La volonté

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Tamara

Je rentre, limite en courant à la maison et une fois la porte fermée, je lance mon sac dans le fauteuil, maugréant contre cet enfoiré qui se permet de telles familiarités. Je m'énerve sur le foutu bouchon de la bouteille de Scotch, et une fois ouverte, je porte le goulot directement à mes lèvres. Le liquide est plus fort que d'habitude, ou je suis trop irritée ; et je me mets à tousser. Avec mes pieds, j'enlève chaque chaussure qui les couvrent, et je rejoins la terrasse en prenant ce paquet de cigarettes que j'ai acheté. Le vent au bord du lac est plus froid qu'en ville, et je frissonne un instant, alors que je dépose la bouteille sur la table, pendant que je m'allume une cigarette. Mon dieu, je suis tellement énervée, que je tire plusieurs fois sur cette cigarette, imaginant que je lui arrache ses yeux incandescents qui me regardaient de haut.

- Espèce d'enfoiré ! Craché-je en mettant la cigarette dans le cendrier de fortune qui se trouve sur la table, et je porte mes mains dans mes cheveux, m'appuyant sur mes coudes. Je sens les larmes prendre le dessus sur moi une fois de plus. Mais c'est surtout le souvenir de cette nuit qui me hante depuis quatre ans, qui n'arrête pas de me poursuivre, depuis que j'ai vu son regard. La couleur de ses yeux, ce bleu-gris flamboyant, une couleur que je ne peux plus voir de près ou de loin. Une couleur qui me rappelle que cette nuit-là, j'ai failli à mon devoir de mère et à la mémoire de Miguel. Pourquoi ?! Pourquoi faut-il qu'il apparaisse aujourd'hui ?! Le jour où je reçois cette foutue lettre, que je n'arrive pas à ouvrir.

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J'inspire profondément, le cœur presque à l'arrêt, et je détourne mon regard du lac pour regarder vers l'intérieur de la maison. Mon sac semble m'appeler, mais je ne peux pas. Je ne veux pas savoir ce que ce courrier représente pour moi et Mya. Si seulement le docteur Grune n'avait pas été, une fois de plus, si évasif en l'auscultant. S'il avait au moins esquissé un sourire en me disant qu'il envoie les résultats de ces examens à New York... Non, pas un seul de ces signes ne me donnent la volonté de l'ouvrir.

Je reviens sur la bouteille de Scotch, et je la porte à nouveau à mes lèvres. Mais c'est toujours aussi insupportable à boire, et je me lève, la posant tellement durement sur la table, que je crains de l'avoir fendue. Mais rien de cela n'est arrivé, donc je commence à faire les cent pas sur la terrasse, reprenant cette cigarette. Je me ronge les ongles, jetant des regards furtifs à mon sac entre deux bouffées de cigarette.

- Je ne veux rien savoir ! Lancé-je en tirant une nouvelle fois sur ma cigarette.

- Non, Mya se porte très bien ! M'exclamé-je comme si je disais à ce courrier qu'il ne me fait pas peur. Je rentre dans la maison, et je me dirige vers la salle de bain. J'ai besoin de me vider l'esprit en prenant une bonne douche.

Ace

Je la regarde partir, et je ravale le peu de fierté qu'il me reste en remarquant que la gérante de la boutique me regarde.

- Bonsoir. Lui fais-je en me dirigeant vers l'entrée.

- Oh bonsoir ! S'exclame-t-elle en me laissant passer, avant de poser sa cigarette dans le pot qui sert de cendrier devant la porte. Nous sommes bien dans un bled de vacanciers pour voir ce genre de choses. Mais là, je n'en ai rien à faire. Je veux juste calmer la rage qui est encore en moi, et me vider la tête avec une bouteille. Comment est-ce que j'ai laissé cette femme me gifler ainsi, et rester là sans rien dire ?! Je fais le tour des rayons alcool, et je trouve enfin les bouteilles de Scotch. Je prends une bouteille, et je regarde la suivante. Mais je dois être un brin raisonnable, ayant un manuscrit à lire dans ma chambre d'hôtel. Je reviens vers le comptoir où la femme se trouve, et elle n'est point discrète. Détourner son regard perplexe sur moi comme elle le faisait, n'est pas digne d'une femme. Je me retiens donc de lui faire la remarque, et je me contente de lui donner de l'argent.

Un contrat pour mon soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant