.Troisième chapitre.

1.3K 146 62
                                        

Trois jours plus tard.

Aujourd'hui sera un jour spécial .. 

Le soleil illumine de toutes ses forces ce matin, solidement perché entre les quelques nuages ridicules qui accompagnent son décor, et ses rayons se jettent joyeusement sur toutes les fenêtres qu'ils trouvent. 
La lumière éblouissante de cette journée égaye tout ce qui entre dans son champs, et les paysages impressionnants de Hachiōji se couvrent d'éclats étincelants. Les températures déjà hautes réchauffent jusqu'aux cœurs, et font briller des centaines d'étoiles diurnes dans les yeux de ses visiteurs. 
Dans cette ambiance légère, les murs du Yagi's se sont vidés à la vitesse de l'éclair au levé du jour, tous ses clients s'en allant, dès les premières heures, profiter de la beauté du terrain. 

A travers les fenêtres des chambres de l'aile sud, les reliefs incroyables du mont Takao se dressent en princes des lieux, somptueux et délicats, semblant murmurer des invitations à quiconque pose son regard sur leurs traits divins. 
En bas du bâtiment aussi, dans les rues commerçantes qui encadrent l'hôtel, des dizaines de touristes déambulent d'une enseigne à une autre, slalomant entre les boutiques de souvenirs et les vendeurs de gaufres. 
L'écho de leurs discussions heureuses et animées remontent vers les vitres ouvertes, aérant les pièces en cours de nettoyage, et Izuku tend parfois l'oreille vers eux, s'imaginant les sourires comblés de joie à quelques mètres à peine de lui. 

En attendant, Katsuki ne lui avait pas menti sur les clients de chambre cent-vingt six .. 

Alors que ces derniers ont rendu leurs clés ce matin, et qu'il est temps de refaire entièrement la pièce, ils s'y retrouvent tous les deux, désabusés face au désastre. 
Sur le sol en moquette, trois immenses tâches non identifiées ternissent les lieux, tandis qu'une flopée de bouteilles vides agonisent, couchées près du minibar dévalisé. 
Jusque dans les draps, une odeur d'alcool se diffuse dans l'air, et l'état de la salle de bain les a fait frémir dès leur arrivée sur place. 
Alors, après une dizaine de minutes à écouter Katsuki vociférer sa colère, Izuku s'est efforcé de rester neutre en se mettant au travail. 

Ses reins lui font toujours atrocement mal, alors que Tomura ne lui a encore pas fait de cadeau hier soir, et ses épaules, sauvagement tirées en arrière lors de cet énième rapport violent, grincent péniblement à chacun de ses mouvements. 
Le bas de son dos le brûle, et les blessures internes dont il souffre rendent ses pas insupportables. 
Ce matin, il lui a fallu deux fois plus de temps que d'habitude pour sortir de son lit, alors que tout son corps se tendait au moindre geste. 
Ses genoux peinent de plus en plus à porter son âme, et ses jambes ne demandent qu'à le laisser tomber d'une seconde à l'autre. 

Malgré son masque de calme, il hurle intérieurement à chaque minute qui s'écoule, ses yeux voudraient pleurer, sa gorge aimerait appeler à l'aide, supplier qu'on vienne à son secours et, entre ses côtes, sa poitrine tremble de détresse. 
Sa respiration lui fait défaut, et même en se dissimulant derrière un sourire simple, son esprit se débat pour sortir de son corps, espérant échapper à la douleur, à la peur, et au retour à la maison dans quelques heures. 
Quelques fois aussi, il se tourne machinalement vers la fenêtre ouverte, songeant à la libération qu'il trouverait en se jetant à travers elle. 
Ses mains tremblent quand il ramasse les bouteilles jonchant le sol, et son crâne lui fait mal. 

Les yeux vers le bas, les bras fébriles, il entasse le verre dans la poubelle de son chariot d'un geste mécanique, presque automatique. Sa gorge est si nouée qu'il ne parvient même plus à essayer de parler. 
Si seulement il pouvait fuir .. Si seulement il pouvait ouvrir ses sentiments à celui qui les mérite vraiment .. 
S'il pouvait parler à Katsuki. 
Lui dire combien sa voix adoucit son âme, comme ses regards qui font vibrer son cœur par autre chose que de la peur, et sa manière de sourire qui l'appelle entre ses bras. 
Ces bras qui ne sont pas faits pour le frapper .. 

𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐫𝐝𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐭𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐢𝐠𝐧𝐞𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant