Conversation 36

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– C'est un peu bizarre de boire du coca dans une tasse, je veux dire... la sensation est bizarre.

– Je suis d'accord, on dirait que ça a pas le même goût.

– C'est ça.

J'étais assis face à Romy dans la cabane. On était assis sur les chaises de camping du garage. Elles étaient un peu plus basses que la table, mais ça faisait l'affaire. Je n'aurais jamais pensé faire ça un jour. Romy était folle, mais dans le bon sens. C'était plutôt quelque chose de positif.

Ce jour-là, elle avait des barrettes violettes dans les cheveux. Elles portaient des lunettes de soleil à l'intérieur. Cette fois-ci, elles étaient noires. Je ne pouvais pas voir ses yeux. Ses cheveux étaient laissés au naturel. Elle avait l'air d'avoir abandonné sa perruque.

– C'était bien le Sud ?

– C'était sympa ouais.

– Tu faisais quoi de tes journées ?

– On allait se promener avec mes parents et on allait à la mer souvent. Il faisait déjà beau là-bas. C'est pas comme ici.

– Tu t'es fait des amis ?

– Quelques personnes de mon âge. Mais c'était seulement pour les vacances. J'ai même pas pris leur contact.

– C'était des mecs ?

– Non, y'avait une fille aussi. Mais c'était la seule.

– C'est cool.

Romy a fini sa tasse sans broncher avant de se servir une nouvelle tasse de coca.

– Elle était belle ?

J'ai eu un rire nerveux.

– Pourquoi tu veux savoir ça ?

– Je fais la conversation, c'est tout.

– Elle était plutôt pas mal ouais.

Romy avait l'air de me fixer, mais je n'étais pas sûre à cause de ses lunettes noirs.

– Dis, tu pourrais enlever tes lunettes ?

– Pourquoi ?

– Y'a pas de soleil et ça me perturbe...

– Parce que tu peux pas voir mes réactions ?

– Comment t'as deviné ?

– Je commence à te connaître, Pierre. D'ailleurs je sais que t'as couché avec cette fille.

– Et comment tu le sais ?

– Voilà comment.

– Quoi ? Je comprends pas.

– C'était du bluff, t'es tombé dans le panneau. T'as avoué inconsciemment.

– Psychologie de comptoir.

– Psychologie quand même.

– Tu commences à me connaître, tu sais que j'aime bien les nanas.

– Je sais. Je préférerais pas te connaître alors... Quelle heure il est ?

– Bientôt 18h.

– Je vais devoir y aller.

– T'as un truc à faire ?

– Non, je rentre chez moi c'est tout. Merci pour l'invitation. C'était sympa. Prends soin de ma table.

Elle a fini sa tasse avant de descendre de la cabane. Je me suis levé pour venir m'assoir à l'entrée de la cabane. Mes pieds étaient dans le vide.

– Y'a quelque chose que j'ai fait de travers ?

– C'est toi qui es de travers.

– Pourquoi ?

– Parce que t'es aveugle.

– C'est pas gentil pour les aveugles Romy.

– Même un aveugle le remarquerait.

– Remarquer quoi ?

– Ce que je ressens pour toi, idiot.

Elle est partie de mon jardin sur cette phrase.

Dans le tobogganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant