Prologue

227 12 7
                                    


Après la bataille, Thorin et ses neveux avaient été enterrés et on avait festoyé en leur honneur. Et puis les Elfes étaient retournés à Mirkwwod, les Nains dans la montagne et les gens de Lacville étaient partis tenter leur chance parmi les ruines de Dale.

Ils savaient qu'avec l'or d'Erebor, ils pourraient redonner toute la splendeur à la ville. Cela leur prendrait du temps, mais en joignant leurs efforts, ils transformeraient les ruines en maisons de nouveau habitables, ils reconstruiraient l'enceinte et pourraient s'établir à Dale.

Bard avait été plus ou moins en tête de l'opération. Les anciens habitants de Lacville avaient besoin de lui et il ne pouvait guère les abandonner à leur sort. Il avait demandé l'aide des Nains pour reforger les grilles et la porte de la ville, retaper les maisons de pierre. Il avait également sollicité les Elfes pour rendre les terres couvertes de cendres de nouveaux fertiles et cultivables.

Thranduil et les siens étaient presque tous repartis à Mirkwood, mais quelques Elfes avaient tenu à rester quelques jours pour aider les humains et leur apporter des provisions en attendant qu'ils s'établissent correctement.

Cela faisait plus de trois ans maintenant et avec les efforts conjoints des différents peuples, Dale s'était peu à peu reconstruite. Les habitants avaient tous des logements convenables et la ville arriver à produire une partie des ressources nécessaires.

Bard avait établi des accords avec les Nains d'Erebor et leur alliance semblait tenir pour l'instant. Il était plus difficile de discuter avec les Elfes. Certes Thranduil avait consenti à apporter son aide dans les premiers temps mais d'autres affaires l'accaparaient désormais et il ne se préoccupait plus de sort de Dale, considérant sans doute que ce n'était plus de son ressort.

Cependant, Bard savait que la ville ne pouvait prospérer par elle-même et le besoin d'établir des accords commerciaux avec les Elfes se faisaient pressant. Leurs ressources ne seraient pas éternelles et il ne voulait pas que la ville s'effondre. Les habitants l'avaient nommé roi de Dale. Bard détestait ce titre et tout ce que cela sous-entendait, il ne voulait pas être roi, il ne voulait pas qu'on lui donne des titres pompeux tels que « votre majesté ».

Mais les gens souhaitaient le voir à la tête de la ville car ils avaient confiance. Alors, même s'il ne voulait pas de ce titre, il avait accepté à condition qu'on le nomme Maire à la place. Bard n'avait pas eu le cœur de refuser car il se sentait responsable de toutes les personnes réfugiées dans l'ancienne cité.

Au bout d'un certain temps, après avoir envisagé diverses solutions et avoir essayé en vain de rendre la ville autonome, il se résigna à envoyer un messager à Mirkwood. Les Elfes patrouillaient souvent dans la forêt aux abords de Dale et Bard n'eut aucun mal à en trouver un qui porterait son message au Seigneur Thranduil.

Il ne savait pas si cela fonctionnerait et il pensait même ne jamais avoir de réponse du roi des Elfes. Mais le lendemain, des membres de la garde de Mirkwood vinrent frapper à sa porte. Bard leur ouvrit, stupéfait, craignant presqu'ils ne l'embarquent pour l'enfermer dans un des donjons de leur royaume.

- Le Seigneur Thranduil souhaite vous inviter dans sa demeure pour négocier des traités commerciaux, dit l'un des Elfes. Un carrosse viendra vous chercher demain à la première heure.

- Demain matin ? demanda Bard abasourdi.

Il ne s'attendait pas à une réponse si rapide, encore moins aussi formelle avec une invitation officielle.

- Oui, répondit l'Elfe. Il a ajouté que vos enfants peuvent vous accompagner, si vous le souhaitez.

- Comme c'est gentil, marmonna Bard.

- Acceptez-vous l'invitation ou non ?

- Oui, dites au Seigneur Thranduil que j'accepte son invitation.

- Très bien, nous viendrons vous chercher aux portes de la ville.

Sans un mot de plus, ils firent demi-tour et laissèrent Bard planté là. Il arrivait à peine à croire qu'il venait de se passer. Trop de choses se bousculaient dans sa tête. Il en voulait aux Elfes d'avoir ignoré leur détresse pendant des mois mais d'un autre côté, lui ne savait rien des tourments qui pouvaient bien accabler leur royaume. En tout cas, cette entrevue serait l'occasion de renouer des liens et de mettre des accords par écrits.

En fin de journée, Bard rassembla ses enfants pour leur demander s'ils voulaient l'accompagner. Bain, l'aîné, ne semblait avoir aucune envie de faire une excursion à Mirkwood et il préféra rester pour « garder la maison » comme il le disait. En revanche, les deux filles de Bard, Sigrid et Tilda étaient fascinées par les Elfes et elles étaient absolument ravies d'accompagner leur père dans la forêt. Bard soupçonnait Tilda de vouloir imiter sa grande sœur mais il était content que ses filles veuillent venir.

Après le dîner, elles allèrent donc préparer leurs affaires pour le voyage avec joie. Mais, alors qu'il allait vérifier que tout allait bien, Bard trouva Sigrid indécise devant ses robes. Sa garde-robe était bien fournie mais sa fille ne trouvait pas de tenue assez jolie, quelque chose qui la rendrait digne de s'assoir à la table du roi Thranduil. Bard essaya de la rassurer comme il pouvait en lui disant que les Elfes savaient que les gens de Dale n'avaient pas accès aux mêmes soieries qu'eux mais ça n'eut pas l'air de la convaincre.

Bard avait réussi faire venir des tissus, de vêtements et des matières premières à Dale. Mais ce n'était que le début et peut-être que si la ville retrouvait sa grandeur d'antan, elle attirerait des marchands venus des quatre coins de la Terre du Milieu. Il était même possible que Dale devienne assez riche pour faire le commerce d'étoffes précieuses avec les Elfes...

En attendant, il était déjà heureux que sa famille puisse bénéficier d'une grande maison avec tout le confort nécessaire. Ces enfants ne manquaient de rien et ils avaient même suffisamment de vêtements pour que sa fille s'inquiète de ce qu'elle allait porter. Bard aurait aimé lui offrir les plus beaux atours mais, bien que leur niveau de vie ait largement augmenté depuis Lacville, il n'en avait pas encore les moyens.

- Tu es très jolie, ma chérie, finit-il par dire devant le regard désespéré de sa fille. Et toutes ces robes te vont très bien.

- Mais... Et si les Elfes me trouvent repoussante ?

- Ils ne te trouveront pas repoussante, je te le promets. Et si l'un d'eux te regarde de travers, il aura à faire à moi.

oooOooo

à suivre...

De feu, d'or et de soieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant