Dans le toboggan

Conversation 42

Il était passé 20h00, j'étais toujours assis à l'entrée de la cabane, les pieds dans le vide. Je voyais tout l'entièreté de mon jardin. Il faisait déjà noir.

J'étais vexé de ce qu'avait fait Romy. Je voulais simplement lui faire plaisir. Mais elle n'est pas venue, du moins pas à la bonne heure. Romy a surgi de nulle part. Elle avait une robe blanche avec des fleurs bleues. Son corps était raide. Mais surtout, elle avait encore une fois ses lunettes de soleil noires.

Je suis tout de suite descendu lorsque je l'ai vue. Elle avait l'air triste.

– Je pensais pas que tu viendrais, surtout avec 4h de retard.

– Je voulais pas te faire de peine.

Sa voix était sans émotion.

– C'est pas grave... Au moins t'es là...

– Ton goûter est toujours prévu ?

– Oui mais ça sera un dîner du coup.

On est montés dans la cabane et elle s'est assise en face de moi. Elle me faisait penser à un robot qui agissait par automatisme, sans aucune émotion sur le visage.

– Tu peux enlever tes lunettes, tu sais ? Il fait déjà assez noir.

– Non.

– C'est pour pas que je vois tes émotions ?

– Non.

– Alors... c'est pour quoi ?

Elle n'a pas répondu.

– T'aurais des vêtements à me prêter ?

– Euh... Ouais mais ça risque d'être trop grand pour toi.

– C'est rien.

Je suis revenu avec un pantalon et une chemise. Romy n'avait pas bougé d'un centimètre.

– Merci... Tourne-toi.

C'est ce que j'ai fait. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de jeter un coup d'œil. Elle était tournée elle-aussi. Son dos était couvert de griffes. Je me suis retourné avant qu'elle ne me voit.

– Ça me va bien ?

– Comme un gant.

C'était évidemment trop grand pour elle.

– Romy ?

– Oui ?

– Qu'est-ce-que t'as dans le dos ?

– Tu m'as matée ?

– J'ai pas fait exprès.

Ça l'a mise en colère. Elle s'est assise au bord de la cabane. Je suis allé m'asseoir à côté d'elle. Nos deux corps étaient collés l'un contre l'autre.

– Tu pourrais enlever tes lunettes, s'il te plaît ?

– Pourquoi ?

– Pour vérifier un truc.

Elle a timidement ôté ses lunettes de soleil. Elle avait un œil au beurre noir. Elle a rapidement remis ses lunettes.

– Qu'est-ce-que t'as fait ?

– Je me suis battue.

– Avec qui ?

– Une fille.

– Pourquoi ?

– Ça te regarde pas.

– C'est elle qui t'as griffé le dos ?

Elle n'a pas répondu. À la place, elle a mis sa main dans la mienne. Je l'ai serrée pour qu'elle comprenne que j'étais là pour elle.