Chapitre 7

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Cette voix, je pourrais la reconnaitre entre mille, je l'ai entendue toute mon enfance. C'est mon frère, Alexis. Nous n'étions pas vraiment des frères et soeurs modèles. On se détestait. C'est surtout à la mort de mon père qu'il a vrillé. Il n'avait que 12 ans, et moi 10, mais la disparition de notre père nous a tous affecté, pas de la même manière malheureusement. Alexis a commencé par voler de l'argent à ma mère, ensuite à son école et dans des épiceries, il a finit par voler des caisses entières. C'était son moyen de rester hors de l'eau, peut être de nous montrer que nous n'avions pas besoin de notre père pour gagner de l'argent. Ma mère a commencé à enchaîner les boulots pour que nous puissions continuer à vivre correctement. Sans l'argent que notre père ramenait avec sa célébrité, nous n'avions plus grand chose. C'est à ses 20 ans que quelque chose c'est brisé entre nous. Il a toujours échappé à la prison et la police, et malgré les mises en gardes, il n'a pas arrêté de faire des choses illégales. Il a finit par vendre de la drogue. Depuis l'appel, à 21h, un jeudi soir par ma mère, j'ai changé. J'étais déjà en Italie à ce moment là. Elle m'a dit qu'il était porté disparu et que les recherches allaient être classées sans suites. Je lui ai répondu que nous étions mieux ainsi, plus sereines et sans danger. Ma mère a pleuré ce soir là, et je me suis promise de tout faire pour gagner ma vie honnêtement et de réussir. Ce fut mon moyen à moi de remonter la pente, de montrer à mon père que tout espoir n'était pas perdu pour sa famille et que j'allais le seconder. J'y suis arrivée aujourd'hui.
Il continue de taper à la porte. J'entends dans sa voix qu'il est alcoolisé.
- Alyar... Ouvre moi ! C'est Alexiiis.
Je reviens à la réalité. Charles me dévisage, je peux presque lire le mélange de dégoût et d'incompréhension qui l'anime. Je prend mon visage dans mes mains.
- Cha, c'est mon frère. Tout va bien.
Il souffle et se détend d'un coup.
- Putain Al. J'ai eu peur.
- Je sais. Désolée. Je vais voir ce qu'il veut.
Il hoche la tête. J'attrape une veste et me lève. J'ouvre la porte et Alexis me tombe presque dessus.
- Alyaaaaa
- Alexis ? Contente de voir que tu es toujours en vie.
- Maman est là ?
- Non c'est chez moi ici. Comment t'es arrivé là ?
- Je pensais voir maman. Elle m'a donné cette adresse.
Je peste intérieurement. C'est une blague ? Elle ne m'a même pas prévenue.
- En fait je t'ai vu sur une photo mais j'étais pas sûr que c'était toi. Mais maintenant que je te vois, j'en suis persuadé.
- Comment tu peux dire que tu m'a reconnu sur une photo alors que ça fait 5 ans qu'on ne s'est pas vu ??
- La fibre des frères et sœurs Alya.
- Arrête de m'appeler comme ça. Qu'est ce que tu veux.
- Je suis à la rue Alya. J'ai besoin d'argent.
- C'est une plaisanterie Alexis ? Je te croyais mort, et là tu viens frapper chez moi pour me racketter ??
- Écoute, continue à jouer les jolis cœurs pour la presse et à faire semblant de travailler, en attendant j'ai besoin d'oseille. Alors si c'est pas la tienne donne moi celle de ton mec.
- L'argent de qui tu dis ?
Charles apparaît derrière moi. Merde. Je frotte mes tempes avec une main.
- Heyyyy saluuut...
Alexis s'avance vers Charles pour une accolade mais il fait un pas en arrière.
- Holà, t'es pas amical toi. Je plaisantais avec ma sœur, mec relaxe !
- Oui, une blague. Il lève les yeux aux ciels et m'interroge du regard.
- Ça va. Écoute Alexis, je ne peux pas t'aider. Mais va voir maman, elle pourra t'aider, elle.
Il fait la moue et réfléchis un instant. Il s'apprête à dire quelque chose mais il se tourne et fait demi tour. Je ferme la porte et les larmes me montent. Charles se précipite vers moi parce que je commence à m'écrouler. Je m'apprête à parler quand on entend à travers la porte : « j'en ai pas fini avec toi. »
J'éclate en sanglots. Charles me prend dans ses bras. Je passe 2 heures à pleurer et à m'excuser. J'essaye de raconter l'histoire avec mon frère à Charles mais j'ai du mal à parler. Il me console du mieux qu'il peut et il est parfait dans ce rôle.
Une fois que j'ai fini, nous ne parlons plus pendant 10 bonnes minutes.
- Tu veux venir habiter chez moi ? Pour te protéger. Je m'en voudrais pour toujours si il t'arrive quelque chose.
On se regarde dans les yeux. Je passe ma main dans le haut de sa nuque. Je l'embrasse et je chuchote à ses lèves.
- Oui Charles. Oui.

On se lève après une dernière nuit à mon appart. Je prépare le maximum d'affaires. Nous avons passé la nuit à parler et nous nous sommes mis d'accord. Pour l'instant c'est temporaire. Déjà parce nous ne sommes qu'au début de notre relation et on ne veut rien presser. Ensuite, c'est surtout pour me protéger de mon frère qui pourrait revenir me menacer. Nous verrons comment la situation évolue.
A la fin de la journée, nous sommes déjà à Monaco. Arrivé devant la maison de Charles, je reste bouche bée. C'est une grande maison, aux murs blancs et remplis de fenêtres. Elle est dans les hauteurs et non visible depuis la rue. Mais la vue rien qu'à l'entrée est magnifique.
- Je te fais visiter ?
- Charles, c'est magnifique...
- Merci Al. Fait comme chez toi.
Nous passons le reste de la journée à faire le tour de chaque pièce et à raconter des anecdotes.
Au milieu du salon se trouve un grand piano blanc. Il s'y assoit et commence à jouer. Il enchaîne les notes douces et commence à montrer en intensité.
- C'est magnifique Charles, c'est quoi ?
- C'est moi. Je joue ça depuis longtemps.
- Tu devrais le partager. Les gens vont adorer. Moi j'adore.
Il rougit.
-  Je ne sais pas. Peut être.
- Aaah, j'ai l'impression Charles Leclerc a peur.
Il lève les yeux vers moi.
-  Non. Non non mais je ne sais pas.
Et je me met à rire.

La semaine passe très vite et nous nous retrouvons déjà à Maranello pour les entraînements pour l'Australie. Le 30 mars, nous arrivons à Melbourne et nous nous baladons dans les rues australiennes. Je fais tellement de photos que je me fais jurer à moi même d'en faire un album. Charles se met également à faire des photos et nous partageons ce moment avec d'autres pilotes comme Lando. Cette ville est magnifique et je ne peux pas m'empêcher d'être reconnaissante d'être là où je suis.
La météo n'est pas au rendez-vous et tout le monde est un peu tendu. La pression monte.
Charles est d'abord P5 puis P2. Il revient me voir super content. Nous continuons de nous cacher alors, comme des ados qui essayent de fuguer, on se retrouve dans nos chambres respectives pour dormir ensemble. Dans le box, il me vole un baiser dès qu'il le peut et j'ai l'impression d'être une petit fille dans un conte de fée.
Les qualif suivantes Charles est P13 et finit par être P7 sur la grille.
La course commence le dimanche et c'est là que ça se complique. Charles sort au premier virage. Tout le monde crie dans le box et le stand est révolté. La course continue et c'est un carnage.
Je vois Charles sortir de la voiture. Arrivé au stand, il est en colère.
- Putain mais c'est pas vrai les gars ! C'est quoi le problème avec la voiture. Merde. J'ai pas eu un seul bon ressenti depuis le début de la saison !
Il continue de pester sur tout le monde et fini par me voir au fond de la pièce. J'ai les larmes aux yeux pour lui. Il me regarde et penche la tête. Son regard s'adoucît. Il fini par me rejoindre et s'assoit à côté de moi.
- Désolée Al. Tu sais très bien que ce n'est pas contre toi.
Je pose ma tête sur son épaule et il repose la sienne sur moi.
- Je sais Cha. Ce n'est pas grave. Tu vas finir par la comprendre cette voiture.
Et nous finissons de regarder la course dans cette position.
Charles refuse de parler aux journalistes et la plupart des pilotes aussi. Au milieu de la course je décide d'aller voir l'équipe d'Alpine pour m'assurer qu'ils vont bien.
- Ça va les gars ?
- Ça va Aly... Merci, me dit Esteban.
Nous nous faisons une petite accolade. Pierre arrive.
- Je suis dégoûté. Ce circuit est dangereux et il le laisse dans le programme. Et la météo et pourrie. Et... Il souffle.
- He ! Calme toi. C'est fini maintenant. Tu ne peux rien y faire. C'est de la faute de personne.
- Je sais... Merci Aly.
Nous continuons de discuter et la course se termine. On reste tout de même souriant pour nos amis de chez McLaren qui prennent des points pour le classement final.

Au retour, nous sommes tous dans l'avion et les garçons essayent de se détendre le plus possible après ce week-end compliqué.
Je suis dans mon coin et j'essaye de me reposer mais je n'y parviens pas. J'écoute les garçons.
- Mec arrête c'était pas si terrible, dur Esteban en riant.
- Mais si ! On est le club des nuls, clame Pierre.
- Ça me va, répond Charles.
- Bon alors avec Aly ? Vous en êtes où ? Chuchote Pierre.
Je me penche légèrement pour mieux entendre, tout en essayant continuer à faire semblant de dormir.
- On en a pas parlé. On sait qu'on est très proche, c'est tout pour l'instant.
- Ça se voit, ajoute Esteban.
Je souris.
- Elle me plait beaucoup. En plus, elle est venue vivre chez moi un temps à cause de son frère. Il est une menace pour elle pour le moment.
- Vous devriez vous dire les choses.
- Je sais Pierre. Mais j'ai peur. Je n'ai jamais peur d'habitude mais là c'est différent. Je le sens.

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