3 (version complète) - Pouick_Pouick 𝗞𝗼 𝗳𝗮𝗶𝘁 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗿è𝗿𝗲𝘀 𝗞𝗮𝘄𝗮𝘁𝗮. 𝗟𝗲𝘀 𝗱𝗲𝘂𝘅 𝗴𝗮𝗿ç𝗼𝗻𝘀 𝘃𝗼𝗻𝘁 𝗰𝗵𝗮𝗻𝗴𝗲𝗿 𝘀𝗮 𝘃𝗶𝗲. Les images et les personnages ne m'...