Épilogue

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Depuis que Bard était rentré à Dale, reprenant humblement sa place de chef, la ville n'avait cessé de rayonner. Un peu plus loin dans la vallée, les habitants nostalgiques de la cité sur l'eau avaient reconstruit un nouveau Bourg du Lac et avaient élu leur propre dirigeant. C'était quelqu'un de droit et digne de confiance et Bard entretenait de très bons rapports avec la récente cité.

L'été avait succédé au printemps, puis l'automne avait pris la place de la saison chaude et le cycle des saisons s'était renouvelé deux fois encore depuis qu'il avait quitté Mirkwood. Cela faisait trois ans maintenant et Bard avait mis en place un conseil afin de déléguer certaines affaires et parce qu'il ne voulait pas être le seul maître de la ville. Il s'occupait de la gestion des commerces et d'accueillir les nouveaux marchands, en majorité Humains mais aussi certains Nains de passage, qui voulaient vendre leurs produits à Dale. La ville regorgeait d'activité à n'importe quelle époque de l'année, il y avait beaucoup de passages et pas seulement des commerçants, mais aussi des voyageurs ou encore des gens qui voulaient s'installer à Dale, agrandissant encore la population.

Tous les bâtiments avaient rapidement été reconstruits à neufs grâce à l'or des Nains. Désormais, c'étaient des travaux d'agrandissements qui étaient en cours et la construction de nouveaux bâtiments.

Bard était fier de ce qui avait été accompli à Dale et maintenant que toute la charge de la ville ne lui revenait plus, il avait plus de temps pour lui et pour sa famille. Il lui semblait que ses enfants grandissaient tellement vite. Bain dont le passe-temps avait longtemps été la pêche, s'entraînait désormais pour devenir garde de la ville. Sigrid suivait des cours auprès de précepteurs pour aider à la gestion de la cité, les finances l'intéressant particulièrement. Quant à Tilda, elle allait à l'école et elle était encore une enfant, mais plus pour longtemps. Bard voyait sa petite fille devenir plus autonome chaque jour.

Durant les années qui suivirent leur visite à Mirkwood, Bard vit ses deux aînés tendre vers l'âge à l'adulte et la petite dernière se rapprocher de plus en plus de l'adolescence. Il était fier d'eux bien sûr, mais cela lui brisait le cœur de les voir s'éloigner de lui au fil du temps qui passait. Ils formaient toujours une famille soudée pourtant, il sentait que bientôt ils auraient besoin de prendre leur envol et vivre leur propre vie, loin de Dale.

Ces pensées le gagnaient de plus en plus souvent, alors même que tous ses enfants vivaient encore sous son toit. Il craignait d'être seul quand ils ne seraient plus là. Dans ces moments de mélancolie, quand il n'arrivait plus à se concentrer sur autre chose, il regardait par la fenêtre et cherchait la forêt des yeux au loin.

Bien sûr, il n'avait pas oublié une seule seconde les quelques jours qu'il avait passé en compagnie de Thranduil, même si trois années s'étaient écoulées. Lorsque la fatigue l'accablait, il s'autorisait à y repenser, à chérir le souvenir de leurs baisers et de leurs étreintes. Mais Bard évitait d'y songer trop souvent, car il savait que cela finirait par le rendre malheureux.

Cela avait été plus difficile que ce qu'il avait imaginé, surtout au début. Les Elfes venaient souvent à Dale pour le commerce ou simplement pour y passer du temps et prendre des nouvelles de la ville. Bard avait eu l'impression de les voir partout et chaque fois que l'un d'eux arborait une longue chevelure blonde, son cœur s'était serré, croyant qu'il s'agissait de Thranduil. Mais le roi n'était pas venu à Dale et Bard s'était fait une raison : il ne le reverrait peut-être jamais.

Au fil des mois, il avait cessé de le chercher des yeux chaque fois qu'il apercevait un groupe d'Elfe dans les rues de Dale. Mais parfois, au milieu de la nuit, quand il ne trouvait pas le sommeil et que son lit lui paraissait vide et froid, il repensait à Thranduil et les larmes lui montaient. Il savait qu'il ne pourrait jamais l'oublier mais il espérait qu'un jour, cela ne serait plus douloureux. Il finit par se persuader qu'il était condamné à la solitude.

De feu, d'or et de soieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant