.Quatrième chapitre.

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La nuit couve encore la ville quand Izuku ouvre les yeux, et le silence nocturne simulant le calme fait bourdonner ses oreilles à peine sorti de son sommeil. 
Allongé dans le lit, le corps crispé et tendu, toujours sur ses gardes par automatisme, il déverrouille à peine sa nuque pour tourner lentement la tête contre son oreiller. 
Dans la chambre fermée et dépourvue d'éclairage en marche, seule la petite lumière pâle du réveil numérique attire son regard comme un aimant. 
Sur le petit écran digitale, les chiffres carrés indiquent quatre heure quinze du matin, à peu près l'heure à laquelle il sort de la pièce pour se rendre au travail les autres jours. 
Mais pas aujourd'hui .. 

Alors qu'il papillonne des cils, les yeux toujours aussi alourdis de fatigue, la sècheresse dans sa bouche le pousse à essayer d'avaler sa salive, et la douleur dans sa lèvre se ravive au premier tressaillement de celle-ci. 
La plaie, qu'il devine enflée et prête à se rouvrir d'une seconde à l'autre, étale sa brûlure à tout le bas de son visage, tandis que sa mâchoire se crispe instantanément pour retenir le sifflement qui menace sa gorge. 
Alors, en bougeant lentement son bras engourdi, il se risque à effleurer la blessure du bout de son index, et l'impulsion douloureuse qui s'en déclenche lui fait immédiatement regretter son geste, alors qu'il perçoit une épaisse croute de sang recouvrant sa bouche. 

Aussi, il se force à n'émettre aucun son malgré la grimace qui froisse son visage, conscient de la présence de Tomura tout près de lui, endormi dans les draps comme le bienheureux qu'il est. 
Dans le noir, il ne parvient pas à distinguer sa silhouette, mais le simple fait de le sentir suffit à lui donner la nausée. Tout ce qui émane de son corps soulève des frissons sur sa peau et retourne son estomac pourtant vide. Le parfum qui se dégage de lui, les effluves de son haleine à travers son souffle, et même la chaleur qu'il disperse dans le matelas. 
Il l'entend respirer calmement, sereinement, étalé dans le lit sans crainte, pendant que lui perd son existence dans ses griffes, prisonnier de cet homme qui vit comme si tout était normal dans leur couple. 

Il le déteste tellement, autant qu'il regrette d'avoir cru à son manège au début de leur relation. 
Si seulement il n'avait jamais croisé sa route, s'il ne s'était pas fait avoir par le charme mensonger de son regard masqué, s'il n'avait pas pensé à l'embrasser ce jour où il s'est condamné. 

Le cœur lourd et la gorge nouée par une soudaine envie de fondre en larme, il serre les dents aussi fort qu'il le peut en bougeant très discrètement dans la couverture, s'échappant en secret pour poser ses pieds sur le sol frais. 
Priant à chaque seconde pour que Tomura ne se réveille pas, il s'extirpe en douceur et en silence, avant d'avancer à pas de loup jusqu'à la porte de la pièce, qu'il ouvre en fermant les yeux. 
Puis, une fois entièrement sorti, il s'offre un soupir de répit en s'élançant à l'aveuglette, sans lumière, vers la salle de bain. Seulement ici, il se permet enfin de presser l'interrupteur pour éclairer son environnement. 

Quand la lumière jaillit de l'ampoule du plafond, ses pupilles se contractent brutalement, agressées par les rayons blancs qui heurtent sa rétine, et il doit plisser les paupières quelques secondes pour s'y accommoder progressivement. 
Puis, une fois légèrement rassuré, bien que la porte ne dispose plus d'aucun verrou, il souffle enfin en observant le décor autour de lui. 
Sous ses pieds nus, le contact dur du carrelage frais réveille davantage son corps, tandis que le jogging qui couvre ses jambes les réchauffe un peu, comme le débardeur qu'il porte sur son torse. 
A côté de lui, la cabine de douche grande ouverte semble l'appeler à venir en profiter un peu, alors qu'il tente d'oublier les murs ternes et le lavabo recouvert de bordel. 

Mais avant, il se tourne machinalement vers le miroir qui surplombe ce dernier, s'approchant prudemment de son reflet comme si celui-ci risquait de l'attaquer. 
Sur l'image qui se renvoie de lui, il découvre en premier la plaie asséchée de sa bouche, et une secousse nauséeuse lui serre le ventre en l'examinant d'un peu plus près.
Sa lèvre inférieure, enflée et bleutée, semble s'être séparée en deux portions distinctes, ouverte et écartée par la violence de Tomura.
Sur la blessure, le sang coagulé forme une masse rigide et légèrement collante que la douleur l'empêche de toucher, alors qu'il peine à fermer correctement la bouche sans se faire mal.

𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐫𝐝𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐭𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐢𝐠𝐧𝐞𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant