"En tête à tête avec un ange" Les Hors Série

N°1: Le vrai courage

"Je suis lâche..."

La phrase avait fait doucement sourire le commandant qui secoua la tête. Il était sûr que ce n'était pas là ce qui manquait à la jeune femme, au contraire. Mais Avelen ne semblait pas disposée à l'accepter aussi facilement. Il ne le lui reprochait pas, se flageller était tellement facile quand on était face à autant d'incertitudes. Et tout comme le courage, ce n'était pas les incertitudes qui manquaient à la jeune femme.

"Vous n'êtes pas lâche Avelen, le vrai courage est quelque chose de particulier, peu de gens comprennent ce que c'est Murmura gentiment Lasbelin en tapotant son dos la peur et le courage ne sont pas des antagonistes mais des amies, l'une n'existe pas sans l'autre

- Parce que vous vous savez ce que c'est d'avoir peur?"

Un sourire sage et amusé à la fois s'étira sur les lèvres du commandant alors qu'il haussait les épaules, invitant Avelen à s'asseoir. Celle-ci obtempéra bien sûr, rendue curieuse parce que l'elfe allait lui raconter.

"Laissez-moi vous raconter une histoire"

*

Avoir peur, voilà quelque chose qu'il n'aimait pas. Lasbelin de la Maison de la Source était ce genre de personne qui ne semblait avoir peur de rien mais qui étaient en réalité terrifiées par tout. Au-dessus de tout, il était arachnophobe. Peut-être parce que celles-ci représentaient toutes les raisons pour lesquelles il pouvait perdre les siens. S'il avait été plus courageux il aurait sûrement aimé toutes les exterminer mais il ne pouvait pas. Il avait l'impression que leur simple vision ou évocation le rendait inoffensif. Et malheureusement pour lui être inoffensif n'était pas dans le champ de ses possibilités.

Alors en tombant sur le petit prince acculé par une araignée, au beau milieu de la forêt, il se sentit très coupable. Coupable parce que il n'arrivait pas à bouger malgré le danger. Son cœur semblait refuser de battre et ses poumons respirer. Il ferma les yeux. Il tenta de se débarrasser de l'idée du corps du petit elfing étendu par terre sans vie. Sans succès.

"Est-ce que sa vie a donc si peu de valeur?"

"Bien sûr que non" songea le jeune ellon. Le petit prince Legolas était le dernier soleil de Lasgalen, la seule personne qui faisait sourire leur roi. Il ne pouvait pas le laisser sans défense. Et pourtant ses muscles refusaient de lui obéir, le forçant à assister à la scène. Jusqu'à ce que quelque chose se passe dans son esprit.

Tout se passa très vite. Entre le moment où il décida qu'il allait agir et le moment où il se retrouva sur l'araignée. La texture était moins gluante que ce à quoi il s'attendait mais il eut quand même envie de vomir. Les poils de la créature étaient collants et dégoûtants. Alors il donna un gros coup de pied énergique dans le corps de la bête.

"Votre altesse, mettez-vous de côté!"

Il saisit son arme, et son courage, à deux mains. Attrapant son arc, il se retourna vers l'araignée et décocha une flèche qui rata sa cible. La honte...! Mais au moins maintenant il était entre Legolas et l'araignée. Le prince était en sécurité. Mais pas lui. L'araignée était furieuse et s'approcha à toute vitesse avant de tenter de l'attraper entre ses mandibules. Il était agile et réussissait à esquiver à chaque fois, roulant sur le côté ou se penchant. Mais il ne pouvait pas continuer indéfiniment.

Une nouvelle flèche siffla et atterrit sur la jointure entre l'une des pattes et le corps de l'araignée. Celle-ci poussa un sifflement de colère et se mit à attaquer de plus en plus rapidement. Il fallut à Lasbelin toute sa détermination pour prendre le prince dans ses bras et se baisser juste à temps. Il put sentir la patte de l'animal effleurer ses cheveux au même moment. Heureusement, il bougeait vite, très vite.

"Accrochez-vous à moi! Fermez les yeux"

Il sentit les petites mains de l'elfing s'agripper à lui et ses bras autour de son cou. Ce n'est qu'à ce moment qu'il se rendit compte que le petit tremblait autant que lui. Logique. Mais il ne pouvait pas s'y attarder car son adversaire venait de briser son arc. Entre ses mandibules, le bois, même elfique, n'avait pas fait long feu. Et le craquement qu'il avait entendu lui rappelait désagréablement celui de ses propres os dans un potentiel futur.

La seule solution était l'épée qu'il avait à sa ceinture et donc s'approcher de la bête. Crotte. Il le fit. Il bondit, Legolas toujours contre lui et atterrit sur le dos de l'araignée. Celle-ci siffla encore plus fort alors que Lasbelin lui enfonçait son épée à peu près dans le cou. Échouant cependant à l'achever. Déstabilisé, il roula dans les feuilles en tenant fermement le prince pour le protéger, sentant l'une des pattes de l'araignée lui déchirer la peau du dos.

"On va mourir Las?"

La toute petite voix de l'elfing lui écrasa le cœur et il se senti soudainement investi d'une grande force malgré la douleur. Si il y avait bien quelqu'un de précieux dans cette forêt épaisse c'était cet enfant.

"Non mon prince, tout va bien"

Oui, il ne pouvait pas laisser le petit mourir et il devait le ramener rapidement à la maison. Il rassembla son courage et sa force et grimpa sur le dos de l'animal. Il saisit la poignée de l'épée et l'enfonça d'un coup sec, profond et précis. Un cri de douleur et de haine s'échappa de l'immondice qui s'effondra d'un coup. Il faillit tomber mais resta solidement accroché à son épée pour éviter la catastrophe.

Et ce n'est qu'une fois sur le sol, sur la terre ferme, qu'il s'autorisa à avoir peur. À avoir assez peur pour faire demi-tour et courir aussi vite qu'il le pouvait. Il courait, protégeant le prince avec ses bras. Il courait tellement vite qu'il ne sentait pas les branches sur son visage et la douleur quand elles le fouettaient. Sa besogne était terminée, maintenant il voulait oublier la peur éprouvée. Sa besogne était terminée, maintenant il voulait rentrer. Sa besogne était terminée, maintenant ils étaient en sécurité.

*

"Vous me racontez une blague... n'est-ce pas?"

Lasbelin eut un petit sourire en coin, sans répondre. Ses yeux se perdirent un instant dans le ballet des feuilles qui dansaient avec le vent. Il semblait songeur comme si lui-même réfléchissait à la leçon que cette expérience lui avait apprise. Puis il se tourna vers elle et Avelen se sentit comme étrangement happée par le regard de son ami. La plupart du temps Lasbelin avait une sorte d'activité de gardiennage quant à la jeune femme mais ils étaient très proches. Comme si dès leur première rencontre le lien s'était construit. Une sorte d'amitié fortuite mais que chacun appréciait comme si elle complétait quelque chose de profond.

"Je blague rarement Avelen S'amusa l'ellon avec un petit sourire en coin mais là n'est pas la leçon, ce que je veux dire c'est que ressentir de la peur est plus que normal, seuls les monstres ne la connaissent pas et vous n'en êtes pas un...

- Je comprends... Elle fit une petite pause merci Lasbelin

- C'est moi qui te remercie mellon nîn"

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Incapable de prendre une pause? Peut être oui...! Mais c'est parce que j'ai beaucoup de choses à dire sûrement... enfin bref!

Je triche un peu car j'avais déjà publié une version de cette histoire dans le petit livre des défis mais comme je sais que ce n'est pas lié à ma fanfiction et que peu d'entre vous l'ont consulté j'en ai profité! Et puis j'ai modifié l'histoire et certains passages afin de mieux les faire rentrer dans ma chère histoire!

Voilà, mon but était de développer un peu la relation de Avelen et Lasbelin car en vérité on a eu peu d'occasion de la voir à part leur rencontre et le jour de la mort du commandant alors j'espère que ça vous aura plu, n'hésitez pas à me faire un petit retour sur le sujet!