Kawata brothers [Smiley & Angry x OC]

22 - Accusations

Quand les jumeaux arrivèrent à l'hôpital, Ryôta et Yohei les attendaient devant la salle d'opération. Tous les deux étaient dans un sale état, Yohei portait une attelle au bras et son visage était en train de virer au bleu et Ryôta avait des points de suture à l'arcade.

– Où il est ? Demanda Smiley.

Yohei lui montra la porte derrière lui.

– Les médecins ne veulent rien nous dire, lui dit-il.

– On a rien pu faire les gars, dit Ryôta. Les mecs du Tenjiku nous avaient déjà défoncés quand Ko est arrivé.

– Il s'est directement jeté sur Mocchi, poursuivit Yohei. Et il a pas voulu lâcher l'affaire.

– C'est bon, le rassura Smiley. Vous y êtes pour rien.

– C'est vrai, dit son frère. C'est ce bâtard de Mocchi le responsable.

Tous les quatre s'installèrent sur les sièges en plastique et attendirent. Au bout d'un moment qui leur parut interminable, la lumière au-dessus de la porte s'éteignit. Smiley, Angry, Yohei et Ryôta se levèrent comme un seul homme. Le médecin parut, suivi d'une infirmière. Il retira rageusement son masque et le jeta à la poubelle. L'infirmière lui tendit son bloc-notes.

– Alors docteur ? Demanda impatiemment Yohei.

– Votre amie est tirée d'affaires, répondit le médecin.

Yohei et Ryôta laissèrent éclater leur joie.

– Ouais ! Bien joué Ko ! S'exclama Ryôta.

– Je vais téléphoner aux autres pour les prévenir ! Dit Yohei. Tu viens Ryôta ?

– J'arrive !

Tous les deux sortirent en courant et les jumeaux restèrent avec le médecin et l'infirmière. Le médecin reprit.

– Je dois tout de même vous avertir que l'état de votre amie n'est pas passé inaperçu. Mis à part les blessures subies aujourd'hui, dit-il en feuilletant son bloc-note, cette jeune fille porte des traces de maltraitance multiples. Certaines n'ont que quelques jours.

Il releva les yeux, furieux. L'infirmière derrière lui détourna la tête, gênée. Le médecin reprit :

– C'est donc à cela que vous jouez dans votre petit gang ?

Il regarda les jumeaux l'un après l'autre.

– Soyez certains que je vais prévenir la police, conclut-il. Et si ça ne tenait qu'à moi, vous iriez pourrir en prison, vous et vos amis, jusqu'à la fin de vos jours.

Il se détourna sans attendre de réponse et l'infirmière le suivit après un dernier regard aux deux garçons.

– Il... il vient de dire quoi ? Murmura Angry.

Il avait l'impression d'avoir quelque chose de coincé dans la gorge. Le visage de Smiley s'était fermé.

– Il vient de dire que nous avons merdé, répondit-il, sur toute la ligne.

Lorsqu'ils sortirent de l'hôpital, Smiley marchait d'un pas rageur. Son frère avait du mal à le suivre. Smiley reprit avec un sourire effrayant.

– On dirait que nous allons rendre visite à une vieille connaissance, dit-il.

Yuishiro Tenno rentra tard ce soir-là. Il était passé à l'hôpital après le coup de fil du médecin, mais il n'y était pas resté longtemps et il avait eu envie d'aller boire un verre en sortant. C'est en titubant qu'il remonta la ruelle menant chez lui, ruelle depuis laquelle Kenya l'avait surpris quelques années plus tôt. Une ombre lui barra le passage.

– Salut fils de pute, dit Smiley en sortant de l'ombre. Tu te souviens de nous ?

Tenno recula, mais Angry lui bloqua la sortie de la ruelle, une batte de baseball à la main.

– On dirait que tu n'as pas bien compris la dernière fois, dit-il.

Smiley s'avança à son tour.

– On va faire en sorte que la leçon rentre bien dans ta tête cette fois, ajouta-t-il.

L'homme essaya de se défendre, mais en vain, ses adversaires avaient l'habitude de se battre, contrairement à lui. Tenno finit roulé en boule par terre contre le mur à pleurnicher. Smiley continua de cogner, mais Angry ne ressentait aucune envie de l'arrêter.

À bout de souffle, Nahoya se redressa.

– Tu mériterais que je te tue salopard, dit-il.

Tenno releva la tête, il était plus pitoyable que jamais.

– Vous savez quoi, bafouilla-t-il, allez vous faire foutre. La gamine a quinze ans, elle peut légalement être émancipée. Je veux plus qu'elle remette les pieds chez moi. Elle a qu'à aller dormir sous un pont, c'est plus mon problème.

Smiley le regarda avec une haine qu'il n'avait imaginé pouvoir ressentir. Cette fois son frère dut le saisir à bras-le-corps pour l'arrêter.

Assis sur leurs motos, le long de la rue, les jumeaux demeuraient silencieux.

– On fait quoi Smiley ? Dit Angry. À cause de nous, Ko n'a plus d'endroit où vivre maintenant.

Son frère plongea ses mains dans ses poches.

– J'appellerais pas ça un endroit où vivre, dit-il.

Il se leva.

– Tu te rappelles Angry, quand on parlait de notre avenir et de nos projets ?

Soya hocha la tête.

– Je crois, reprit Smiley, qu'il est temps de mettre en branle le plan A.

Il regarda son petit frère avec un grand sourire.

– Allons voir notre vieux, dit-il. Il a une promesse à tenir.