Dans le toboggan

La fin de la solitude

Je n'avais jamais parlé de mon addiction à qui que ce soit. J'arrivais à m'en sortir, du moins à me cacher. Mais ça devenait de plus en plus difficile. Mes parents ne pouvaient pas apprendre que je fumais du shit, ça les aurait détruit.

Puis, un soir, dans la chambre de Nils, j'ai craqué. Je lui ai tout dit, que j'étais accro et que je ne savais plus quoi faire. J'avais besoin de fumer plus qu'avant. Je n'étais pas du genre à raconter mes problèmes, mais ce soir-là, ça m'a porté chance. Nils a trouvé une solution à mon problème. Il connaissait un parc aquatique abandonné, qui avait fermé ses portes depuis une dizaine d'années. D'après lui, c'était à la suite de plusieurs accidents graves, dont un mort.

Nils aimait bien passer son temps là-bas. Il n'y avait jamais personne, parce que les gens avaient peur d'y mettre les pieds, mais pas lui. Il ne s'était jamais fait attraper.

Le lendemain, je l'ai accompagné. Il m'a emmené en haut du plus haut toboggan du parc. Il était bleu ciel, mais surtout en piteux état. C'est devenu notre repère. Tout en haut, personne ne pouvait venir nous prendre la tête.

C'est là que je me fumais 80% de mon shit.

Nils et moi, avons fini par se disputer pour une histoire de fille. Nils n'a pas accepté et il est partie. On s'est battus et il ne m'a plus adressé la parole depuis. Je continuais à aller dans le toboggan en espérant qu'un jour Nils revienne dans le parc, mais je ne l'ai pas vu une seule fois. Alors j'y passais mon temps seul, c'était le seul endroit où j'étais tranquille.

Après quelques mois passés dans le parc, j'avais pris l'habitude de grimper jusqu'en haut du toboggan bleu et d'y fumer mon joins. Je rêvassais ensuite, allongé dans le toboggan, à regarder le ciel gris. Une heure après, je redescendais. J'avais toujours la même routine.

Mais un jour, alors que je venais de descendre le toboggan, j'y ai vu une fille. Elle était assez loin de moi, à l'intérieur du parc. Elle m'avait regardé quelques secondes, avant de disparaître.