Chapitre 8

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C'est enfin la pause. La première pause de 3 semaines de la saison. C'est une pause qui est bienvenue pour toutes les équipes, surtout celles comme la notre qui ont du mal à débuter cette saison. Après le grand prix d'Australie et le trajet en avion, nous arrivons à Monaco.

Nous préparons un planning dignes de grandes vacances. Nous commençons par rejoindre Pierre et sa copine à Madrid pour l'exposition F1. Elle est superbe. L'endroit est bien choisi et chaque éléments de l'exposition est placé de manière immersive. Nous passons de merveilleux moments rien que tous les deux. Cette virée en Espagne se fait en incognito pour nous. Charles réserve un petit hôtel en centre ville et nous flânons au soleil. Tout est parfait. Ensuite, nous retournons à Monaco pour que Charles puisse aller au tournoi Rolex de tennis. Je suis en train de me préparer à l'étage quand il rentre de son footing matinal.
- Al ?
- Je suis en haut !
Il monte les marches en vitesse et pousse la porte de la salle de bain.
- Tu vas quelque part ?
- Oui. J'ai prévu de retrouver Théa en ville. Pourquoi ? Tu vas au tennis toi.
- Je sais. Mais en courant ce matin je réfléchissais et ça fait un peu plus d'un mois qu'on est ensemble.
Je souris. J'aime sa façon de se souvenir des petits détails.
- Oui, je sais. Et donc ?
- Je voudrais que tu viennes avec moi. Au tournoi.
Je me retourne pour lui faire face.
- Quoi ? Mais je ne peux pas. Qu'est-ce que la photographe de Ferrari irait faire là bas ?
- Je veux que tu viennes en tant que ma copine, pas en tant que photographe.
J'ouvre la bouche. Il rigole.
- Aller Al !! Je suis prêt. J'en ai marre de cacher que tu es ma copine.
Les larmes me montent aux yeux.
- Tu le penses vraiment ?
- Oui Aly. De tout mon coeur.
J'appelle Théa pour lui expliquer la situation et elle me crie dans les oreilles qu'elle est super heureuse pour moi, et surtout que je devrais arrêter d'avoir peur pour rien.
- Mais tu es venue exprès à Monaco !
- Je sais Aly, mais tant que tu es heureuse, je peux faire un aller retour en train pour toi. En plus on se voit demain ! Je vais rester et faire un tour.
- Avoue que tu vas encore te faire tatouer.
Elle éclate de rire.
- Tu me connais bien. Aller Aly !! Profite de la vie. C'est ce que je fais moi.
- Tu t'es trouvé un motard ?
- Pas encore ! Tu aurais pu travailler sur les motoGP plutôt que la Formule 1.
- Tu sais que pour rien au monde je changerais de travail. Encore moins maintenant.
- Je sais Aly. Profite bien !!

Nous sortons de la maison main dans la main. Le terrain n'est pas loin alors nous arrivons à pied. L'entrée grouille de journalistes qui assaillent chaque personne qui passe. Charles me dépose un bisou sur le front et me chuchote "ça va aller mon coeur". Puis il m'attire vers l'entrée. Les journalistes deviennent fous, je cache mon visage avec ma main libre, complètement aveuglée par les flashs. Nous passons à l'intérieur du terrain de tennis et approchons des sièges. Nous grimpons les gradins et des fans crient sur nous. En allant à nos places près de celles de Pierre et sa compagne, une jeune femme attrape la manche de Charles.

- Charles !! C'est qui ?

Il dégage son bras.

- C'est ma copine. Ne m'attrapez pas comme ça.

Elle crie. Un vigile vient la faire sortir des gradins. Elle ne devait même pas avoir de billet.

- C'est ce que tu vis quand t'es pas entouré de vigiles ? Je demande, choquée par le comportement si peu respectueux de cette jeune fille.

- Malheureusement oui. Heureusement, tout mes supporters ne sont pas comme ça. Tu l'as vu pendant les fans zone.

- Oui, mais jamais dehors. Pourquoi elle a crié ?

- Parce que je lui ai dit que tu étais ma copine.

Il éclate de rire et nous rejoignons nos amis. Je fais aussi la connaissance d'Arthur, son frère, qui est tout de suite amical avec moi. Nous passons une belle journée. A la fin de la compétition, Charles discute avec ses amis et la copine de Pierre est partie aux toilettes. Je décide de m'assoir dans un coin pour attendre le départ de tout le monde. Je prends mon téléphone perso et je vais sur Twitter. Quelle mauvaise idée. Ma page d'actualité est remplie de milliers de tweet à propos de Charles et moi. Pourquoi mauvaise idée ? Parce que la plupart de ces messages sont négatifs à mon propos. Les fans obsessionnels de Charles me menacent même de mort pour avoir "touché leur Charles" ou encore que je ne suis avec lui seulement pour l'argent et la popularité. Heureusement, une minorité de messages sont bienveillants et les fans que Charles considèrent comme "vrais" sont heureux et envoient des messages de bonheur.

- Aly, tu vas bien ?

Tout le monde se retourne vers moi après la remarque d'Arthur.

- Oui merci ! En fait, c'est sur Twitter.

Ils attrapent tous leur téléphones et ouvrent grands leurs yeux.
Charles me regarde, désolé.
- Al... Je suis désolé, je vais faire quelque chose.

- Tu rigoles ? Ce n'est pas de ta faute. Ne fais rien, je gère.

La copine de Pierre, qui était revenue entre temps, me passe le bras autour des épaules.

- T'inquiète pas Aly. On passe toutes par là malheureusement. Mais ça s'arrête vite, ne t'en fais pas.

Après ce moment, Arthur décide de faire rire la galerie et nous le suivons pour aller boire un verre en centre ville. La journée se finit merveilleusement bien.

Au moment d'aller me coucher, je retourne sur Twitter pour regarder à nouveau ce que l'on dit sur moi. Les avis ont changés et je trouve ça bizarre. En ouvrant Instagram, je vois que Charles a publié quelque chose.
« Merci de ne pas empiéter sur ma vie privée et de respecter ma copine. Elle n'est en aucun cas là pour l'argent ou quoi que ce soit d'autre. Elle gagne très bien sa vie par elle même et son excellent travail. Merci à tout ceux qui nous soutiennent et envoient du bonheur »
Charles me rejoins dans le lit.
- Merci Cha de me protéger comme tu le fais. Je ne saurais pas comment te le rendre autant.
- Tu le fais déjà Al. Tu es parfaite et je ne laisserais jamais personne te critiquer ou te faire du mal. Je suis là.

Ensuite, nous prenons quelques jours sur le bateau.
Puis le retour à la réalité nous appelle. Le grand prix d'Azerbaïdjan approche à grand pas et demande le retour à Maranello pour l'entraînement. Pendant la dernière semaine d'avril, je ne vois pas Charles. On s'appelle en FaceTime car je n'ai pas voulu rentrer en Italie pour l'instant. Il s'entraîne comme il peut et il est toujours super content en fin de journée de m'appeler pour me raconter ce qu'il a fait. Il sent bien la course à venir.
J'arrive à Bakou le vendredi contrairement à l'équipe qui est arrivée le mercredi. Le taxi me dépose devant l'hôtel où loge l'équipe Ferrari et des photographes sont à l'affût pour m'attraper.
« Mademoiselle !! » « C'est vous la nouvelle compagne de Charles ? »
Je me dépêche de rentrer. Je déteste avoir à fuir les journalistes mais je ne vois pas comment je pourrais leur répondre sans passer pour une gratteuse de lumière. J'essuie mes pieds sur le tapis et lève la tête. Charles m'attend. Il est en polo Ferrari, les cheveux en bataille. Il a dû venir ici en vitesse. Il a un bouquet de roses dans les mains.
- Al !
Je me jette dans ses bras. C'est fou de se dire qu'on se manque déjà autant.
- Alors comment ça s'annonce ?
- Tu sais que je suis dur avec moi même mais je le sens bien.
- Mieux que les autres courses ? Je m'exclame.
- Je l'espère.
Je dépose mes affaires et nous retournons au paddock. Je fais mes photos, le décor est parfait pour ça. Je poste immédiatement les clichés après quelques retouches et la communauté est réactive. Je suis fière de mon boulot et que ça se passe aussi bien.
Les qualif sont lancées et le nouveau format, le sprint, excite les pilotes.
Ce grand prix est magique. Charles est d'abord p2 en Fp1, ensuite premier en qualif. Tout le monde est surexcité dans le box. Vasseur est le seul qui reste calme. Il essaye de tempérer l'équipe et modère les excès. Le lendemain, Charles est premier à la fin de la qualif de sprint. Il arrive dans le box à la fin de la course et il est ravi. Il me trouve dans mon coin et me prend dans ses bras. Il me pose et passe ses mains dans mes cheveux.
- Al... Je suis trop content !
- Je sais Cha ! Moi aussi. Continue comme ça d'accord ? Je suis fière de toi.
Malheureusement, il finit 2eme du sprint. Malgré tout, l'équipe est ravie et l'ambiance est au rendez-vous. Le grand prix arrive et la pression monte. Toute la grille est tendue. La pression se sent jusque dans les gradins. La course est plutôt calme. Charles descend P3 mais verrouille sa place. Il monte sur le podium pour la première fois de la saison. Une fois en haut, je cherche à croiser son regard. Il est blasé et doit être triste dans le fond. Son visage est fermé. Puis nos regards se croisent et son visage se détend. Je fais un coeur avec mes doigts et il sourit. J'espère que c'est le début d'un nouveau départ pour mon numéro 16.

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