Sanvisage ~ Le Détenteur

6.2 Promenade

PDV Nélya

     Ça fait une éternité que je n'ai pas aussi bien dormi. Mon merveilleux matelas m'avait manqué. Je ne me souviens même pas m'être endormi tellement j'étais fatiguée du voyage hier soir. Je m'habille d'une combinaison légère et au pantalon bouffant. Les manches aux épaules ouvertes glissent sur mes avant-bras.

Je me rends dans le hall. J'aime venir observer mon cousin méditer. C'est toujours fascinant de le voir plonger et concentrer sur son flux énergétique.

Mais il n'y a personne. C'est bizarre. A cette heure-ci, il devrait être ici.

- Ils ont une audience avec le roi ce matin.

- Egalion, m'exclamé-je effrayé. Que faites-vous dans le noir. Prévenez les gens au lieu de leur faire peur !

Je l'avais oublié celui-là.

L'évadé se met à marcher autour de moi. Il a rasé sa barbe et porte des vêtements propres.

Comment ça, ils ont une audience ? Ils y vont sans moi ? C'est une visite du clan alors, et non familiale, ni d'affaire commerciale.

D'ailleurs, j'ai le droit d'avoir une place dans le clan. Pourquoi père ignore le sujet ? J'ai fait mes preuves en m'infiltrant dans une prison pour libérer cet homme ! Qu'attend-il de moi ?

- Désolé de vous avoir fait peur.

- Vous jouez les nounous ? Pourquoi n'allez-vous pas traîner dehors ?

Pourquoi ont-ils laissé Egalion seul ? Ce mage est surpuissant. N'est-il pas dangereux et convoité ? Le roi Lodrum ne risque pas de le trouver chez nous, remarque. Comment pourrait-il le savoir ?

- Je me perdrai dans cette immense ville. À moins que vous vouliez me faire visiter ?

Il m'invite à sortir ? Ou est-ce une tactique pour fuir ? Ou me faire du mal ?

- Je ne pense pas pouvoir...

- Vous appréhendez ma compagnie ? Ou est-ce le fait que je sois recherché par un royaume allié qui vous inquiète ?

- En partie. Oui. Disons que je n'ai pas le droit de sortir quand cela me chante.

Sauf que je le fais en douce. Et Trane me surprend à chaque fois. Malheureusement pour lui, je ne suis pas docile. Je réussis toujours à faire le mur pour rejoindre la ville.

- Pourtant, j'ai cru comprendre que vous n'aimiez pas suivre les règles ? Avez-vous peur de ma compagnie ? Ou alors vous vous inquiétez de la réaction de votre père s'il apprenait que vous êtes sorti sans sa permission ? Vous n'êtes plus une enfant, Nélya. Vous avez quoi ? Seize ans ?

Il est vraiment perspicace. Est-ce que ma vie est si évidente que ça ?

- J'en ai quinze. Je vous retourne la question, Egalion.

- Dix-sept ans. Il me semble. Je n'ai pas eu l'occasion de les compter ni de les fêter à vrai dire.

Il se gratte la tempe, embarrassé.

- Venez, lancé-je. Je vais vous montrer les endroits que je préfère en ville.

*
Je nous téléporte sur le pont Frate.

- Pourquoi avez-vous changé d'avis, me demande-t-il.

- L'autorité ne m'impressionne pas. Mon père contrôle chacun de mes gestes ? Vous sembliez penser ainsi. Mais, vous ne me connaissez pas, pas encore. Disons que, contrairement à Freus, on me tient difficilement.

Il se racle la gorge et je commence la marche d'un pas léger.

- Vous vous rebellez contre votre famille ?