10. Emilia

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J'y crois pas. J'y crois pas. J'y crois pas !! Faut que je me pince. Aïe ! Je me suis fait super mal.

Mais faut que je me pince encore, car je n'y crois toujours pas. Il m'a répondu ! Nalo a vu mon message ! Il l'a lu ! Et il m'a répondu !!!

— Tout va bien, Emilia ?

Je sursaute sur ma chaise. Je crois que j'ai lâché un petit cri en voyant la notification.

Je range rapidement mon téléphone dans ma poche et affiche un grand sourire à l'attention de mon professeur.

— Oui, oui. Tout va très bien.

Une bonne partie des élèves installés devant moi se tournent dans ma direction. Je hais me trouver au centre de l'attention.

Mes joues me brûlent, elles doivent être rouge écarlate. Je plonge le nez dans mon cahier, de façon à ce que mes cheveux forment un rideau de protection devant mon visage.

— J'ose espérer que vous n'étiez pas sur votre téléphone...

Je secoue vigoureusement la tête.

— Bien-sûr que non !

— Car vous savez ce que j'en fais, n'est-ce pas ?

Le prof me fixe avec un petit air sadique. Oui, on sait tous ce que vous en faites.

— Absolument.

Monsieur Rousseau les prend et les garde toute la journée dans le tiroir de son bureau. Confisqué, puni. On se croirait en primaire. Et vu ce qui m'arrive, que je ne réalise pas totalement, il est hors de question que mon téléphone se retrouve entre les mains de quelqu'un d'autre que moi !

Je fais profil bas pendant tout le reste du cours. Malgré l'excitation qui m'a gagnée et qui me fait tapoter du pied encore et encore, sans pouvoir me retenir, mon portable reste bien sagement rangé dans ma poche. Je l'effleure du bout des doigts, mais je ne cherche pas à le sortir de là. Au prix d'un énorme effort, j'arrive à patienter. Je compte presque les minutes jusqu'à ce que la cloche sonne enfin.

Je range mes affaires à la va-vite et me précipite hors de la salle. Une fois la porte passée, le prof n'a plus droit de vie ou de mort sur mon portable. Je m'adosse au mur du couloir avant d'extirper mon téléphone de ma poche et de retourner sur la conversation.

Je lis les mots de Nalo encore et encore. C'est dingue. Complètement dingue. Complètement totalement incroyablement dingue ! Au milieu de tous les messages qu'il doit recevoir, il a lu le mien. Et il y a répondu !

— Qu'est-ce qui se passe, Mimi ?

Tom m'a rejointe dans le couloir, suivi de Shanice et Nassima. Notre quatuor est inséparable depuis le début de l'année scolaire. Tom et moi, on se connaît depuis presque cinq ans maintenant. Shanice et Nassima sont toutes les deux arrivées dans notre lycée à la rentrée dernière et c'est pour un devoir commun qu'on a fait connaissance avec elles. Depuis, on ne quitte plus.

Mon sourire me remonte aux oreilles.

— Oh, tu es heureuse, toi, fait remarquer Nassima.

— Et pas qu'un peu ! ajoute Shanice. Tes yeux brillent.

— Il m'arrive un truc de dingue. Oui, un truc complètement dingue !

— Quoi ?! s'exclament les filles en chœur.

Tom hausse un sourcil intrigué tandis que Nassima et Shanice me pressent de leur raconter ce qu'il se passe.

— Nalo a posté une nouvelle vidéo, hier soir...

Je marque une pause.

— Oui, ça, on sait, assène Shanice.

— Ne fais pas durer le suspens !

Je souris à Nassima avant de dire :

— Je lui ai envoyé un message et... il m'a répondu !

Les filles écarquillent les yeux.

— Tu blagues !

— Je vous jure que non !

Sur ces mots, je plante mon écran juste devant leurs nez. Surexcitées, elles se mettent à crier et à sautiller sur place. Elles sont trop drôles. On pourrait presque croire que c'est à elles que Nalo a répondu !

— Tu lui as parlé de quoi ? s'enquiert Tom qui n'a pas encore pu lire le message que j'ai envoyé à Nalo ni sa réponse, mes amies restant bloquées devant l'écran de mon téléphone.

— De sa chienne Fraise et de Savana.

Shanice acquiesce vigoureusement.

— C'est vrai qu'elles se ressemblent vraiment !

— C'est la même espèce de chien, c'est normal qu'elles se ressemblent du coup, non ? lâche Nassima en nous adressant une moue interrogative. Enfin, je dis ça, moi, j'y connais rien en clébard.

— Ne dis pas clébard, ce n'est pas très sympa, la sermonne Shanice.

— C'est un mot qui existe, je peux l'utiliser.

— Ce n'est pas parce qu'un mot existe qu'on doit l'utiliser. Il y a des synonymes.

— Tu préfères que je dise que je ne connais rien en cabot.

Shanice lève les yeux au ciel en retenant un sourire.

— On dévie du sujet, là.

— La faute à qui ? la taquine Nassima. Et je n'ai pas eu la réponse à ma question, les chiens, ça se ressemble, non ?

— Ça peut, intervient Tom à qui je tends mon téléphone pour lui permettre de lire l'échange de messages. Deux chiens d'une même espèce peuvent être très différents comme ils peuvent avoir beaucoup de similarités. Il n'y a pas de règle.

Nassima passe un bras autour de mes épaules.

— Quoi qu'il en soit, ressemblance ou pas ressemblance, chien ou pas chien, Nalo t'a répondu !

Shanice vient entourer mon épaule libre de son bras. Je me retrouve compressée entre mes deux amies.

— J'arrive pas à croire que Nalo t'a répondu !

Je tourne la tête vers Shanice.

— Moi non plus, je t'assure.

— C'est complètement ouf !

Je pivote la tête vers Nassima et opine vigoureusement du chef. Honnêtement, je vais mettre un bon moment avant de réaliser ce qui m'arrive. Ça, c'est sûr. 

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