Chapitre 5 : Désagréable Personnage

4.2K 636 57
                                    


En couchant une demoiselle Deslys dans les vapes, Liam se demanda comment on pouvait tomber dans les pommes de cette façon. Liliane lui avait parlé de ces gens qui s'évanouissaient quand ils restaient trop longtemps dans l'eau chaude, mais là... Il sourit pour lui-même, en rabattant les couvertures sur la jeune femme.

Son petit doigt lui disait que sa provocation lui avait donné un coup de sang, tant et si bien que couplée à la chaleur du bain et à la fatigue, elle avait fini par perdre connaissance.

En la contemplant, assoupie entre les draps, il se dit qu'elle était brave.

Pas une fois elle ne s'était plainte sur le trajet, pas une fois elle n'avait formulé de reproches à son encontre. Oh, elle avait râlé, certes. Mais jamais elle n'avait geint. Et de surcroit, elle lui faisait face, en dépit des rumeurs courant sur son compte, avec une bravoure manquant à bien des hommes.

Observant la chambre, il se dit qu'avec un seul lit de disponible, il allait devoir dormir sur les couvertures. Bah. Avec le feu de cheminée, il n'aurait pas froid.

S'allongeant sur le flanc aux côtés de la belle demoiselle, il s'apprêta à dormir du demi-sommeil caractéristique des soldats, sur un champ de bataille. Que d'un œil. Néanmoins, il y avait une chose qu'il n'avait pas prévue.

Que mademoiselle Deslys se love contre lui, son dos épousant la forme de son torse, son postérieur venant se loger naturellement au mauvais endroit. Que... Il s'apprêtait à bouger, lorsqu'elle poussa un soupir de bienêtre, en marmonnant un « chaud » satisfait dans son sommeil.

Par les esprits, songea-t-il en passant un bras autour d'elle, pour la réchauffer. Si elle bougeait autant dans son sommeil que sur un cheval, il allait passer une nuit de merde.

*

Il avait passé une nuit de merde.

Une tasse de café fort en main, le puissant Duc de Karth avait l'impression qu'une calèche lui avait roulé dessus. Poussant un profond soupir, il avisa la jeune femme, qui dévorait son petit déjeuner dans la salle principale de la taverne. Comme faisait-elle pour bouger autant dans son sommeil !? C'était de la torture !

Il commençait à comprendre ce qu'avait vécu son beau-frère.

Néanmoins, il n'était ni aussi patient, ni aussi gentleman que lui...

Au moins avait-il eu la présence d'esprit de se lever avant elle, afin de lui épargner une franche gêne à son réveil. La belle ne s'était probablement jamais réveillée avec un prédateur assoiffé de sexe devant elle. Ce que corroboraient les rapports d'enquête fournis par Herald, avant sa disparition. D'ailleurs, où donc était passé cet abruti !? Il avait survécu à la malédiction de Macklar, ce n'était quand même pas pour mourir dans un trou perdu ! Liliane ne s'en remettrait jamais, s'il lui arrivait quelque chose !

-Le temps se déchaine toujours, à l'extérieur, remarqua Sana en finissant d'engloutir son croissant.

-Il pleuvra jusqu'à notre arrivée à la capitale.

Elle haussa un sourcil.

-Êtes-vous météorologue ?

-Loin s'en faut.

-Hum... Je sens que vous ne me répondrez pas. Pourquoi cette mauvaise mine, monsieur ? Avez-vous mal dormi ?

Dans la quiétude de la taverne, à peine éveillée à cette heure matinale, elle le vit esquisser un petit sourire canaille, tandis qu'il reposait sa tasse de café. Dans son regard, elle eut la vision du feu de cheminée de cette nuit, au son d'une litanie de noms de grandes familles et de leur esprit de famille, résonnant comme un mantra pour se calmer les nerfs. Heu... Il s'était passé quelque chose ?

La Fiancée de la FoudreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant