Chapitre 8

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P.D.V.: Néoma.




Alors que l'air froid de janvier m'apparait telle une tendre caresse sur ma peau, le bruit de la pluie quant à elle est une douce torture.

Plus de quatre ans que je ne suis pas revenue. Plus de quatre ans qu'ils m'ont conduit de force à l'hôpital, me condamnant à cette vie que j'ai aujourd'hui. Si nous pouvons appeler ça une vie.

C'est l'un des derniers endroits où je l'ai vu en vie. Et où elle m'a presque félicité d'être heureuse.

Si tu savais.

Si tu me voyais aujourd'hui.

Mon regard se pose sur les transats au bord de la piscine, et automatiquement, je sors une seconde cigarette que j'allume et porte à mes lèvres. Plus par habitude que par nécessité.

Mes mains sont occupées et mes poumons aussi, ce qui est suffisant pour me détourner de ce qui se passe dans ma tête, pour l'instant.

La pluie. 

Je me perds en observant les gouttes d'eau former et agrandir les flaques.

-Un peu plus longtemps loin de toi et on-

-Les rôles s'inversent. Je coupe Téo, qui vient d'arriver et de se coller au mur de la maison, le rendant invisible à Astonn derrière moi.

Je reprends mon observation du jardin, et dans l'obscurité, au loin, un petit point rouge apparaît avant de disparaître. Un des sbires sûrement contraint de me surveiller, me garde à l'œil en fumant lui aussi.

-Tu admettras que ma façon de t'épier est moins perverse que la tienne.

Bien sûr qu'il allait comprendre mon allusion.

Je termine ma cigarette, avant de l'écraser dans le cendrier et de me retourner vers Astonn.

-Peut-être que j'ai la perversité dont tu parles, mais jamais je n'aurai ta maitrise de la manipulation.

Astonn contracte légèrement la mâchoire, mais se reprend rapidement pour essayer de ne rien laisser entrevoir de ce qu'il ressent. Je dois admettre qu'il s'est amélioré et que ses émotions sont infimes. Les pupilles qui se dilatent, la machoire qui se contracte discrètement, sa pomme d'Adam qui bouge quand il avale sa salive, son nerfs qui tressauten,et il a toujours ce micro rictus au niveau de son oeil quand il est enervé ou quand il sourit. Il s'est amélioré. Mais moi aussi. Et il va perdre à ce jeu-là.

-Je-

-T'as terminé ?

Du coin de l'œil, je vois Téo écraser son mégot avant de se rapprocher de moi, s'attirant un regard qui se voudrait neutre de Astonn, mais qui est en fait glacial.

-À l'instant. Déclare Téo, dont je devine le sourire à sa voix. On monte, όμορφη μου ? Me demande-t-il avant de s'approcher de mon oreille et d'enrouler un bras autour de ma taille. Shanna. Me souffle-t-il.

J'acquiesce avant de passer la baie vitrée pour rentrer dans la maison, suivie de Téo qui fait passer son bras de sur ma taille, au bas de mon dos.

Je soutiens le regard de défi d'Astonn tout le temps qu'il est dans mon champ de vision, et en passant la porte du salon, je me surprends à reprendre ma respiration.

T'as voulu jouer trésor ? On va jouer.

Et Astonn, tu vas regretter. Ô Astonn, tu vas me supplier d'arrêter et de t'achever.

Néoma - Tome 2.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant