Chapitre 9

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Il redescend du podium et retourne à la base de la scuderia du circuit de Baku. Je suis bloquée dans la foule mais j'en profite pour faire de belles photos. J'aperçois Charles qui redescend les marches pour venir signer quelques casquettes et faire des photos. Des journalistes par centaines lui hurle dessus mais il est concentré par ses fans avec qui il prend du temps pour discuter tout en signant des polos et en faisant des selfies. Ensuite il rejoint la première ligne sous le podium où je me trouve. Il prend son frère dans ses bras et discute avec ses ingénieurs. Les journalistes continuent de l'appeler alors il se tourne vers eux et pour seule réponse il pointe le logo Ferrari sur sa combinaison. Les fans se mettent à hurler à leur tour. Charles sait que son geste a une signification. Finalement il vient me trouver.
- Tu vas me signer un autographe aussi ?
- Vous n'êtes pas au bon endroit ma petite dame.
Je rigole et il tend ses bras pour me faire un câlin. Je me rapproche de lui et à peine dans ses bras il me prend par la taille et me soulève par dessus la grille.
- Charles ?! Mais qu'est ce que tu fais ?
Il me repose par terre et m'attrape les hanches. Il passe son autre main dans ma nuque et m'embrasse. Le temps s'arrête. C'est la même sensation que notre premier baiser. Le monde ne tourne plus qu'autour de nous. J'entends les gens crier autour de nous mais c'est lointain. Il s'écarte légèrement de moi.
- Al...
On a le souffle coupé, et je vois qu'il hésite.
- Pas ici. Pas maintenant, je souffle.
Il hoche la tête.
La journée se termine tranquillement et nous rentrons le lendemain pour se préparer pour le Grand Prix de Miami. La semaine passe toujours à une vitesse folle et nous arrivons mercredi soir aux États Unis. Nous sommes dans un magnifique hôtel, et cette fois ci nous avons une chambre à deux. Notre couple est enfin officiel et c'est un soulagement de ne plus se cacher. Hors depuis Azerbaïdjan, je suis dans la peur que mon frère soit quelque part en train de me chercher. Je sors de la salle de bain en peignoir et m'allonge sur le lit, pensive. J'entends du bruit derrière la porte et je me redresse. Puis Charles entre en riant.
- Carlos me fait bien rire.
- Ah bon ? Qu'est ce qu'il dit ?
- Le planning de demain. On va faire du baseball dans le stade au milieu du circuit ! Il rit.
Je l'observe depuis le lit. Il est souriant ce qui me pousse à le trouver encore plus beau.
- Al ? Ça va ?
Je secoue la tête, pour me sortir de mes pensées.
- Oui oui... C'est juste que...
Il sourit de plus belle en s'approchant.
- Que quoi ?
Il est devant moi, je suis assise au bord du lit. J'attrape son bras et le pousse à s'assoir à côté de moi.
- Je t'aime Charles.
Il me fixe dans les yeux, et répond instantanément.
- Je t'aime aussi Alyara. Putain depuis le temps que j'attendais...
Je lui coupe la parole pour l'embrasser. C'est le baiser le plus chaud et passionné que nous ayons eu depuis le début. Il s'écarte pour me regarder de haut en bas.
- Tu veux bien reprendre une douche avec moi ?
- Avec plaisir.

Vendredi 5 mai est une grosse journée. En plus de jouer au baseball et autres sport américains, les garçons doivent garder leur énergie et leur sang froid pour la course. Des administrateurs viennent nous voir dans l'après midi pour nous expliquer le déroulé de la journée de dimanche et c'est un fou rire général. En plus de centaines de stars de la télévision qui seront dans les box, tout ce beau monde pourra aussi venir sur la grille avant le départ. Frédéric Vasseur fait la moue. Et ce n'est pas fini. Après cela, les pilotes devront passer un à un sous une gigantesque arche, annoncés par le rappeur et acteur LL Cool J et par le chanteur Will.I.Am. Tous les pilotes sont perplexes. C'est une première et tous ne sont pas à l'aise avec le fait de se montrer comme une star de cinéma. Je passe le reste de la journée avec les gars d'Alpine, toujours suivie par Charles qui me dévore des yeux des qu'il le peut. Avant la FP1, Charles s'installe et je lui chuchote à l'oreille.
- Je t'aime Cha. Peut importe la place que tu as. Je suis là.
Il sert ma main, puis les ingénieurs lancent la voiture. Il est troisième ce qui est encourageant. Les autres jours sont tout aussi encourageants pour la Scuderia. Charles est à nouveau 3ème puis 2ème. C'est en qualif que ça se gâte. Charles prend le mur au 7eme virage. Je le vois sur l'écran géant sortir de sa voiture. Il tape sur le halo, geste peut être anodin mais je sais que si il pouvait c'est sur le moteur qu'il frapperait. Il rentre au box et tombe sur une chaise. J'arrive vers lui et m'agenouille à son niveau.
- Charles.
Il ne me répond pas, il fixe le sol.
- Charles écoute moi. Tu es trop dur avec toi même. Arrête de te crisper. Profite des courses, du moment présent. Ce n'est pas grave de rater.
- C'est grave pour moi Aly. C'est dur.
- Je sais. Mais tu fais de ton mieux. N'oublie pas ça. Reste concentré sur toi même, pas sur les autres.
Le soir même, c'est le moment de la course. Charles a été très silencieux toute la journée mais je sais que c'est parce qu'il préfère être dans sa bulle. Malheureusement, l'organisation américaine en a décidé autrement. La grille est catastrophique. Les garçons essayent comme ils peuvent de ne pas être distraits par le monde qui s'agglutine autour des voitures. Les journalistes essayent comme ils peuvent de percer les pilotes. Une jeune femme blonde avec un micro de Canal+ s'approche de moi.
- Mademoiselle Williams ?
Je me retourne, surprise d'entendre mon nom.
- Oui ?
- Ça vous ennuie que je vous pose quelques questions ? C'est en direct sur Canal+. Je secoue la tête, j'avale ma salive.
- Pas du tout. Allez-y !
- Mademoiselle, vous travaillez en temps que photographe officielle de Ferrari. Alors qu'est ce que ça fait ?
La journaliste est souriante et à l'air sympathique. Je me détend et lui répond le plus naturellement possible.
- C'est très sympa, très enrichissant, j'en apprend chaque jour un peu plus tout en faisant ce que j'aime.
- Très bien ! Nombreux sont les fans de Charles et Carlos qui disent que le compte Instagram de Ferrari est très bien alimenté !
- Merci beaucoup. Je pose la main sur mon coeur, touchée par ses mots.
- Avez- vous une idée de comment ça se dérouler la course ?
- Honnêtement non. Qui peut réellement prédire ce qu'il va se passer. J'ai simplement dit aux garçons de s'amuser et d'arrêter de se mettre la pression.
- Effectivement ! Comme nous avons pu le voir dans les médias, c'est Charles votre favori.
Je rougis et hoche la tête.
- Qu'allez-vous lui dire avant le début de la course ?
- D'arrêter d'être si dur avec lui même. Il le dit souvent et avec ça, il oublie de s'amuser, de pratiquer la course comme sa passion plutôt que comme un devoir.
La journaliste me remercie et je lui serre la main.
Je me rends compte que je retenais mon souffle. C'était ma première interview en direct, et surtout depuis l'annonce officielle de notre couple avec Charles, et pourtant la journaliste n'était pas trop invasive et indiscrète. Soudain, je repense à ma première conférence de presse et donc à mon père. Lui qui aimait être une star, il aurait adoré être dans ce stage et sur ce circuit.

Les écrans géants s'éteignent et toutes les personnes sont amenées à vider la grille. Je me retrouve à ma place dans le box et les garçons partent se placer derrière l'arche de présentation. S'ensuit le moment le plus ridicule et gênant qui m'a été donné d'assister. Tous les pilotes sont plus mal à l'aise les uns que les autres. En plus d'être complètement ridicule et démesuré, les pilotes sont présentés par ordre inverse de la grille des points du classement final. En gros, le plus bas au plus haut. Sous entendu pour mettre en valeur ces pilotes, mais clairement humiliant pour eux. Le défilé est long, une fois fini, l'hymne américains chanté, les pilotes peuvent retourner à leur voiture.
La course se passe bien. C'est le mot car Charles reste à sa place de départ qui était 7. Je ressens dans sa conduite qu'il est simplement dépité. Comme d'habitude, on assiste a une bataille entre les RedBull. Quand bien même Max est un homme sympathique, pour le peu que j'ai pu lui parler, je ne reste pas moins en colère contre lui. C'est rageant de le voir remonter avec autant de facilité. Même avec le DRS, Ferrari n'est pas à la hauteur au niveau mécanique.
Les drapeaux à damiers sonnent la fin de la course. Les garçons reviennent vers le box et discutent tranquillement. J'arrive derrière Charles.
- Tu sais que tes fans te soutiennent et t'aime malgré ce que tu penses de toi ?
- Oui... Mais tu sais, ce qui m'importe, c'est que toi, tu m'aimes.
- C'est le cas Cha. Je ne suis pas du genre à changer d'avis comme ça.

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