Chapitre 16 : Les Oreilles d'Herald

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En se réveillant, Sana aurait cru se retrouver aux côtés du Duc de Karth. Après tout, elle avait eu la sensation de ses bras autour d'elle toute la nuit. L'unique chose qui l'empêcha d'être maussade, ce furent ses rêves. Elle avait passé tout son sommeil en compagnie de ses parents.

Depuis son arrivée chez les Krieger, elle avait perdu jusqu'à leur souvenir, bloqué quelque part dans sa mémoire. Aussi, ces retrouvailles nocturnes lui avaient-elles fait le plus grand bien.

Mais... Quand même !

Après le choc de la Marquise, l'accident en calèche, une rencontre avec un Esprit et la vérité débloquée, elle aurait imaginé que son futur mari aurait eu la décence de l'attendre au réveil ! Dans sa chambre ! Dans son lit !

Mais non ! Elle se...

Comment ça, son lit ?

Pantoise, les bras croisés, et le dos calé dans les coussins, elle se rendit soudain à l'évidence. Elle était dans son lit à lui ! Ah ! Avait-elle... non, enfin, non. Monsieur le chevalier servant, aussi mauvais servant soit-il, ne profiterait jamais de son sommeil. Il prenait un trop grand plaisir à la tourmenter réveillé.

-Votre Grâce ?

Sana fit un bond en découvrant Orina, juste à côté d'elle. La domestique-chevalière dure à cuir lui sourit gentiment. Aucun jugement dans le regard.

-Tout va bien ?

-Je ne suis la Grâce de personne.

-Vous êtes la Duchesse Deslys.

-Ah merde, j'avais oublié.

Elle ne s'y faisait vraiment pas !

-Donc, votre Grâce, tout va bien ?

-Appelez-moi juste Sana, Orina, soupira-t-elle. Je vais bien, mais j'ai une faim de loup.

En parlant de loup... elle n'eut pas fait un pas dehors qu'elle se retrouva nez à nez avec Herald et ses oreilles duveteuses.

Un instant décontenancée, elle avisa son grand sourire.

-Bonjour. Vous êtes déjà remis ?

Il haussa un sourcil.

-Je vous remercie de votre inquiétude, mais trois jours sont plus que suffisants pour se remettre.

-D'un passage de l'état de quadrupède à celui de bipède ? Si vous le dites. Attendez... Comment ça, trois jours !?

Elle apprit que depuis tout ce temps, elle dormait comme une souche. Et son mari ? Ah... même si Orina et Herald l'accompagnèrent pour le petit déjeuner, il ne fut pas question de dire quoi que ce soit. Le Duc avait-il donc imposé le silence à tout le monde !? En fait, il n'en était rien. La première avait été appelée deux jours plus tôt, avec interdiction de quitter son poste, et Herald était arrivé dans la nuit de l'attaque. Pour ne pas quitter sa surveillance depuis. Ils ne savaient pas où il se trouvait. Quant à monsieur et madame Kleen, ils lui sourirent gentiment sans rien dire. Mais en lui jurant qu'il reviendrait dès qu'il apprendrait son réveil.

Deux heures plus tard, enfermée dans la bibliothèque, car on lui avait déconseillé de quitter la demeure suite à l'attaque, Sana dut se rendre à l'évidence.

Elle était dépitée.

À vrai dire, elle se serait attendue à une scène à l'eau de rose à son réveil, avec lui dans le lit, suite à quoi... suite à quoi il y aurait du sexe sauvage, bestial et effréné !

Merde à la fin !

Avec sa façon de la rendre folle, comment ne pas avouer qu'elle en crevait d'envie !? Elle était certes inexpérimentée, elle ne savait strictement rien sur le sujet, mais le fait de vouloir arracher le pantalon d'un homme était plutôt bon signe, non ?

La Fiancée de la FoudreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant