Chapitre 2

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J'ai le cœur en miettes.

J'ai la sensation de voir ma vie défiler sous mes yeux depuis que l'annonce m'a été faite.

Pourquoi est-ce que son visage s'efface doucement de ma mémoire? Pourquoi son image et nos souvenirs me reviennent désormais en noir et blanc?

Je n'ai pas les mots, je n'en aurai jamais. Seules mes larmes pourraient parler à ma place actuellement.

Mon monde s'effondre autour de moi et je le regarde seulement, impuissante.

Je pose ma main amaigrie sur mon ventre, laisse mon pouce le caresser.

– Papa!

Je ne pensais pas pouvoir tomber plus bas.

Je ne pensais pas qu'on pouvait réussir à retrouver chaque miette de mon cœur pour les réduire en cendres.

Je ne pensais pas que l'utopie que je vivais était en réalité une dystopie déguisée.

De la vie à la mort, de la vérité au mensonge.

Je m'approche de cette femme en pleurs, qui retient ses deux petits garçons de sauter dans le même trou que le cercueil. Mon arrivée les calme.

Moi: Puis-je savoir qui étiez-vous pour...lui?

Elle tapote ses joues avec un mouchoir et serre ses enfants comme s'ils étaient son trésor.

– Nous étions mariés depuis 4 ans, il m'a promis qu'il reviendrait vivant de cette mission...

Du rêve au cauchemar.

Je m'éloigne de cette veuve et ces orphelins, je ne veux plus qu'une chose quitter ces funérailles au risque de vouloir me jeter dans ce trou moi aussi.

De l'amour à la haine.

Et mes mains se tachent de sang, et mon ventre me fait vomir des papillons, et mon utérus me fait saigner notre enfant.

– Yume.

Je lève les yeux et m'aperçois qu'ils me regardent tous.

Moi: Pardon, tu disais?
Koko: Combien penses-tu qu'on devrait envoyer d'hommes pour l'assaut de vendredi?
Moi: Les unités 3 et 4 suffiront.
Akashi: Une trentaine d'hommes seulement? T'es sûre que ça va suffire?
Moi: Certaine, ces unités sont celles qui ont le mieux évolué, si ça peut te rassurer la dixième unité peut se placer en renfort.
Mikey: Inutile. Koko tu convoqueras les unités qu'elle a données.
Koko: Bien.

Je bois l'eau qu'il reste dans ma bouteille d'une traite, ma fatigue commence à se faire lourde.

Ran: Tu es de plus en plus distraite ces derniers temps. A quoi tu penses?

J'ai dit à quel point je détestais le côté observateur de ce parasite?

Moi: Je vais bien.
Rindou: Tu nous rabâches ça tout le temps, sérieux.

Je me lève et récupère mes clés.

Moi: Je rentre chez moi.

J'ai besoin d'un bain, de dormir aussi. Je suis épuisée.

Rindou: Attends.

Je m'arrête sans me retourner.

Rindou: On a fait des recherches sur ce que tu faisais après ton départ.

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