Une planche de salut qui tenait de la peau de vache, oui !
Bloquée dans l'étreinte du Duc, Sana subit les affres du temps, glacée jusqu'aux os, jusqu'au lendemain soir. Epuisée, elle ne voyait même plus le paysage défiler autour d'elle. Au fil des heures, elle avait perdu la sensibilité de son postérieur qui martelait le dos du pauvre cheval, et elle ne comptait plus le nombre de fois que son prétendu chevalier servant avait éconduit ses demandes de pauses.
Ni les chevaux, ni les hommes du Duc ne semblaient se fatiguer. En vérité, les premiers avaient bu des potions spéciales de la Magicienne de Karth, tandis que les seconds étaient rompus au train d'enfer que leur faisait mener leur seigneur.
Autant dire qu'elle se heurta à une fin de non-recevoir lorsqu'elle demanda à retourner en arrière, pour aller chercher son loup ! Et en plus, la voilà bloquée dans l'étreinte du Duc, qui l'avait plaquée contre lui pour l'empêcher de tomber tandis qu'elle somnolait. Néanmoins, cela faisait des heures qu'elle ne s'émouvait plus d'être étroitement serrée contre lui. De toute façon, il pleuvait des cordes, elle avait froid, et c'était un roc contre lequel elle tentait de trouvait un peu de chaleur ! Ah, si. Il y avait une chose qui l'avait perturbée.
A l'aube, alors qu'elle se dandinait en raison d'un mal de fesses prononcés, il lui avait intimé de cesser de se frotter contre lui. D'une voix étrangement rauque, dans le creux de son oreille. Elle devait l'avouer, il avait un timbre grave très... Ah, il se mettait à grêler !
Congelée, Sana resserra sa couverture autour d'elle, tout en se pelotonnant du mieux qu'elle le pouvait contre le Duc. Il faisait si noir, avec cette tempête, qu'il lui était impossible de connaitre l'heure. Faisait-il plus sombre que tantôt ? Impossible de le savoir. Pourtant, même au cœur de la tourmente, son prétendu chevalier servant avait mené son cheval d'une main de maitre.
Et c'était interminable ! Pas moyen de parler, pas moyen de se reposer, de soulager son postérieur douloureux ni même d'échapper à cette foutue pluie qui menaçait de la rendre dingue !
Elle envisageait fortement de mordre le Duc de Karth pour se faire entendre, lorsque soudain il tira sur les rênes. Poussée en avant, elle planta ses ongles dans sa cuisse pour se raccrocher à quelque chose. Son frémissement, elle ne le perçut pas, tant elle crut passer par-dessus bord. Heureusement qu'il la plaqua contre lui -encore. Certes, c'était autant pour qu'elle ôte ses griffes que pour la retenir. Mais au moins ne finit-elle pas dans la gadoue, un cheval plus bas !
-Vous allez pouvoir soulager votre fessier remarquable, mademoiselle Deslys, déclara-t-il en sautant à terre.
En le voyant ouvrir ses bras, sous la pluie battante, elle remarqua plusieurs choses : tout d'abord, il était tout aussi trempé qu'elle. Néanmoins, il ne faisait pas chaton abandonné sur le bord de la route, lui. Il faisait... Fantasme humide pour femme en mal de...
Oh bon sang, Sana, la fatigue déforme tes pensées, songea-t-elle en fermant très fort les yeux.
Liam, lui, était à court de patience après une journée aussi éreintante. La saisissant par les hanches, il la souleva de selle... pour la prendre dans ses bras, en un porté d'aucun aurait trouvé romantique, si elle n'avait poussé un tel juron.
-Ça suffit. Vos jambes ne doivent plus vous porter, après une telle chevauchée.
-Ah, vous faites des déductions bien précipitées, monsieur !
-Voulez-vous que je vous dépose ? susurra-t-il avec un sourire carnassier. Je vous préviens, rien ne m'oblige à vous rattraper, si vous chutez dans la fange.
Elle s'immobilisa aussitôt dans ses bras, ce qui lui permit de franchir la porte sans l'assommer. Pourquoi diable était-elle si légère, en dépit de tous les vêtements alourdis de flotte qu'elle portait ? Ne lui donnaient-ils donc pas à manger, chez les Krieger ?
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La Fiancée de la Foudre
FantasíaSana est persuadée d'une chose : le Duc de Karth est un vieillard borgne, chauve et bas de plafond. Le problème, c'est qu'en rencontrant Liam, elle le découvre non seulement bel homme, mais en plus caractériel de premier ordre ! Et pourquoi donc déb...